Association France Palestine Solidarité

Menu
  • L’association
    • Charte et statuts
    • Groupes locaux
    • Nos partenaires
    • Lettre d’information
    • Faire un don
    • Adhérez
    • Revue de l’AFPS, Palestine Solidarité
  • Actions
    • Campagnes
    • Évenements soutenus
    • Projets en Palestine
    • Missions en Palestine
    • Pétitions
    • Parrainages
    • Produits palestiniens
  • Informations
    • Actualités
    • Analyses
    • En direct de Palestine
    • Témoignages
    • Communiqués
    • Culture
    • Publications de l'AFPS
  • Références
    • Repères historiques
    • Rapports
    • Cartes
  • Mobilisation
    • Campagnes
    • Échos du national
    • Échos des groupes
    • Matériel militant
    • Appel et pétitions
    • Agenda
  • Thématiques
Accueil > Informations > Analyses > Mots et errements politiques…
Analyses
mardi 16 avril 2024
PAL SOL n°85, par Jacques Fröchen

Mots et errements politiques…

«  Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde [1]  » a écrit Camus. Et si c’était en particulier ajouter à l’injustice et à la violence ?

On avait remarqué l’essai du philologue allemand Victor Klemperer, qui après la guerre, reprend des passages de son journal écrit entre 1933 et 1945, concernant le discours nazi. Il le publie en 1947 [2], ouvrage traduit en français en 2003 [3]. «  Je me disais  : tu écoutes avec tes oreilles et tu écoutes ce qui se passe au quotidien, juste au quotidien, l’ordinaire et la moyenne, l’anti-héroïque sans éclat…  » … Il remarque ainsi que «  conformément à son exigence de totalité, le nazisme technicise et organise justement tout  ». LTI (Lingua tertii Imperii), écrit-il, est «  une langue dont la “pauvreté” est la “qualité foncière”   ». Les mots y sont martelés. Le 28 juillet 1933, il note  : «  La répétition constante semble être un effet de style capital dans leur langue  ». Tout en elle «  devait être harangue, sommation, galvanisation  ». Jusqu’au slogan nazi rabâché  : «  la haine insondable des juifs  » [4]… C’est à partir de Klemperer que Jean-Pierre Faye a élaboré la notion de langage totalitaireLangages totalitaires, Paris, Hermann, 1972.

Eugène Ionesco a décrit des phénomènes analogues dans «  Rhinocéros  » (1960). Les habitants d’une ville imaginaire sont atteints par une rhinocérite, et se métamorphosent en rhinocéros, incapables de communiquer, seulement aptes à se mouvoir en troupeaux et à se battre. Métaphore de la montée des totalitarismes (nazisme, fascisme, stalinisme) et de la contagion idéologique.

Toutes proportions gardées, il faudrait faire une telle analyse aujourd’hui, devant les répétitions et glissements inquiétants dans les mots  : «  valeurs  » («  valeurs républicaines  »), «  terrorisme  » et «  terroriste  » qui font florès, apparition de «  ultra  » (pour «  ultra gauche  » et même «  ultra centre  » !). La répétition ad nauseam de l’accusation d’antisémitisme devant toute critique de la politique d’Israël ou la moindre défense des Palestiniens. Le discours politique se verrouille, empêchant tout échange d’idées, forgeant des représentations collectives d’autant plus dangereuses qu’elles ne sont pas conscientes.

L’expression très utilisée de «  valeurs républicaines  » attire l’attention car elle révèle souvent chez ceux-celles qui l’emploient une volonté d’en changer le sens ! Remarque qui pourrait s’appliquer à l’ajout d’un adjectif au mot «  laïcité  ». «  Ouverte  », «  inclusive  » et cetera désigneraient autant de qualités que la laïcité n’aurait pas.

Le mot «  antisémitisme  » – «  antisémite  » asséné comme une interdiction d’analyser et de combattre, notamment, l’apartheid israélien, est un autre exemple  : l’IHRA (International Holocaust Remembrance Association) en a validé une nouvelle définition6, qu’elle a fini par imposer s’étendant de facto à la critique contre Israël, considéré comme «  communauté juive  » et seulement comme telle, par le coup de force sémantique du lobby israélien. Il faut sortir de ce traquenard qui paradoxalement repose sur le concept raciste de «  peuple sémite  », terme inventé en 1781 par l’orientaliste allemand August Ludwig Schlözer, qui a bien plu aux nazis. Si le groupe des langues sémitiques existait bien, selon le linguiste Theodor Nöldeke (1836-1930), il n’en est pas de même des peuples sémites, auxquels s’opposerait le fantasmatique peuple indo-germanique nordique «  aryen  ».

Le mot «  terroriste  » qui demande analyse est aussi employé sans cesse par le lobby israélien. Mais pas seulement lui. Dès qu’une critique s’élève contre la pensée dominante, elle encourt l’accusation de «  terroriste  ». Le phénomène semble s’amplifier. Depuis les attentats vraiment terroristes de septembre 2001 aux États-Unis – qui n’avaient rien à voir avec les Palestiniens –, le terme a été adopté la même année par l’Union européenne qualifiant de «  terroristes  » des organisations très diverses, et sans en donner les raisons [5] ; Nathalie Janne relève  : «  Plusieurs partis palestiniens y figurent, mais à différents titres. … Trois partis palestiniens, trois types d’inscriptions différents sur la liste.  » [6] Pour éviter l’effet de cliquet, «  La procédure de radiation devrait être plus flexible qu’elle ne l’est aujourd’hui, afin d’éviter d’“enfermer” des organisations sur la liste et de permettre de l’adapter aux objectifs de politique étrangère de l’UE.  »

Souvenons-nous de la clairvoyante mise en garde du Général de Gaulle quelques mois seulement après la guerre de 1967  : «  Israël organise sur les territoires qu’il a pris, une occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme  ». 27/11/1967 (cité par l’Atlas des Palestiniens p.55). Il s’y connaissait en fait de résistance… et de mots !

Jacques Fröchen

[1] Sur une philosophie de l’expression, compte rendu de l’ouvrage de Brice Parain, Recherches sur la nature et la fonction du langage, éd. Gallimard, in Poésie 44, n° 17, p. 22.

[2] Lingua Tertii Imperii. Notizbuch eines philologen, Berlin-Est, Aufbau Verlag

[3] Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich, Paris, Agora, Pocket, novembre 2003.

[4] Pour aller plus loin : http://akrieg.club.fr/crKlemperer96.html

[5] Voir Palestine Solidarité n°81 – juillet 2022

[6] https://orientxxi.info/magazine/liste-des-organisations-terroristes-quand-l-union-europeenne-s-emmele, 5286

Partager

Mots clés

  • PalSol

À LA UNE

Communiqués
mercredi 14 mai 2025
Communiqué de l’AFPS

1948-2025 la Nakba continue : Il est urgent d’agir pour la protection du peuple palestinien

Echos du National
mercredi 7 mai 2025
Tribune d’Anne Tuaillon, présidente de l’Association France Palestine Solidarité

Impunité totale : Israël toujours plus loin dans le génocide et sa volonté d’effacement du peuple...

Pétitions et appels
jeudi 27 février 2025
Ligue des droits de l’Homme, Fédération internationale des droits humains et AFPS

Pétition / Fin de l’occupation du territoire palestinien : la France doit agir !

Echos du National
mercredi 7 mai 2025
AFPS

Conférence de Paris pour la protection du peuple palestinien et la mise en oeuvre du droit...

  • L’association
    • Charte et statuts
    • Groupes locaux
    • Nos partenaires
    • Lettre d’information
    • Faire un don
    • Adhérez
    • Revue de l’AFPS, Palestine Solidarité
  • Actions
    • Campagnes
    • Évenements soutenus
    • Projets en Palestine
    • Missions en Palestine
    • Pétitions
    • Parrainages
    • Produits palestiniens
  • Informations
    • Actualités
    • Analyses
    • En direct de Palestine
    • Témoignages
    • Communiqués
    • Culture
    • Publications de l'AFPS
  • Références
    • Repères historiques
    • Rapports
    • Cartes
  • Mobilisation
    • Campagnes
    • Échos du national
    • Échos des groupes
    • Matériel militant
    • Appel et pétitions
    • Agenda
  • Thématiques
ASSOCIATION FRANCE PALESTINE SOLIDARITÉ
21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris
Tél : 01 43 72 15 79
afps@france-palestine.org
  • Contact presse
Mentions légales Design: OOIIDéveloppement: Negative Network