Lire le sommaire du PalSol n°73
Le plan Trump, l’accord israélien de gouvernement porteur du projet d’annexion, la crise sanitaire de la Covid-19 : c’est à une convergence de menaces rarement égalée que le peuple palestinien doit faire face cette année.
Pendant toute la période de confinement et à la sortie de celui-ci, nous sommes restés actifs, mobilisés, connectés à la réalité palestinienne du terrain, solidaires de la société palestinienne, et dans une relation exigeante avec les autorités françaises. Ce numéro de Palsol en témoigne.
À la veille de la date du 1er juillet prévue pour le lancement du processus d’annexion, malgré la situation difficile et l’état d’urgence sanitaire, nos groupes locaux ont mené une mobilisation exemplaire, par des manifestations et des rassemblements partout en France, tout en continuant à interpeller nos députés et sénateurs.
C’est une mobilisation très large, et mondiale, qui s’est levée contre le plan Trump et les projets d’annexion : l’appel coordonné par la Plateforme des ONG pour la Palestine a été signé par les principaux syndicats, par de très grandes ONG et par de nombreuses associations, et de nombreux parlementaires ont pris position. Sur le plan international, gardons en mémoire, parmi de très nombreuses initiatives, l’appel des membres du Congrès des États-Unis contre ce projet.
Ce 1er juillet, le couple Trump-Netanyahou a marqué un temps d’hésitation. C’est un signe que leur plan peut être mis en échec. Mais il faudra aussi pour cela que le pouvoir politique, en France et en Europe, passe de la parole aux actes : il doit sans délai donner le signal fort de la reconnaissance de l’État de Palestine et interdire les produits des colonies ; il doit suspendre l’accord d’association et l’ensemble de ses coopérations tant que l’État d’Israël n’aura pas renoncé à ses projets.
C’est au coeur de cette bataille que le 11 juin, par l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme, nous avons collectivement marqué une très grande victoire, dans une bataille que l’AFPS a constamment portée et soutenue. C’est une victoire claire et nette qui rappelle que le droit d’appeler au boycott fait partie de la liberté d’expression protégée par la Convention européenne des droits de l’Homme. C’est une formidable occasion de mettre en valeur le caractère profondément juste et universel du combat que nous menons, et d’en finir avec les tentatives d’intimidation.
Il faut mesurer les nombreux succès qui ont été remportés sur le plan international depuis plus de 6 mois : l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne sur l’étiquetage des produits des colonies, la publication par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU d’une première liste de 112 entreprises impliquées dans des activités avec les colonies, la prise de position de la Procureure de la Cour pénale internationale, …et l’arrêt de la CEDH.
L’occupation, la colonisation, l’apartheid, sont toujours là et peuvent faire encore beaucoup de dégâts : les morts, les blessés, les destructions, ainsi que les arrestations dont celle de notre ami et compatriote Salah Hamouri qui nous a particulièrement bouleversés, sont là pour nous le rappeler.
À l’opposé, le combat du peuple palestinien, qui affirme de plus en plus fort sa volonté de liberté et d’égalité et son refus de l’apartheid, est totalement en phase avec les valeurs portées par notre société à la sortie du confinement : le refus du racisme et du suprémacisme, la recherche d’un monde plus juste, plus égalitaire, plus respectueux de l’Autre.
Forts de nos victoires, forts de nos convictions, nous restons mobilisés aux côtés du peuple palestinien, pour que ces valeurs triomphent de l’avenir sinistre que nous promettait le couple Trump-Netanyahou.
Bertrand Heilbronn, 2 juillet 2020