Nous arrivons en bus par une route qui mène droit sur quelques baraques, un hangar et un bungalow avec une terrasse, habité par une famille de colons (voir photo). Un poste militaire se tient à proximité.
Cette implantation Avi Gayil, proche de Yatta est comme toutes les autres colonies, illégale mais elle a ceci d’exceptionnel que même Israël ne la reconnaît pas car elle fut installée après 1993 c’est à dire depuis les accords d’Oslo).
Elle est cependant toujours là, alimentée en électricité et les colons sont financés par Israël. Quand on connaît les moyens qui peuvent être mis en oeuvre par Israël pour appliquer des restrictions aux Palestiniens, on comprend qu’il y a deux poids deux mesures comme toujours ! Il est plus facile d’empêcher les fermiers palestiniens propriétaires des terres de la colonie et des alentours que de virer quelques colons déterminés à rester, surexcités et fanatiques.
Toute la colline appartient au fermier pourtant il ne s’est pas rendu sur l’oliveraie (34 arbres) depuis trois années. La dernière fois, il a été frappé violemment par les colons. Il nous précise que les colons y font paître leurs ânes, leurs chevaux et chèvres qui endommagent sérieusement les oliviers. Nous le constatons.
La cueillette se déroule sans que personne ne vienne mais des mouvements au rideau du bungalow laissent supposer que nous sommes observés.
Les colons ont réquisitionné aussi le puits foré par le paysan lui même et la citerne d’eau a proximité du champ. Nous y puisons de l’eau avec un seau. A cet instant, une femme fait mine de venir chercher du bois et un homme au portable se dirige vers nous. Arrivé proche de nous, il engage la conversation mais nous nous levons et quittons l’endroit en l’ignorant...
Deux militaires arrivent aussi et nous suivent en réarmant leur M16 pour nous intimider...mais nous ne leur accordons guère plus d’intérêt même si la tension est perceptible.
Nous pique-niquons à quelques mètres de la colonie dans un champ où le fermier sème en général de l’orge. L’année dernière, les colons avaient sans en aviser personne semé aussi du blé dans ce champ. Quand les céréales ont poussé, comme l’orge se récolte avant le blé les Palestiniens ont voulu faire leur moisson mais les colons ont appelé les militaires en disant que c’était leur récolte. Voila les situations "kafkaiennes" rencontrées ici par les Palestiniens. Nous en avons ri avec eux...Les Palestiniens manient une arme redoutable que les Israéliens semblent ne pas posséder : l’humour.
En redescendant la colline, le fermier tient à nous montrer là ou il vivait durant neuf mois chaque année, avec sa famille, travaillait les terres et menait chèvres, vaches et chevaux. Leur maison en pierre attenant à la roche et un four à pain ont été détruits en 1952 (voir photo). Depuis, ils habitent leur maison de Yatta.
Une opération aura lieu cet hiver avec des volontaires pour replanter dans cette zone plusieurs oliviers qui ont été déracinés par les colons.
Nathalie