Cette semaine, Palestine Report on Line a eu un entretien avec un représentant du Fatah, pour Jérusalem, au Conseil Législatif, Hatem Abdel Qader, à propos de la décision de Marwan Barghouti de se retirer des élections palestiniennes.
– Palestine Report :
Marwan Barghouti s’est retiré de la course à l’élection. Qu’en pensez vous ?
– Abdel Qader :
Je suis content de cette décision. Je pense qu’à ce stade il faut conserver l’unité du Fatah et maintenant nous avons un seul candidat, Abu Mazen. Je crois qu’au Fatah tout le monde approuve cela et c’est un bon signe que le Fatah peut régler ses affaires internes. Je ne crois pas que nous ayons le moindre problème à propos des élections.
– PR :
Pensez vous que cela a modifié l’opinion populaire sur Marwan ? Croyez vous que cela a eu un impact négatif ?
– AQ :
Je considère que Marwan avait parfaitement le droit de se présenter, mais je considère personnellement qu’il devrait se présenter à l’intérieur du Fatah d’abord. Nous avons des institutions au sein du Fatah, le Comité Central, le Conseil Révolutionnaire et le Haut Comité, et je pense que Marwan devrait se présenter à ces institutions d’abord.
Je pense que Marwan voulait donner sa position sur la démocratie au sein du Fatah, dire qu’il n’y a pas qu’Abu Mazen, que la porte devrait être ouverte à davantage de membres du Fatah pour les élections.
Je pense qu’il estime qu’à l’intérieur du Fatah, nous devrions tenir une conférence et qu’à cette conférence, les candidats devraient se présenter comme à une primaire, avant qu’on se mette d’accord sur un candidat. Il a mis en évidence que cela ne s’est pas produit et il voulait adresser un message : après Arafat le Fatah doit se rénover, car la période n’est pas simple. Seules les institutions, la démocratie et des élections peuvent remplacer Arafat.
– PR :
Pensez-vous que ce message a été reçu ?
Pensez-vous que le Fatah est sérieux quant à la tenue de la Conférence Générale, qui a été repoussée depuis de nombreuses années, et pour répondre aux revendications que la jeune génération semble avoir ?
– AQ :
Oui, je pense que le message a été reçu. Je pense que notre défi à nous, la nouvelle génération, n’est pas cette élection. Notre défi est la prochaine conférence générale du Fatah.
Nous espérons que nous pourrons amener un changement au cours de cette conférence, de deux manières :
La première est de donner du pouvoir à la jeune génération. Ensuite, nous devons établir un système démocratique à l’intérieur du mouvement et créer un nouveau style, une nouvelle vision, une nouvelle façon de penser, et un nouveau projet. C’est ça notre défi.
Nous avons envoyé beaucoup de messages à Marwan pour lui dire que cette étape, cette élection, n’est pas l’heure de la nouvelle génération. Le vrai rôle pour nous est dans cette conférence.
– PR :
Pour l’extérieur, comment voyez-vous le Fatah à l’heure actuelle ? A l’université An Najah à Naplouse, le Fatah a récemment gagné les élections universitaires pour la première fois depuis longtemps. Avez vous l’impression que le Fatah devient plus fort ?
– AQ :
Oui. Je pense que maintenant le Fatah est plus fort que depuis longtemps. La mort d’Arafat nous a mis sous pression pour nous unir. Et je pense que c’est ce qui est arrivé.
Je suis encouragé par le fait que quand le Fatah a décidé de réussir, il a réussi. Mais il reste beaucoup à faire. Néanmoins, le Fatah reste la force principale dans le système politique.
– PR :
Maintenant que Marwan est hors course, et que le Hamas a déclaré, il y a longtemps, qu’il ne participerait pas à l’ élection présidentielle, Abu Mazen semble certain de gagner.
Quelle légitimité aura-t-il tant que les concurrents sérieux ou le Hamas ne contesteront pas les élections ?
– AQ :
C’est le problème du Hamas, pas celui d’Abu Mazen. Ce n’est pas non plus un problème de légitimité.
La porte est ouverte à tous les partis palestiniens, et s’ils décident de ne pas participer, ce n’est pas notre problème, ce n’est pas un problème de démocratie, ni un problème de légitimité, c’est le problème du Hamas.
Les gens voteront, et le Hamas doit respecter la décision de notre peuple. Ils sont libres de se présenter, et nous espérons-nous qu’ils se
présenteront pour les élections au Conseil Législatif Palestinien
– PR :
Quelle importance cela a-t-il ?
– AQ :
Je pense qu’il est très important d’ encourager le Hamas à participer au processus politique.
Maintenant, nous sommes à une nouvelle étape et nous devons penser aux intérêts de notre peuple. Nous sommes dans une situation difficile et le Hamas doit changer ses priorités.
Le Hamas doit s’impliquer dans nos institutions, que ce soit le Conseil Législatif Palestinien (CLP),l’Autorité Palestinienne (ANP), ou l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
Nous sommes en train de discuter d’une nouvelle loi électorale qui ouvre la porte au Hamas et à tous les autres partis pour se présenter aux élections. Nous espérons qu’ils se présenteront aux élections du Conseil Législatif Palestinien (CLP).
– PR :
Quelle est la situation à Jérusalem ? Est-ce que les Israéliens vont permettre aux Palestiniens de Jérusalem de voter ?
– AQ :
Oui. Il n’y aura aucune élection sans Jérusalem. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous tenons des élections à Jérusalem.
Nous avons maintenant un comité mixte Israélo-Palestinien pour organiser les détails techniques sur la manière de tenir ces élections. Cela fait deux semaines que l’on discute.
J’ai aussi rencontré Elliot Abrams, l’envoyé spécial des
Etats-Unis, au consulat américain à Jérusalem-Ouest. Il a dit que les Etats-Unis étaient d’accord pour que les élections aient lieu aussi à Jérusalem et il a
promis que Washington aiderait à faire en sorte qu’il y ait des élections à Jérusalem-Est comme en 1996.
– PR :
Pensez-vous qu’ils font pression sur les Israéliens et que ceux-ci y répondent ?
– AQ :
Oui. Il y a plus de pression maintenant sur Israel pour qu’il ne fasse pas obstacle à ces élections, qu’il lève les bouclages et les checkpoints en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza et qu’il permette aux Palestiniens de Jérusalem-Est de prendre part au vote.