Cette impasse menace de porter un coup aux efforts entrepris par les Palestiniens pour sortir de leur isolement international et obtenir le rétablissement de l’aide occidentale, coupée lorsque le Hamas a formé, seul, un gouvernement, en mars.
"Abou Mazen [Mahmoud Abbas] a gelé les efforts visant à la formation du gouvernement d’union nationale à la suite de déclarations contradictoires faites par le Hamas et par ses dirigeants, ce qui a entraîné des réactions internationales défavorables", a déclaré un des conseillers présidentiels, Abdel-Rahman. Selon lui, les négociations sont gelées jusqu’à ce que Mahmoud Abbas revienne d’un voyage à New York, où, dans les jours à venir, il va participer à l’Assemblée générale des Nations unies. Il doit aussi, selon le principal négociateur palestinien Saëb Erekat, rencontrer mercredi George Bush à New York, en marge de l’assemblée générale annuelle.
L’entourage du président impute en grande partie au premier ministre Ismal Haniyeh, membre du Hamas, les tensions actuelles.
Désaccord sur les accords
Samedi, M. Haniyeh insistait sur le fait qu’un document rédigé par des Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, et qui sert de base au projet de gouvernement d’union, "ne reconnaît pas l’occupation" - terme du Hamas pour désigner Israël - et n’accepte pas non plus les accords passés avec le gouvernement israélien depuis les années 1990.
Or, relèvent les conseillers de M.Abbas, l’accord de gouvernement d’union stipule que la nouvelle coalition "honorera" les accords passés avec Israël.
"Au moment où le président cherche à vendre le programme du gouvernement d’union aux émissaires internationaux, Haniyeh et certains responables du Hamas annoncent qu’ils ne sont pas liés aux accords [passés] et ont fait machine arrière sur l’accord intervenu avec le président Abbas", a précisé Abdel-Rahman.
MM. Abbas et Haniyeh étaient parvenus, lundi 11 septembre, à un accord de formation d’un gouvernement d’union. Depuis lors, le Hamas a insisté sur le fait que cet accord ne signifiait pas qu’il reconnaissait l’Etat d’Israël ; la charte du Hamas, d’autre part, comporte toujours une clause prônant l’anéantissement de l’Etat juif.
"Nous ne sommes pas dans une impasse"
Ghazi Hamad, responsable du Hamas et porte-parole de l’actuel gouvernement, a fait part, malgré le gel décidé par M. Abbas, de son optimisme quant à la perspective d’un gouvernement de coalition. "Il existe des points de divergence mais de manière générale, les choses avancent tranquillement et bien. Nous ne sommes pas dans une impasse", a-t-il estimé. "Il nous faut encore un certain temps pour surmonter les divergences".
Selon certains responsables palestiniens, Washington a fait savoir qu’il fallait, soit abroger, soit amender, l’accord sur un gouvernement d’union, afin de répondre à trois conditions que le Quartet des médiateurs au Proche-Orient - Etats-Unis, Union européenne, Nations unies et Russie - a fixées pour une levée des sanctions visant les Palestiniens. Le Quartet a appelé le Hamas à renoncer à la violence, à reconnaître l’Etat juif et les accords de transition passés entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne. L’Union européenne a cependant salué l’accord de gouvernement conclu entre M. Abbas et le Hamas.