Les Israéliens avaient une certitude : que le vainqueur soit Barack Obama ou Mitt Romney, la relation diplomatique avec les Etats-Unis resterait forte et le soutien de Washington, notamment militaire, intangible, y compris si Israël décidait de déclencher des frappes militaires contre les sites nucléaires iraniens. Ceci posé, la réélection du chef de la Maison Blanche est une mauvaise nouvelle pour le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a pris ouvertement position pour son adversaire républicain.
La question que se posent les dirigeants israéliens est de savoir si M. Obama va être tenté de se venger, et si oui, comment. Au-delà d’une relation personnelle notoirement mauvaise, le premier ministre israélien a tenu la dragée haute au chef de l’exécutif américain sur deux dossiers essentiels : la question de la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés et une possible confrontation militaire avec l’Iran.
Sur le premier point, M. Obama a plié devant la détermination du premier ministre israélien. Sur le second, c’est M. Nétanyahou qui s’est incliné, acceptant de renvoyer au printemps ou à l’été 2013 une éventuelle attaque contre l’Iran. "Il est clair que "Bibi" a misé sur le mauvais cheval et qu’Obama s’en souviendra. Le capital de confiance de M. Nétanyahou à la Maison Blanche a été dilapidé", commente un haut diplomate israélien.
Une incidence dans les législatives de janvier 2013
La première incidence de la réélection de M. Obama pourrait donc se faire sentir dans la campagne... israélienne, avant les élections de janvier 2013. D’abord parce que les rivaux de M. Nétanyahou, l’ancien premier ministre Ehoud Olmert et l’ancienne présidente du parti Kadima (centre droit), Tzipi Livni, qui vont s’estimer confortés par la victoire de M. Obama, pourraient décider de se poser en alternative politique à l’actuel premier ministre. Et tabler sur un éventuel soutien, plus ou moins explicite, du chef de la Maison Blanche, lequel pourrait être tenté, selon le mot d’un observateur israélien, de "rendre la monnaie de sa pièce" à M. Nétanyahou.
En tout état de cause, les rivaux du premier ministre vont exploiter l’argument selon lequel celui-ci est personnellement responsable de la dégradation des relations avec M. Obama, alors qu’Israël est confronté à d’importants défis stratégiques. Le président américain va-t-il se réengager dans le processus de paix israélo-palestinien ? Dans un premier temps, il va confirmer son hostilité à la démarche des Palestiniens, qui doivent déposer ce mois-ci une demande devant l’Assemblée générale de l’ONU afin d’obtenir un statut d’Etat non-membre. Mais cela n’arrange en rien la position d’Israël.
Un débat difficile s’est engagé dans les cercles du pouvoir israélien sur la question de savoir comment sanctionner la fuite en avant palestinienne. Les responsables militaires et du renseignement plaident pour la modération, alors que certains responsables politiques exigent de dures mesures de rétorsion. Les premiers font valoir que celles-ci risquent de remettre en question le calme et la stabilité qui règnent en Cisjordanie. "Si nous déstabilisons l’Autorité palestinienne, nous nous déstabilisons nous-mêmes", insiste ce haut diplomate israélien, qui ajoute : "Dans ce cas, tous les efforts de M. Obama pour relancer le processus de paix seront vains, parce qu’on entrera dans un scénario de confrontation ouverte."