À l’attention de Pascal Binczak, Président de l’Université Paris VIII
Monsieur le Président,
Nous tenons par la présente à vous faire part de notre consternation suite à votre décision de retirer l’autorisation que vous aviez préalablement accordée à la tenue du colloque « Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l’appel au boycott international : Israël : un État d’apartheid ? », qui devait se tenir les 27 et 28 février prochains dans votre établissement.
Cette décision nous semble particulièrement grave puisqu’elle met en péril la liberté d’expression et les libertés académiques. Les motifs que vous invoquez, et notamment le risque de « troubles à l’ordre public », ne nous semblent guère convaincants au regard des implications de votre décision.
Nous avons en effet appris que la direction de l’Université avait pris connaissance du programme du colloque et de la liste des intervenants avant de donner son accord, et que le Fonds de Solidarité et de Développement des Initiatives Étudiantes avait même attribué une subvention de 2500 euros à l’initiative.
C’est donc bien suite à des pressions, voire des menaces venues de l’extérieur que vous avez décidé de faire machine arrière. Cela nous semble particulièrement préoccupant : l’Université doit-elle se soumettre aux pressions politiques, de quelque ordre qu’elles soient ?
N’est-ce pas précisément sa fonction que de permettre que les libertés académiques puissent s’exercer dans les meilleures conditions ?
Nous ne partageons pas nécessairement les vues et les objectifs du colloque des 27 et 28 février. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui est en jeu est en effet le droit de mettre en débat dans l’espace public, en l’occurrence dans ce lieu symbolique qu’est l’Université, des travaux et des opinions qui méritent d’être entendues et qui ne sont en aucun cas répréhensibles d’un point de vue légal.
Que le CRIF ne souhaite pas que certaines positions soient défendues est une chose. Qu’une institution universitaire cède à la pression et aux menaces en est une autre. Imaginerait-on un colloque sur le Tibet annulé au motif que des représentants officiels ou officieux du gouvernement chinois menaceraient de troubler l’événement ?
Monsieur le Président, il n’est pas trop tard pour reconsidérer votre décision. Ce serait au contraire tout à votre honneur de revenir à votre position initiale en permettant à ce colloque de se dérouler dans votre établissement, dont chacun mesure le précieux héritage, et de refuser de céder aux injonctions des adversaires de la liberté d’expression.
Pour signer la lettre ouverte, écrire à censurecolloqueparis8@gmail.com
Parmi les 100 premiers signataires Étienne Balibar, Jacques Rancière, Olivier Roy, François Burgat, Sylvie Tissot, Alain Bertho, Roshdi Rashed, Judith Butler ou Luc Boltanski.
Communiqué du collectif Palestine Paris 8
Vendredi 17 février 2012
Interdiction du colloque sur Israël à Paris 8 : non à la censure, oui à la liberté d’expression ! Communiqué du Collectif Palestine Paris 8
Le Collectif Palestine Paris 8 apprend avec consternation l’interdiction du colloque « Des nouvelles approches sociologiques, historique et juridiques à l’appel au boycott international : Israël, un Etat d’apartheid ? ».
L’Université Paris 8 avait donné son accord en connaissance de cause, et a fixé des conditions propres répondant au régime de la liberté d’expression à l’Université. Le Collectif Palestine Paris 8 a respecté le contenu annoncé et les conditions fixées, ce qui est reconnu par l’Université.
Pour revenir sur cet accord respecté, l’Université évoque des troubles à l’ordre public qui ne sont en rien établis et qui pourraient très bien être gérés.
Nous ne pouvons donc en aucune manière accepter cette remise en cause d’un accord, alors que la réunion respectait pleinement le cadre légal.
Cette décision ayant été prise sans que nous ne soyons informés de la moindre difficulté, nous avons sollicité un rendez vous à la Présidence de l’université, pour lui demander de reconsidérer son point de vue, et obtenir des explications sur la nature des « troubles à l’ordre public » invoqués.
Notre registre d’action est le droit, et nous engagerons les recours adaptés si la présidence de l’université maintenait ce retrait d’autorisation.
Contact : collectifpalestineparis8@gmail.com