Madame la Secrétaire d’Etat, chère Madame Rice,
Nous apprécions votre détermination à relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens et vos efforts sincères pour traduire en actes la vision du Président Bush de mettre fin à l’occupation de notre terre et de créer un Etat palestinien viable, avec contiguïté territoriale, comprenant la bande de Gaza et la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est.
Nous souhaitons rappeler ici les principes qui ont guidé la volonté palestinienne d’arriver à une paix globale et permanente qui inclue les principes de la légalité et de la justice et qui établisse les fondations de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité pour tous les peuples de la région.
1.Les deux peuples sont voués à vivre côte à côte sur cette terre. Chacune des deux parties doit reconnaître les droits légitimes de l’autre d’exercer la pleine souveraineté sur les zones que la communauté internationale reconnaît être sous sa juridiction
2.La paix nécessite le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des deux nations et leur droit de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues, libres de menaces ou d’actes de force.
3.Une paix durable doit être basée sur la justice et l‘égalité.
4. C’est une paix juste qui procure la meilleure des sécurités.
5. Notre objectif doit être une paix globale plutôt qu’un traité de non belligérance.
6.Faire la paix entre les dirigeants est déjà un défi, mais faire la paix entre les peuples est un défi plus grand encore.
7.Le développement économique est un ingrédient essentiel de la construction de la paix. Cela demande un environnement qui le permette. Les murs tombent partout dans le monde et les barrières empêchent le développement économiques.
8.Un Etat palestinien souverain à côté de l’Etat d’Israël est inévitable.
9.L’Etat palestinien doit être viable et disposer de ressources suffisantes.
10.Les deux parties doivent reconnaître les préoccupations sécuritaires de l’autre côté et faire tout leur possible pour y répondre.
Nous sommes convaincus que l’application de ces principes sera la seule façon d’arriver à la paix dans la région. C’est en peuple libre que nous sommes déterminés à entrer dans le vingt-et-unième siècle. Il existe actuellement une fenêtre d’opportunité pour arriver à la réconciliation historique entre les peuples israélien et palestinien. La direction palestinienne a fait d’énormes efforts pour répondre aux peurs et préoccupations israéliennes et nous attendons maintenant de la réciprocité de la part de la direction israélienne, ce qui donnerait véritablement à une paix durable la priorité sur des gains à court terme pour des questions électorales internes.
Si nous apprécions vos efforts continus pour permettre une avancée, vos visites nous rappellent celles de l’ancien Secrétaire d’Etat James Baker, confronté à chacune de ses visites en Terre sainte à une nouvelle décision israélienne de construire une colonie supplémentaire ou de confisquer encore plus de terre palestinienne.
En 2007, le gouvernement israélien a approuvé des appels d’offres pour construire 32 000 unités d’habitation de plus dans les colonies juives de Cisjordanie.
En septembre 2007 l’armée israélienne a publié une carte révisée du mur de ségrégation qui rend inaccessibles 157,920 dunums de terre agricole et 71,000 dunums de terre riche en eau.
Les 150 avant-postes établis depuis mars 2001 sont toujours là et se trouvent légalisés. L’accès à la Mer morte est interdit aux Palestiniens.
Ces décisions israéliennes unilatérales posent de sérieuses questions sur l’authenticité de la volonté de paix israélienne. Israël continue à n’être pas sincère dans ses intentions de paix avec les Palestiniens tant qu’il persiste à penser qu’il détient toutes les cartes et qu’il conserve le soutien aveugle des Etats-Unis à ses positions inflexibles.
Et après tout, pourquoi ferait-il différemment ? Mais vous savez certainement que ceci a été mauvais pour la position des Etats-Unis non seulement dans le monde arabe mais aussi dans l’ensemble du monde. Si vous recevez des indications que les rencontres actuelles entre les Palestiniens et les Israéliens sont bien perçues par la population palestinienne, sachez que ces indications sont erronées. La réalité c’est que les Palestiniens (ici les gens de la rue) ne montre aucun enthousiasme pour tout ça.
Ils savent bien qu’il n’en sortira aucune bonne volonté, et pourquoi croiraient ils autre chose au vu de tout ce qui se passe sur le terrain ? Le gouvernement israélien poursuit sa politique de confiscation illégale des terres palestiniennes, il impose des réalités sur le terrain avec les colonies, les avant-postes, le système d’apartheid des routes de contournement. Quant aux Etats-Unis, pas un mot de leur part pour condamner ces faits, ce qui ne reflète pas une position subjective.
Les Palestiniens sont convaincus aujourd’hui que l’opinion - ou décision- de la Cour internationale de Justice du 9 juillet 2004 (il y a plus de 3 ans maintenant) ,n’était en fait rien que de la poudre aux yeux.
En fait, les Palestiniens croient que les Etats-Unis ne soutiendront pas leurs revendications légitimes, ni ne se conformeront même aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies concernant l’occupation par Israël de territoires pendant la guerre de 67. Ils croient que les Etats-Unis et leur marionnette, l’ONU, imposeront leur volonté aux Arabes -nous les Palestiniens en l’occurrence- et aux pays les moins chanceux.
Madame Rice,
vous savez très bien qu’Israël n’a honoré aucun des accords signés avec les Palestiniens, qu’il refuse de renoncer à sa politique intolérante qui a entraîné le massacre de milliers de civils palestiniens, parfois des familles entières, et l’emprisonnement de plus de 11 000 Palestiniens( y compris 330 mineurs et 118 femmes dont certaines étaient enceintes au moment de leur arrestation et dont les bébés sont emprisonnés avec elles) parce qu’ils exigeaient la liberté, leurs droits élémentaires de vivre libres et dans la dignité, leur droit à la liberté religieuse, à la liberté de mouvement, leur droit de vivre où ils veulent, tous droits reconnus et approuvés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Le peuple palestinien en a fini avec les simulacres de paix ;on l’a fait traîner trop longtemps, tout comme ces réunions actuelles qui donnent en fait du temps aux Israéliens pour poursuivre et finir la construction du mur de ségrégation. Même l’augmentation des tensions dans la région avec les Syriens et les Iraniens est en quelque sorte liée au conflit palestino-israélien.
Finalement, Madame Rice, il faut que vous sachiez que Jérusalem est une question essentielle pour les Palestiniens et qu’ils ne cèderont jamais leurs droits privilégiés traditionnels, religieux et nationaux à la Ville sainte et que sans cela aucun accord de paix réel ne verra jamais le jour.