"On s’attendait à ce que le Hamas rejette l’appel lancé par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour la tenue d’élections anticipées. Mais ce refus ne change rien à la situation. Le Hamas a le droit de se déclarer en désaccord avec la tenue d’un scrutin législatif. Il a aussi le droit de ne pas y participer. Cela fait partie des règles de la démocratie. D’ailleurs, le Hamas s’est déjà abstenu par le passé de participer à des élections nationales, sans pour autant empêcher leur déroulement. Et c’est justement cela que le Hamas n’a pas le droit de faire : proclamer qu’il ne permettrait pas la tenue d’élections", estime le quotidien palestinien Al-Ayyam dans un éditorial.
L’appel, lancé samedi 16 décembre par le président Mahmoud Abbas, a été qualifié d’"anticonstitutionnel" par le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui est à la tête d’un gouvernement majoritairement issu du Hamas. Cet appel pour un nouveau scrutin a exacerbé les tensions qui opposent depuis plusieurs mois les partisans du Hamas à ceux du Fatah, le parti du président, et a mis le feu aux poudres dans la bande de Gaza. Après un week-end sanglant, un accord pour un cessez-le-feu fragile a été conclu dimanche 17 décembre au soir entre les différents groupes armés palestiniens.
"Le Hamas refuse non seulement les élections anticipées mais aussi la formation d’un gouvernement d’union nationale. Un double refus qui traduit sa volonté de rester au pouvoir, alors que le peuple palestinien subit un embargo économique et politique imposé par la communauté internationale qui refuse de traiter avec ce mouvement islamiste tant que ce dernier n’a pas reconnu l’Etat d’Israël", poursuit Al-Ayyam, un quotidien de Ramallah. Et de souligner que "le processus démocratique qui a aidé les membres du Hamas à remporter la majorité des sièges au Parlement lors du scrutin de janvier 2006, est toujours le même, sauf que, cette fois-ci, il pourrait aboutir à leur mise à l’écart."
Al-Quds, pour sa part, relève que le débat autour de "la validité constitutionnelle de l’appel du président à des élections anticipées n’est pas pertinent". Selon ce quotidien palestinien, "les textes constitutionnels et juridiques instituant l’Autorité palestinienne ne permettent pas de trancher clairement en faveur d’une thèse ou de l’autre. La Loi fondamentale n’indique que des lignes générales et ne donne que des réponses imprécises à cette question. Ainsi, chaque partie peut défendre sa position en s’appuyant sur une interprétation légale des textes constitutionnels." D’où la nécessité de revenir au dialogue, "la solution à la crise actuelle ne peut être élaborée sans concertations entre les différentes factions palestiniennes".
En revanche, pour le quotidien palestinien (édité à Londres) Al-Quds Al-Arabi, "le président Mahmoud Abbas a commis une erreur en appelant à des élections anticipées. Il a enlevé tout espoir pour une reprise du dialogue interpalestinien et provoqué une rupture qui risque de conduire à des affrontements internes incontrôlables." L’appui immédiat qu’a reçu Abbas de la part des Israéliens, des Américains et des Britanniques ne fait que discréditer sa position, poursuit le journal. En effet, "les Palestiniens se méfient de ce triangle qui n’a jamais été de leur côté et qui n’a jamais hésité à bafouer ses droits".
De plus, estime Al-Quds Al-Arabi, "des élections dans la situation actuelle ne peuvent exprimer les aspirations réelles des Palestiniens qui subissent un embargo depuis mars dernier. On demande à un peuple affamé d’aller aux urnes. Les résultats d’un tel scrutin auront du mal à prouver leur légitimité."
Enfin, Al-Hayat Al-Jadida considère que "les élections auront lieu dans tous les cas. Le gouvernement Hamas a échoué dans sa mission et n’a pas pu assurer aux Palestiniens une vie digne. Il est impensable de maintenir les conditions qui sont à l’origine de l’impasse actuelle."