Compte tenu du résultat limité, quasi symbolique, de la réunion américaine et des conditions délicates dans lesquelles démarrent cette semaine, entre Israéliens et Palestiniens, les négociations officiellement relancées à Annapolis, la comparaison n’est pas des plus heureuses.
Mais les Palestiniens, dont la délégation sera conduite à Paris par le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, attendent cependant beaucoup de cette conférence à laquelle près de 70 pays ont été invités. « Lors de la précédente conférence des donateurs, en 1996, rappelle Maen Areikat, directeur général du Département des Négociations à l’OLP nous avions obtenu 3,8 milliards de dollars. Aujourd’hui, nous estimons nos besoins à 5,5 milliards de dollars sur trois ans. Cet argent devrait nous permettre de payer les salaires des fonctionnaires, d’engager la refonte des services de sécurité et d’autres administrations et aussi de financer des projets d’infrastructures. »
« Mais l’argent ne suffira pas, note Hala Rashed, conseillère juridique du Département des Négociations. Si le territoire reste morcelé tel qu’il est aujourd’hui, si Israël ne lève pas les centaines de barrages qui paralysent la circulation en Cisjordanie, si les Palestiniens restent soumis au régime des permissions pour se déplacer, l’injection d’argent ne servira à rien. Les Israéliens sont-ils prêts à respecter les conditions d’une négociation de bonne foi ? L’affaire de Har Homa alimente nos doutes. » En application de la « feuille de route », la construction de logements dans cette colonie, comme dans toutes les autres, aurait dû être gelée. Pourtant, l’administration foncière d’Israël a lancé la semaine dernière, à la veille de la reprise des pourparlers, un appel d’offres pour la construction de 307 logements...
Palestine : Paris propose une force internationale
La conférence de Paris d’aide aux Palestiniens s’est ouverte lundi matin. Le président palestinien Mahmoud Abbas demande une aide financière pour éviter une "catastrophe totale" dans les Territoires.
La conférence de Paris d’aide aux Palestiniens s’est ouverte lundi 17 décembre peu avant 10 heures, à Paris, avec pour objectif de soutenir financièrement l’émergence d’un Etat palestinien et de chercher à conforter les espoirs encore fragiles issus de la réunion d’Annapolis, aux Etats-Unis.
Le président français Nicolas Sarkozy a proposé la création d’une force internationale chargée, "le moment venu", d’appuyer les services de sécurité palestiniens.
"La France propose le déploiement, le moment venu et lorsque les conditions en seront réunies, d’une force internationale qui viendrait en appui aux services de sécurité palestiniens", a annoncé Nicolas Sarkozy.
"La France fournira 300 millions de dollars"
"L’Autorité palestinienne s’est engagée à assurer le respect de la loi et de l’ordre. (...) Les services palestiniens doivent se réformer, gagner en professionnalisme. Parallèlement, Israël doit se retirer de la Cisjordanie. La communauté internationale doit apporter son aide à la réalisation difficile de cet objectif", a poursuivi Nicolas Sarkozy.
Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a fermement rejeté la proposition française. "Nous considérons qu’il s’agit d’une ingérence flagrante dans les affaires palestiniennes intérieures et à travers elle d’un plan destiné à ruiner le choix démocratique des Palestiniens", a déclaré un porte-parole.
Aide financière
"J’ai le plaisir d’annoncer que la France fournira 300 millions de dollars" sur les trois prochaines années, a également déclaré le président Nicolas Sarkozy.
"La France versera 25 millions d’euros d’aide budgétaire dès demain pour que, dès le début du mois de janvier, les Palestiniens puissent faire face à leurs besoins les plus criants", a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat a précisé qu’une convention d’aide budgétaire serait signée, "dès aujourd’hui", entre la France et le Premier ministre palestinien Salam Fayyad.
L’Union européenne va attribuer pour sa part une aide de 650 millions de dollars (448 millions d’euros) à l’Autorité palestinienne pour l’année 2008, a annoncé le commissaire européen aux Relations extérieures, l’Autrichienne Benita Ferrero-Waldner.
Eviter une "catastrophe totale"
De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé lundi matin à apporter une aide financière rapide pour éviter une "catastrophe totale" dans les Territoires.
"Sans ce soutien, sans les aides en liquide permettant au Trésor palestinien d’accomplir son rôle, nous serons confrontés à une catastrophe totale en Cisjordanie et dans la bande de Gaza", a déclaré Mahmoud Abbas.
L’Autorité palestinienne réclame une aide de 5,6 milliards de dollars, dont 3,9 milliards en soutien direct au budget, pour financer un ambitieux plan de développement destiné à doter un futur Etat palestinien d’institutions solides et d’une économie viable.
"Un arrêt de toutes les activités de colonisation"
Mahmoud Abbas a également appelé Israël à cesser "toutes les activités de colonisation sans exception" dans les territoires palestiniens.
"Je m’attends à un arrêt de toutes les activités de colonisation sans exception, au démantèlement des 127 colonies sauvages érigées depuis 2001, à la réouverture des institutions palestiniennes fermées à Jérusalem, à la levée des barrages militaires, l’arrêt de la construction de la barrière de séparation et la libération des prisonniers", a déclaré Mahmoud Abbas.
La conférence de Paris est co-présidée par la France, par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, envoyé spécial du quartet pour le Proche-Orient, par la Norvège, qui préside depuis 1992 le "comité de liaison ad hoc" des bailleurs internationaux, et par la Commission européenne.
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice est présente, ainsi que son homologue israélienne Tzipi Livni.
Le Nouvel Observateur
voir aussi dans le Monde du 17 sur Internet une série d’articles :
http://www.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0@2-3218,49-990548@51-990444,0.html
(vous trouverez les liens vers les autres articles à partir de celui -ci dans la rubriques "les attentes des Palestiniens").