En tant qu’organisations qui se consacrent à la promotion et à la protection des Droits de l’Homme dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), le Conseil Palestinien des Organisations de défense des Droits de l’Homme (PCHRO/CPODH) est gravement inquiet de la série de mesures punitives collectives prises par le Service des Prisons Israélien (SPI) contre les prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes actuellement engagés dans une grève de la faim de masse. Ces mesures comprennent la mise au secret, des amendes journalières de plus de 500 NIS (100 €), la confiscation du sel pour l’eau, le refus de l’alimentation électrique et des fouilles au hasard corporelles et cellulaires.
Font aussi l’objet d’une inquiétude extrême les vies de Bilal Diab et Thaer Halahleh qui commencent demain leur 66e jour de grève de la faim. Les deux hommes sont dans un état de santé critique et se sont vus refuser l’accès auprès de médecins indépendants pendant la plus grande partie de leur grève de la faim . Thaer a relevé qu’ils ont été soumis à une pression importante des médecins de la prison et de l’administration pénitentiaire pour interrompre leur grève de la faim, mais ils sont déterminés à continuer leur grève jusqu’à ce qu’ils soient libérés. Aucune décision n’a été prise lors de l’audience d’aujourd’hui de la Haute Cour israélienne au sujet de leurs ordres de détention administrative. Bilal et Thaer y ont été amenés tous les deux et y ont assisté sur des chaises roulantes. Pendant l’audience, Bilal s’est évanoui et il n’y avait pas de médecins présents à l’intérieur du tribunal. Thaer a témoigné des mauvais traitements qu’il a endurés depuis son arrestation. Le Juge Amnon Rubinstein a annoncé que la commission des juges prendrait une décision après avoir revu le “dossier secret” ; mais après cette révision il a déclaré que les parties seraient informées à un moment ultérieur, sans préciser quand.
Le 17 avril 2012, les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont lancé une grève de la faim de masse exigeant la fin de la détention administrative, de l’isolement et des autres mesures punitives prises contre les prisonniers palestiniens, comprennent le refus des visites des familles et des avocats, particulièrement pour les prisonniers originaires de la bande de Gaza auxquels l’on refuse les visites familiales depuis 2007, et le refus des études universitaires. La campagne a nettement pris de l’ampleur pendant les deux semaines passées et on estime que 2500 prisonniers sont maintenant en grève de la faim illimitée.
Depuis le début de la grève de la faim, le Service des Prisons Israélien (SPI) a puni collectivement les prisonniers y participant en utilisant un large éventail de tactiques. Les plus récentes mises à jour indiquent que certains prisonniers doivent payer des amendes entre 250 (50 €) et 500 (100 €) de shekels pour chaque jour de grève de la faim. A la prison du Naqab (Neguev), les prisonniers font l’expérience d’inspections quotidiennes de sections, prises au hasard, qui durent environ 40 à 50 minutes. Ces inspections incluent des fouilles cellulaires et corporelles. En outre les prisonniers ne sont plus autorisés à quitter leurs quartiers pour le temps de la récréation quotidienne.
De nombreux grévistes de la faim ont été transférés vers différentes prisons ou vers des sections spéciales à l’intérieur des prisons, avec l’intention de les isoler du mouvement croissant et du monde extérieur. Les plus récents transferts comprennent le déplacement des prisonniers entre la prison de Megiddo, la prison de Shatta et une section spéciale de la prison de Gilboa. Au moins trois dirigeants de la campagne ont été placés en détention au secret à Beersheba, en plus de beaucoup d’autres qui ont été mis en détention au secret à l’annonce de leur grève de la faim. 96 grévistes de la faim ont été transférés à la prison de Ohalei Keida, où ils ont été mis à deux prisonniers dans chaque cellule d’isolement solitaire.
Des avocats essayant de rendre visite à ces prisonniers faisant la grève de la faim ont été empêchés de le faire, par des administrations pénitentiaires interdisant franchement certains avocats, affirmant que les visites n’étaient pas arrangées comme il faut, ou déclarant des “situations d’urgence” juste avant ou pendant des visites programmées ou approuvées au préalable. Le 29 avril, un avocat de l’Association Addameer de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme s’est entendu dire que sa visite à la prison d’Ashkelon n’était pas approuvée, bien qu’elle ait été confirmée le jour précédent. Un avocat n’a été autorisé qu’à rendre visite à Ahmad Sa’adat, Secrétaire Général du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), qui a été déplacé au centre médical de la prison de Ramleh le 27 avril, pour une durée de 10 minutes le 30 avril, et s’est vu refuser une visite le jour suivant.
Six autres prisonniers restent en grève de la faim de longue durée parmi lesquels Hassan Safadi, qui aujourd’hui commence son 60e jour, et Omar Abu Shalal qui en est à son 58e jour aujourd’hui ; Jaafar Azzedine, présentement à son 43e jour de grève de la faim, a rapporté qu’il souffre de vertiges marqués, ce qui lui a valu de se blesser à la tête la semaine dernière après un évanouissement. A tous ces hommes a été refusé de rencontrer des médecins indépendants ou des avocats, malgré la détérioration rapide de leur état de santé, étant donné que les autorités israéliennes continuent à violer leurs droits humains, en particulier leur droit à la santé.
Dans le contexte de la grève de la faim de masse des prisonniers politiques palestiniens, le CP0DH/PCHRO :
– appelle l’Union européenne , les Nations Unies et le Comité International de la Croix-rouge à intervenir immédiatement auprès d’Israël pour sauver les vies de Bilal Diab et Thaer Halahleh et exigent qu’il soient relâchés de la détention administrative ;
– demande que tous les grévistes de la faim aient accès à des médecins indépendants et à des soins médicaux appropriés ;
– demande que les Etats membres des Nations Unies fassent pression de façon urgente sur Israël pour qu’il mette fin à sa politique de détention arbitraire et qu’il se conforme aux règles normales pour le traitement des prisonniers adoptées en 1955, qui exposent ce qui est généralement accepté comme principe convenable et comme pratique dans le traitement des prisonniers ;
Appelle le Parlement européen à déléguer une mission parlementaire d’enquête qui comprenne des membres de son Sous-Comité des Droits de l’Homme pour enquêter sur les conditions de détention des Palestiniens détenu dans les prisons israéliennes.
Le Conseil Palestinien des Organisations de Défense des Droits de l’Homme (CPODH) :
Addameer, Association de Soutien aux Prisonniers et de défense des Droits de l’Homme
Aldameer, Association pour les Droits de l’Homme
Al Haq
Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme
Centre de Ressource Badil pour la Résidence des Palestiniens et les Droits des Réfugiés
Section palestinienne l’association Internationale de Défense des Enfants
Centre Ensan pour les Droits de l’Homme
Hurryyat – Centre pour la Défense des Libertés et des Droits Civiques
Centre de Jérusalem pour l’Aide Juridique et les Droits de l’Homme
Centre de Ramallah d’Etudes pour les Droits de l’Homme
Centre des Femmes pour l’Aide et le Conseil Juridiques.
(l’ordre alphabétique en anglais n’est pas respecté en français ; les noms des directeurs généraux de ces organisations n’ont pas été indiqués ici)