Photo : Prison israélienne d’Ofer, Cisjordanie occupée - Source : AFPS
Les détenus administratifs palestiniens ont lancé un ultimatum dimanche, moins d’une semaine avant le début annoncé d’une grève de la faim.
Le Club des Prisonniers Palestiniens a affirmé que les détenus administratifs avaient pris en urgence leurs dispositions dans toutes les prisons israéliennes pour se préparer à des confrontations directes avec les services carcéraux israéliens.
Il y a une semaine, les détenus administratifs ont renouvelé leurs action de résistance contre la politique israélienne de détention administrative, laquelle autorise les autorités israéliennes à emprisonner des Palestiniens pour une durée indéterminée.
Un comité dédié, rassemblant toutes les factions politiques palestiniennes, s’est formé afin de coordonner la contestation.
L’annonce intervient un mois après la mort du leader de cette contestation palestinienne, Khader Adnan, décédé dans une prison israélienne au terme d’une grève de la faim de 86 jours.
C’était sa sixième grève depuis 2012 et sa mort semble avoir inspiré la protestation palestinienne massive annoncée.
« Nous allons nous mettre en grève de la faim pour respecter le principe pour lequel Khader Adnan a donné sa vie : mettre sérieusement et efficacement le sujet des détenus administratifs sur la table. » peut-on lire dans le communiqué du comité des détenus administratifs.
« Nous ferons face aux politiques de l’occupation et à ses services secrets, qui prennent plaisir à nous voler nos vies, par la détention administrative. »
Ayah Shreiteh, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, a déclaré à The New Arab : « Lancer cette alerte signifie en substance que les détenus sont prêts à faire face aux mesures répressives des services carcéraux d’occupation et se préparent à la grève de la faim. »
« Les prisonniers ont pris cette mesure, car l’occupation a déjà commencé à réagir. En effet, les leaders des détenus ont été interrogés tous les jours, depuis l’annonce de cette grève de la faim qui débutera au début de la semaine prochaine. »
« Leur revendication fondamentale est de mettre fin à l’utilisation généralisée et illimitée de la détention administrative, par laquelle l’occupation met même des enfants derrière les barreaux », a souligné Ayah Shreiteh. « La demande à long terme reste, bien sûr, de mettre un terme au système de détention administrative dans son ensemble, et pas seulement de la limiter. »
L’année dernière, des centaines de détenus administratifs palestiniens ont boycotté les audiences des tribunaux israéliens pendant plus de dix mois pour protester contre ce système. En octobre, des dizaines de prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim qui a duré 19 jours pour attirer l’attention sur leur cas.
« La différence entre la dernière grève de la faim et celle annoncée, c’est que cette fois-ci, les détenus ne veulent pas seulement attirer l’attention. Ils ont des demandes concrètes », a déclaré à The New Arab Guevara Taha, fille du détenu administratif palestinien Thaer Taha.
« Cela signifie que cette grève ne se terminera pas facilement et qu’elle pourrait durer longtemps, ce qui met en danger la vie des détenus. À la maison, nous vivons déjà dans l’angoisse, avant même que la grève ne commence. »
Début mai, un rapport des Nations unies a demandé des comptes sur la mort de Khader Adnan et la politique israélienne d’incarcération massive, notamment par le biais de la détention administrative.
« Nous ne pouvons pas séparer les politiques carcérales d’Israël de la nature coloniale de son occupation, qui vise à contrôler et à soumettre tous les Palestiniens sur le territoire qu’Israël veut contrôler », peut-on lire dans le rapport des experts de l’ONU.
« La pratique systématique de la détention administrative équivaut à un crime de guerre, en privant délibérément des personnes protégées de leur droit à un procès équitable et régulier. »
Depuis l’année dernière, Israël recourt de plus en plus à la détention administrative contre les Palestiniens. Selon la Commission nationale pour la défense des détenus palestiniens, les forces israéliennes ont émis 1300 ordres de détention depuis le début de l’année, dont 300 rien qu’au mois de mai.
Il s’agit notamment de renouvellements de détention, souvent émis peu de temps avant la libération des détenus palestiniens dont l’ordre d’incarcération en cours est sur le point d’expirer.
Actuellement, près de 1200 Palestiniens sont incarcérés sans inculpation, sous le régime de la détention administrative. La plupart d’entre eux sont d’anciens détenus des prisons israéliennes.
Selon les groupes de défense des droits humains, on dénombre parmi les prisonniers, 14 mineurs et 2 femmes.
Traduction par : AFPS