Photo : Une jeune Palestinienne transporte du pain dans l’école gouvernementale du centre ville de Khan Younis (sud de la bande de Gaza) où elle a trouvé refuge après avoir été déplacée du nord de l’enclave - Crédit : Mohammed Zaanoun (Active Stills collective)
En coupant l’eau et d’autres fournitures de première nécessité, Israël soumet l’ensemble de la population de Gaza à une punition collective.
La punition collective est un crime de guerre au sens de la quatrième convention de Genève. Israël s’est empressé de commettre ce crime à la suite de l’offensive menée par le Hamas le 7 octobre.
Suscitant à peine un murmure de la part des gouvernements et des institutions puissantes, le gouvernement israélien a averti quelques jours plus tard : « Personne ne peut nous prêcher la moralité ».
Israël Katz, ministre de l’énergie, a déclaré qu’« aucun interrupteur électrique ne sera allumé, aucune pompe à eau ne sera ouverte et aucun camion de carburant n’entrera tant que les Israéliens enlevés ne seront pas rentrés chez eux ».
Les effets de la cruauté d’Israël sont douloureusement évidents.
« Faire la queue pour obtenir de l’eau fraîche est devenu une épreuve quotidienne », a déclaré Karam, l’un des 1,7 million d’habitants de Gaza qui ont été déracinés.
La famille de Karam a évacué sa maison dans le quartier Tel al-Hawa de la ville de Gaza. Elle l’a fait après qu’Israël a demandé à tous les habitants du nord de la bande de Gaza (y compris la ville de Gaza) de se déplacer vers le sud.
La famille s’est réfugiée dans le camp de réfugiés de Maghazi, au centre de l’enclave. Elle vit dans un immeuble de deux étages, parmi une cinquantaine de personnes, dont dix enfants.
Dans le nouveau quartier de Karam, un camion transportant de l’eau passe au maximum deux fois par semaine. « À ces moments-là, nous remplissons des seaux et des récipients d’eau, qu’elle soit propre ou non. Nous donnons la priorité aux enfants, aux femmes, aux personnes âgées et aux malades. »
« Le désespoir à l’état pur »
Pendant plusieurs jours, les habitants de Maghazi ont dû utiliser de l’eau manifestement insalubre « par pur désespoir », a ajouté M. Karam.
La ville de Deir al-Balah accueille un grand nombre de personnes ayant fui le nord de Gaza. Elle n’a pas la capacité de répondre aux besoins de la population.
Les problèmes liés au manque de produits de première nécessité ont été exacerbés par les dégâts considérables causés par Israël aux infrastructures civiles de Gaza, notamment aux infrastructures d’approvisionnement en eau.
Ezzat fait partie de ceux qui ont quitté la ville de Gaza pour s’installer chez des parents à Deir al-Balah.
« Il y avait si peu d’eau qu’il était très difficile d’utiliser les toilettes », a-t-il déclaré. « Nous devions transporter de l’eau dans un seau, si nous en trouvions, et l’utiliser avec parcimonie. Nous limitons délibérément nos passages aux toilettes. »
Maintenir une bonne hygiène est tout simplement impossible. « Nous ne donnons le bain qu’aux enfants, en utilisant des quantités minimes d’eau », ajoute Ezzat.
Après avoir quitté leur maison, Ezzat et sa famille retournent dans la ville de Gaza. Ils devaient se rendre à l’hôpital al-Quds, qui a ensuite fait l’objet d’une attaque israélienne ciblée et a été contraint de cesser ses activités.
La scène qui attendait Ezzat à l’hôpital était extrêmement douloureuse.
« L’accès à l’eau potable était rare et l’hygiène de base semblait être un lointain souvenir », raconte-t-il. « Des centaines de personnes étaient entassées dans des espaces restreints, partageant les mêmes salles de bains. »
Inflammé
J’ai vu des pompes à eau directement détruites par les attaques israéliennes.
Auparavant, les habitants de Gaza avaient installé des filtres dans les pompes à eau. Ces filtres éliminaient de nombreuses impuretés de l’eau.
Bien que l’eau ne soit pas potable, elle pouvait être utilisée pour le bain, la vaisselle et les ablutions avant les prières.
Les filtres n’étant plus opérationnels et les pompes ayant été détruites ou fonctionnant à peine, l’eau utilisée dans les maisons et les abris est souvent contaminée. Les effets de l’utilisation d’eau sale sont visibles.
Ma peau s’est inflammée, en particulier sur les parties du corps où je me suis lavé.
Les 50 autres personnes avec lesquelles je vis actuellement ont subi les mêmes effets. Les inflammations sont similaires - mais pas identiques - aux piqûres de moustiques.
Se laver les cheveux avec de l’eau contaminée a provoqué des démangeaisons très vives, en particulier sur le cuir chevelu et les mains.
Les problèmes de santé au sein de ma famille se sont aggravés.
Ma mère a souffert de crampes d’estomac. Mon frère de 13 ans souffre d’une infection intestinale très douloureuse.
Chercher une assistance médicale est devenu un défi insurmontable, étant donné que les hôpitaux sont débordés par les soins apportés aux victimes des bombardements israéliens.
Nous avons essayé de contacter un médecin à proximité, mais cela s’est avéré vain. Il est désormais très difficile d’appeler des médecins en raison des attaques israéliennes contre les entreprises de communication et les fournisseurs d’accès à Internet.
La situation à Gaza est désastreuse sur plusieurs fronts. Nous faisons de notre mieux pour protéger notre santé dans des circonstances terribles.
—
À propos de l’auteur
Aseel Mousa est un journaliste basé à Gaza.
—
Traduit par : AFPS