Photo : Des frappes aériennes israéliennes ont tué plus de 45 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, dans une maison palestinienne appartenant à la famille Shehab, dans le nord de la bande de Gaza. © Palestine Deep Dive
Plus précisément, la déclaration souligne la mutilation des corps palestiniens par les forces d’occupation israéliennes, la rétention des corps palestiniens, y compris ceux des prisonniers et des détenus, l’utilisation de fosses communes, en particulier pendant le génocide en cours dans la bande de Gaza, et le creusement des tombes et des cimetières palestiniens. La déclaration place également ces politiques et pratiques draconiennes dans le contexte plus large du colonialisme sioniste et du régime d’apartheid d’Israël.
Malgré l’ordonnance de mesures conservatoires rendue par la Cour internationale de justice le 26 janvier 2024, Israël a poursuivi une campagne de plus de quatre mois à Gaza, qui a fait au moins 27 365 morts et 66 630 blessés parmi les Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, à la date du 4 février 2024. Simultanément, entre le 7 octobre 2023 et le 4 février 2024, l’armée israélienne et les colons israéliens ont tué 373 Palestiniens, dont 95 enfants et trois femmes, en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.
Au-delà du préjudice immédiat causé par les exécutions extrajudiciaires, les politiques d’Israël s’étendent à l’atteinte à la dignité des Palestiniens, illustrée par la profanation et la mutilation des corps palestiniens, notamment en frappant, en ramassant et en traînant les Palestiniens par des bulldozers, en écrasant les Palestiniens, et en retenant les corps des Palestiniens, y compris les enfants, pour les utiliser comme monnaie d’échange, ce qui équivaut à une punition collective interdite.
Depuis le 6 février 2024, et selon les documents du JLAC, les autorités d’occupation israéliennes retiennent les corps de 205 résidents palestiniens de Cisjordanie, dont 26 enfants, deux femmes et 17 prisonniers ou détenus, les privant indéfiniment d’un enterrement digne. En outre, Waseem Abu Al-Heija, 28 ans, Palestinien de nationalité israélienne, a été tué le 29 janvier 2024, et son corps est retenu par les autorités israéliennes depuis lors. En outre, depuis le 7 octobre 2023, Israël retient les corps de centaines de résidents palestiniens de la bande de Gaza qui ont été tués, le nombre exact étant invérifiable en raison des contraintes imposées par Israël. Selon les dernières informations dont disposent les organisations, 291 corps palestiniens décomposés, précédemment retenus par les autorités israéliennes, ont été libérés et enterrés dans des fosses communes à Gaza.
En effet, les fosses communes constituent un sinistre témoignage de l’oppression coloniale exercée par Israël sur les Palestiniens depuis sa création, y compris lors de la Nakba de 1948. L’enterrement de Palestiniens, souvent non identifiés, dans des fosses communes reste une pratique courante à Gaza depuis le 7 octobre 2023, en raison de l’ampleur sans précédent des massacres perpétrés par Israël, à tel point que même les cours des hôpitaux ont été transformées en sites d’enterrement collectif. En outre, en particulier dans les zones de déploiement de l’armée israélienne, où le danger est aggravé, les corps de milliers de Palestiniens tués, y compris des femmes et des enfants, restent piégés sous les décombres, car l’armée israélienne empêche les équipes de secours et les équipes médicales d’atteindre ces zones, laissant les corps se décomposer.
La déclaration souligne également que l’armée israélienne a ciblé et ignoré le caractère sacré des vies et des souvenirs palestiniens pendant le génocide en cours à Gaza, notamment en bombardant et en détruisant au bulldozer au moins six cimetières, ainsi qu’en creusant et en exhumant une fosse commune à l’hôpital Kamal Adwan, où 26 corps palestiniens avaient été enterrés. Cette pratique de profanation des cimetières palestiniens n’est visiblement pas nouvelle, Israël s’étant déjà livré à des actions similaires dans le cimetière al-Yousofiyya à Jérusalem en 2021 dans le but d’établir un parc national sur certaines parties du cimetière.
Enfin, soulignant que le système judiciaire israélien est lui-même un outil par lequel l’impunité généralisée imposée et dont jouit Israël est maintenue et enracinée, la déclaration conjointe a exhorté le Rapporteur spécial à :
– Reconnaître que l’usage excessif, systématique et institutionnalisé de la force par Israël et la rétention de dépouilles contribuent au maintien du colonialisme de peuplement et de l’apartheid israéliens ;
– S’occuper du génocide israélien en cours contre les Palestiniens à Gaza, y compris le nombre élevé de meurtres, qui a poussé à la création de fosses communes, privant les Palestiniens d’un enterrement sûr et digne, et le creusement de cimetières par l’armée israélienne ; et
– Exhorter les Etats membres des Nations Unies à reconstituer le Comité spécial des Nations Unies contre l’Apartheid et le Centre des Nations Unies contre l’Apartheid comme des étapes critiques pour mettre fin à l’impunité institutionnalisée d’Israël, au colonialisme de peuplement et à l’apartheid.
Liste des signataires :
Al Haq
Addameer - Association de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains
Centre palestinien pour les droits humains (PCHR)
Al Mezan - Centre pour les droits humains
Centre d’aide juridique et des droits de l’homme de Jérusalem (JLAC)
Traduction : AFPS