Depuis la réarrestation de Mahmoud Abdullah Ardah par les forces israéliennes vendredi dernier, sa mère Fathia Ardah attend anxieusement des nouvelles de son état de santé.
"Je suis actuellement assise parmi les gens mais mon esprit est avec lui, je ne sais pas quelles sont ses conditions", a déclaré Fathia à Middle East Eye.
"Que Dieu soit de son côté et le tire de toutes les épreuves. Je n’ai pas de mots."
Mahmoud est l’un des quatre prisonniers qui ont été capturés ce week-end après leur évasion spectaculaire de la prison de haute sécurité de Gilboa le 6 septembre.
Il a été arrêté vendredi avec Yaqoub Mahmoud Qadri, quelques heures avant que deux autres évadés, Zakaria Zubeidi et Mohamed Qassem Ardah, soient également capturés.
Depuis leur arrestation, les quatre prisonniers n’ont pas été autorisés à rencontrer leurs avocats et les autorités israéliennes dissimulent des informations sur leurs conditions de détention.
Leurs familles s’inquiètent de leur état de santé, alors que la commission des affaires des prisonniers de l’Autorité palestinienne (AP) et la Croix-Rouge demandent qu’ils soient autorisés à rencontrer leurs avocats.
Les deux autres hommes qui se sont échappés de Gilboa, Munadil Nfeiat et Ayham Kmanji, sont toujours en fuite, Israël poursuivant sa chasse à l’homme.
Peur et espoir
Malgré les craintes que suscite la détention de Mahmoud, sa famille pense que les autorités israéliennes ne peuvent pas faire grand-chose pour briser son esprit.
" Je ne sais pas comment décrire la force de Mahmoud ", a déclaré son frère Mohamed Abdullah Ardah à MEE.
Mohamed a lui-même été brièvement détenu pour interrogatoire après l’évasion, alors que les autorités israéliennes se démenaient pour trouver des indices.
"L’officier de renseignement m’a demandé : Y a-t-il quelqu’un dans votre maison qui a la force, l’intelligence et le courage de Mahmoud ?" Mohamed a dit.
"Je lui ai répondu que vous ne trouverez jamais quelqu’un comme lui".
Mahmoud, qui est considéré comme le chef de l’opération d’évasion de la prison, était détenu depuis 1996.
Âgé de 46 ans, il a été condamné à perpétuité pour son appartenance aux Brigades al-Quds et sa participation au meurtre de soldats israéliens.
Pendant les cinq jours où il était en fuite, sa mère a éprouvé des sentiments contradictoires, craignant pour son sort mais espérant aussi le revoir.
" J’ai été malade de peur de ce qui pourrait lui arriver pendant ces cinq jours où il était hors de la prison ", a-t-elle confié à MEE.
Fathia, qui souffre d’un Alzheimer précoce, n’a pas vu son fils depuis plus de sept ans.
Avec l’âge, il lui est devenu plus difficile de se rendre en prison.
"J’espérais qu’il pourrait venir ici, que je pourrais le toucher de mes mains et le serrer dans mes bras", a-t-elle dit.
La douleur dans mon cœur
Subhia Ardah, la mère de Mohamed Qassem Ardah, a partagé les mêmes préoccupations et sentiments que Fathia.
" J’ai eu mal au cœur lorsque j’ai appris la nouvelle de sa nouvelle arrestation ", a déclaré Subhia à MEE.
"Une douleur non seulement pour lui, mais pour tous les prisonniers".
Cette septuagénaire était soulagée que son fils ait été capturé vivant et non tué dans la chasse à l’homme.
Mais son espoir était de le revoir à la maison.
"Je l’attendais près de la fenêtre, près de la montagne, et j’appelais son nom en disant Mohamed viens par ici, viens me voir de ce côté", a-t-elle dit.
"Je me suis dit que peut-être ma voix l’aiderait à retrouver le chemin de la maison".
La seule chose qui soulage un peu Subhia aujourd’hui est la pensée que son fils a pu réaliser certains de ses petits rêves pendant qu’il était en fuite.
"Pendant les visites, il me disait qu’il avait envie de pastèques", dit-elle.
"J’espère qu’il a pu manger des pastèques et des raisins quand il était dehors. J’espère qu’il a pu attraper la pluie et la sentir avec ses mains."
Traduction : AFPS