Alors que le prisonnier palestinien Ahmad Zahran entame son 103ème jour de grève de la faim, un nombre croissant de prisonniers palestiniens sont en grève en solidarité avec lui pour réclamer sa libération. Zahran, 42 ans, du village de Deir Abu Mishaal, est emprisonné sans inculpation ni jugement sous le coup de la détention administrative. Il a auparavant mené une grève de la faim de 39 jours, qui s’est terminée par la promesse de sa libération - mais il a lancé sa grève actuelle quand, au lieu de cela, sa détention a été renouvelée une fois de plus le 22 septembre 2019.
Jamil Saleh Ankoush, 37 ans, également de Deir Abu Mishaal, est en grève de la faim illimitée depuis huit jours pour réclamer la libération de Zahran. Il est emprisonné depuis 2003 et a été condamné à 20 ans dans les prisons israéliennes ; il a purgé 17 ans de sa peine et il est fiancé à l’ancienne prisonnière politique palestinienne Sumoud Karajah. Deux prisonniers de plus ont aussi lancé des grèves illimitées pour soutenir la demande de libération de Zahran, tout comme des dizaines rejoignent des actions de solidarité d’une journée par roulement.
Mohammed Nidal Abu Ghazi, 19 ans, du camp d’Al-Arroub, est en grève de la faim depuis trois jours, dans la prison du désert du Néguev, en soutien à Zahran ; il purge une peine de quatre ans et demi dans les prisons israéliennes et il est détenu par l’occupant depuis septembre 2016. Maher al-Maarin, également du camp de réfugiés de al-Arroub, en est à son second jour de grève de la faim avec Zahran ; il purge une peine de 17 mois dans les prisons israéliennes et est emprisonné depuis avril 2019. Antérieurement, il s’est joint à la grève de la faim collective en soutien à Huzaifa Halabiya contre la détention de celui-ci sans inculpation ni jugement.
La Section des Prisons du Front Populaire de Libération de la Palestine a publié les noms des prisonniers de la Prison d’Ofer qui ont lancé une grève de la faim d’une journée, le mardi 2 janvier, en soutien à Zahran, faisant suite à la grève de solidarité initiale le 31 décembre 2019. Les noms des grévistes de la solidarité sont : Khaled al-Qad, Mohammed Fararjeh, Khaled Taha, Fathi Arar, Ribhi Karajah, Hassan Hashem, Amir Shajboun, Jamal al-Eidah, Raghad Shamroukh, Nizam Mutair, Imad Salah, Anan Sharif, Basil Daamseh, Ahmed Shajboun, Abed Khawaja, Yazan Mohsen, Suleiman al-Deek, Mohammed Ghatasheh, Mohammed al-Khamour et Wadie Jaber.
La section des prisons du FPLP a également annoncé que 10 prisonniers supplémentaires se joignent à la série de grèves de la faim d’une journée par roulement, le samedi 5 janvier à la prison de Gilboa. Dans une déclaration, ils ont mis en garde l’administration pénitentiaire israélienne et les services de renseignements contre tout mal fait à Zahran, en remarquant que ceux-ci sont pleinement responsables des conséquences de nouvelles blessures au prisonnier palestinien en grève. « Nos démarches de solidarité et de soutien sont continuelles et peuvent prendre des formes diverses dans les jours et semaines à venir », a souligné la déclaration.
Zahran est confronté à une grave détérioration de sa santé à la clinique de la prison de Ramleh. Les forces d’occupation essayent de briser sa grève en retardant son appel devant les tribunaux militaires et en le ramenant en interrogatoire malgré sa faiblesse et sa fatigue après plus de trois mois sans nourriture. Il a perdu 35 kilos (77 livres) de poids, a un rythme cardiaque lent, des douleurs sur tout le corps et des déficiences aiguës en vitamines et en minéraux.
Les ordres de détention administrative sont indéfiniment renouvelables et peuvent être émis pour jusqu’à six mois à la fois. Des Palestiniens ont passé des années sous le coup de ces ordres. Actuellement, environ 450 sur plus de 5.000 prisonniers politiques palestiniens sont détenus sous le coup d’ordres de détention administrative, introduite en Palestine par le mandat colonial britannique et ensuite adoptée par l’état sioniste.
La pratique israélienne de la détention administrative, qui est utilisée systématiquement pour emprisonner des Palestiniens sans inculpation ni jugement, intervient en violation de la Quatrième Convention de Genève et est aussi une forme de torture psychologique pour les détenus et leur famille : ils ne savent jamais quand et comment ils peuvent être libérés, voire jamais.
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, réaffirme notre entière et inconditionnelle solidarité avec Ahmad Zahran et avec tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour la liberté. Nous demandons instamment à tous ceux qui défendant la justice partout dans le monde à soutenir Ahmad Zahran, dont la vie est en jeu alors qu’il lutte pour qu’il soit mis fin à la détention administrative. La solidarité internationale peut être importante pour montrer aux prisonniers palestiniens comme Ahmad Zahran qu’ils ne sont pas oubliés et pour faire pression sur l’état israélien -et les gouvernements qui le soutiennent - pour soutenir Zahran en obtenant la victoire de la justice et de la liberté.
Joignez-vous à l’appel à action
Traduction Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS pour les prisonniers