L’Autorité palestinienne a convoqué mardi des élections municipales pour octobre, malgré l’opposition du Hamas au pouvoir à Gaza, prenant acte du nouvel enlisement de la réconciliation nationale.
Il s’agit de la troisième fois depuis l’an dernier que l’Autorité palestinienne, qui gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, convoque des élections municipales. Prévues le 9 juillet 2011, puis le 22 octobre 2011, elles ont ensuite été reportées sine die afin de permettre la mise en œuvre de la réconciliation, et par conséquent leur tenue dans l’ensemble des Territoires palestiniens.
« Le gouvernement palestinien a approuvé au cours de sa réunion aujourd’hui, présidée par le Premier ministre Salam Fayyad, la tenue d’élections municipales dans toutes les circonscriptions de la nation », indique un communiqué officiel.
« Le gouvernement a demandé à la Commission électorale centrale de commencer les préparatifs pour que les élections aient lieu à la date fixée et chargé le ministre des Collectivités locales de lui rendre compte régulièrement », selon le texte.
Le 3 juillet, au lendemain de l’annonce par le Hamas de la suspension des travaux de la Commission électorale centrale (CEC) à Gaza, où devait débuter l’enregistrement des nouveaux électeurs, le gouvernement avait annoncé qu’il fixerait la date du scrutin municipal au prochain Conseil des ministres « afin de ne pas permettre à une partie de prendre les citoyens en otage dans le choix de leurs représentants ».
Dans les faits, si elles se tiennent, ces municipales risquent de se limiter à la seule Cisjordanie, compte tenu des désaccords avec le Hamas, à Gaza, et avec Israël, qui interdit toute activité politique palestinienne à Jérusalem-Est, occupée et annexée depuis 1967.
Réconciliation enlisée
Un porte-parole du Hamas, parti vainqueur du dernier scrutin palestinien, les législatives de 2006, a dénoncé « une escalade de l’Autorité dans le blocage de la réconciliation ».
Cette décision « contrevient à l’accord de réconciliation, auquel il porte un coup en tentant d’imposer un fait accompli », a déclaré à l’AFP à Gaza ce porte-parole, Sami Abou Zouhri.
En vertu de l’accord de réconciliation nationale signé le 27 avril 2011 entre le Fatah et le Hamas, les deux gouvernements rivaux devaient céder la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d’organiser des élections générales dans un délai d’un an, mais les principales clauses en sont restées lettre morte et les échéances constamment repoussées.
Le président palestinien Mahmoud Abbas avait tiré acte de l’enlisement de la réconciliation en nommant le 16 mai un nouveau gouvernement dirigé par Salam Fayyad, qui a aussitôt entrepris la convocation d’élections municipales, dans un premier temps dans la seule Cisjordanie, au grand dam du Hamas.
Mais le 20 mai, son mouvement, le Fatah, et le Hamas ont conclu un nouvel accord sous médiation égyptienne au Caire prévoyant le lancement simultané des consultations pour la formation d’un gouvernement d’indépendants et des travaux de la CEC à Gaza.
En conséquence, le gouvernement du Hamas a autorisé le 28 mai la Commission électorale à enregistrer quelque 220 000 nouveaux électeurs en ouvrant des bureaux à Gaza. La CEC avait annoncé le lendemain qu’elle espérait achever ses opérations à la mi-juillet.
Mais le 2 juillet, le mouvement islamiste a « suspendu provisoirement les opérations d’inscription », dénonçant notamment des « violations en Cisjordanie qui ont abouti à l’arrestation d’un grand nombre de ses membres », le « nombre élevé » d’électeurs à Gaza comme en Cisjordanie ne disposant pas de pièce d’identité, et le mécanisme de désignation des responsables électoraux à Gaza.