À l’appel du Conseil des colons de Judée-Samarie (Cisjordanie), le représentant des colons qui ne faisait plus parler de lui depuis longtemps, quelque 2 000 d’entre eux sont descendus dans la rue dimanche à Jérusalem pour protester contre un éventuel partage de la Ville sainte avec les Palestiniens. M. Olmert a insinué le 15 octobre qu’il n’écartait pas cette éventualité, et Haïm Ramon, numéro deux de son cabinet, en est ouvertement l’avocat.
La police, de son côté, a indiqué avoir découvert sur les murs de Jérusalem des affiches montrant le président Shimon Peres coiffé du traditionnel keffieh palestinien avec ces mots : « Il libère des terroristes, c’est le président des Arabes. » Des affiches similaires avec le visage du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin avaient circulé peu avant son assassinat par un extrémiste juif le 4 novembre 1995.
Outré, M. Olmert a accusé l’extrême droite de menacer « les fondements démocratiques » d’Israël, et s’est dit décidé à « lutter avec une tolérance zéro contre les phénomènes d’extrémisme et d’incitation à la violence ». « La liberté d’expression n’a jamais tué personne », a rétorqué Barouch Marzel, chef du Front national de la jeunesse, une organisation d’extrême droite responsable de cette campagne virulente.
« Les colons et les courants d’extrême droite sont nerveux à l’approche de la réunion internationale (prévue) fin novembre aux États-Unis, et leur grogne s’amplifiera si des invitations sont ensuite lancées en vue de pourparlers sur (la création d’) un État palestinien », explique le politologue Akiva Eldar.
Autre signe des déchirements : avant un match de football, au lieu de marquer une minute de silence à la mémoire de Rabin, des centaines de supporteurs de l’équipe du Bétar Jérusalem ont conspué son nom, criant « honte », « ordure », et applaudissant au contraire celui de son assassin Yigal Amir. [1] La mouvance de droite et les colons craignent qu’Israël libère de nouveaux contingents de prisonniers palestiniens pour renforcer le président palestinien Mahmoud Abbas face à ses rivaux du Hamas islamique. « J’approuve le principe de la libération d’un contingent significatif de prisonniers palestiniens avant la réunion internationale, car c’est le meilleur moyen de renforcer Abbas », a affirmé M. Ramon.
L’opposition de droite nationaliste et religieuse craint en outre que le cabinet Olmert, conformément à des engagements pris auprès des États-Unis, évacue dans le proche avenir des dizaines de colonies sauvages en Cisjordanie. Elle agite aussi le spectre d’une prise de contrôle de la Cisjordanie par le Hamas qui exposerait le centre d’Israël à des tirs de roquettes.
Faute de mieux, un groupe de huit rabbins ultranationalistes israéliens a sommé cette semaine le président américain George W. Bush de renoncer à la réunion internationale, pour épargner à son pays de nouveaux cataclysmes.