Photo : Parachutage de l’aide à Gaza © Quds News Network
En ne prenant aucune mesure pour contester la fermeture des frontières par Israël et les restrictions imposées à l’aide humanitaire, les États participent non seulement au génocide, mais aussi à la mise en œuvre des "plans du lendemain" élaborés par Israël au mépris flagrant du droit du peuple palestinien à l’autodétermination.
Le 8 mars, les États-Unis d’Amérique (USA), l’Union européenne (UE), Chypre, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis ont approuvé l’activation du corridor humanitaire maritime, ignorant totalement l’existence du poste frontière de Rafah entre l’Égypte et Gaza et des six autres points de contrôle terrestres entre la Palestine de 1948 et Gaza.
"D’un point de vue humanitaire, d’un point de vue international, d’un point de vue des droits humains c’est absurde et cynique", a déclaré le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation. L’ONU, ses agences et ses experts ont à plusieurs reprises appelé Israël à autoriser l’accès aux points de contrôle terrestres existants, estimant que les livraisons terrestres sont le moyen le plus efficace de fournir une aide urgente et immédiate.
Cependant, Israël, soutenu par ses alliés, a non seulement refusé catégoriquement de desserrer son étau sur la bande de Gaza, mais a également réduit la quantité d’aide parvenant à la population palestinienne affamée, en particulier dans le nord, et a entravé le travail de l’UNRWA et de nombreuses autres agences internationales. À la suite des négociations de cessez-le-feu sabotées, Israël a déclaré clairement et à plusieurs reprises que rien ne ferait dérailler son projet d’invasion de Rafah, même s’il en résultera un nouveau génocide et un transfert forcé massif.
L’UE et les États-Unis, les plus ardents défenseurs d’Israël, ont applaudi et inondé les médias de l’idée du corridor, au lieu de faire pression sur Israël pour qu’il annule l’invasion de Rafah, mais aussi pour qu’il ouvre les points de passage terrestres et les points de contrôle. Le choix du corridor maritime/port temporaire a un objectif important, mais il est clair que cet objectif n’est pas de mettre fin à la famine qui a commencé dans la bande de Gaza.
Comme l’Égypte et la Jordanie refusent fermement d’assumer le fardeau des réfugiés palestiniens, il n’est pas déraisonnable de penser que le corridor maritime pourrait finalement être utilisé pour transférer les Palestiniens hors de la bande de Gaza. Si tel est le cas, il s’agit d’une nouvelle indication du soutien colonial occidental aux plans israéliens de "migration volontaire", qui ne serait pas du tout volontaire, mais plutôt un crime international de transfert forcé.
Les parachutages humanitaires et le corridor maritime/port maritime temporaire sont des moyens par lesquels les États occidentaux coloniaux continuent de soutenir Israël et ses objectifs : ils fournissent à Israël d’autres moyens de manipuler l’aide en contrôlant sa distribution. La méthode du parachutage repose sur la population locale pour la distribution et dépend de la capacité physique de ceux qui tentent d’atteindre la zone de parachutage, plutôt que des besoins. Dans le cas de la bande de Gaza, et d’une population qui connaît des niveaux catastrophiques de famine et de malnutrition, le résultat final est que les Palestiniens sont obligés de se battre les uns contre les autres pour obtenir une aide vitale. En fin de compte, pour survivre, les Palestiniens seront contraints d’accepter l’autorité imposée qui contrôlera l’acheminement et la distribution de cette aide, qui sera probablement une entité coloniale israélienne.
En ce qui concerne le corridor maritime, il n’existe pas de registre fiable et complet des bénéficiaires, que seul l’UNRWA possède. Il n’existe pas non plus de plan viable sur la manière d’acheminer ou de distribuer l’aide le long des côtes de la bande de Gaza, qui sont trop peu profondes et nécessitent la construction d’un "port maritime temporaire" qui pourrait prendre deux mois. Le ministre israélien de la guerre, M. Gallant, a déclaré qu’Israël superviserait l’ensemble du processus "pour apporter l’aide directement aux habitants", afin d’exclure le Hamas, mais surtout les agences internationales, en particulier l’UNRWA.
Dans les deux cas, les agences internationales chargées d’assurer la fourniture de l’aide et des services sont mises hors-jeu. Il sera alors commodément nécessaire de remplacer ces agences, soit par une entité contrôlée par Israël, soit par une entité amie, et/ou par la population locale. Par conséquent, les méthodes de distribution par voie aérienne et maritime soutiennent l’objectif d’Israël d’éliminer et de remplacer l’UNRWA, car c’est l’agence d’aide qui a le mandat et la présence nécessaires pour fournir de l’aide.
Les discussions entre États sur la planification, la logistique, les rôles et les contributions concernant le corridor maritime occultent le fait que ces mêmes États arment le génocide israélien. L’ouverture des points de passage terrestres existants est la méthode la plus pratique, faisable, économique et efficace par rapport aux missions de parachutage et à l’installation d’un port maritime.
En outre, l’introduction du corridor maritime vise à occulter et, dans une certaine mesure, à exonérer Israël de son obligation internationale d’assurer la sûreté et la sécurité de la population palestinienne dans la bande de Gaza, y compris la fourniture d’une aide humanitaire inconditionnelle et sans restriction, et d’empêcher la poursuite du génocide, comme l’exigent les mesures provisoires de la CIJ. Alors que la situation de famine à Gaza a été intentionnellement créée et maintenue par Israël, ce dernier a clairement fait peser la responsabilité de l’aide sur les épaules de la communauté internationale.
Outre la complicité et l’implication des États occidentaux coloniaux dans le génocide, le corridor et le port temporaire proposés servent directement les objectifs déclarés d’Israël : mettre fin au rôle de l’UNRWA, établir un mécanisme de distribution local utilisant de "bons" Palestiniens, et un mécanisme potentiel pour le transfert forcé des Palestiniens de la bande de Gaza.
Traduction : AFPS