À la lumière du crime horrible que constitue l’enlèvement d’enfants, ainsi que de la récente disparition mystérieuse de centaines de détenus palestiniens dans la bande de Gaza, Euro-Med Monitor a souligné que la communauté internationale devait assumer ses responsabilités et faire pression sur Israël afin de garantir le retour en toute sécurité de toutes les victimes.
L’organisation basée à Genève a également déclaré qu’elle prenait très au sérieux les informations publiées par la radio de l’armée israélienne le 1er janvier 2024 concernant l’enlèvement d’un nourrisson palestinien à l’intérieur de la maison familiale de Gaza par l’officier israélien Harel Itach, un commandant de la brigade Givati, après l’assassinat des membres de sa famille. La date de l’incident n’a pas été révélée.
Suite à l’annonce du décès de l’officier israélien le 22 décembre 2023 des suites de blessures subies lors des combats à Gaza, un ami d’Itach a révélé l’incident de l’enlèvement et a déclaré que l’on ne sait toujours pas où se trouve la petite fille. Euro-Med Monitor a exprimé sa profonde crainte et son inquiétude quant au fait que l’incident impliquant l’officier et le bébé palestinien n’est pas un cas isolé. De nombreux témoignages que le groupe de défense des droits a reçus indiquent que l’armée israélienne détient et transfère régulièrement des enfants palestiniens sans révéler où ils se trouvent.
En outre, Euro-Med Monitor a reçu des rapports alarmants de nombreuses familles palestiniennes qui ont perdu le contact avec leurs enfants. Il précise que ces rapports proviennent principalement des zones où se déroulent les incursions terrestres israéliennes.
Plus de 7 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, sont portés disparus dans le chaos provoqué par la difficulté de retirer les corps des décombres, l’interruption quasi-totale des communications et d’Internet dans la majeure partie de la bande de Gaza et le déplacement forcé de la grande majorité des familles gazaouies.
Alors que la plupart des disparus auraient péri sous les débris des maisons touchées par les frappes aériennes israéliennes, certains auraient disparus dans les rues ou se seraient volatilisés dans les quartiers où l’armée israélienne a mené des incursions terrestres. Le risque que les soldats israéliens transfèrent de force et fassent disparaître des enfants ne fait qu’augmenter, souligne Euro-Med Monitor, d’autant plus que des centaines de familles palestiniennes ont signalé la perte d’un ou de plusieurs de leurs enfants, et qu’il est généralement impossible de vérifier la localisation et l’état de ces personnes à l’heure actuelle, en raison du génocide israélien en cours.
Rushdi Al-Zhaza, un détenu qui a récemment été libéré d’une séquestration par Israël après avoir été enlevés avec sa famille il y a un mois de leur maison dans le quartier de Zaytoun au sud de la ville de Gaza, a déclaré à Euro-Med Monitor que le sort de sa femme et de ses deux enfants reste inconnu. Al-Zhaza a expliqué que l’armée israélienne l’avait arrêté, ainsi que sa femme Hadeel Youssef Al-Dahdouh et leurs deux enfants, Mohamed, quatre ans, et Zein, six mois, alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de leur propre maison.
Al-Zhaza a déclaré que les deux enfants avaient été enlevés des bras de leur mère et que, lorsque celle-ci avait protesté, les soldats israéliens l’avaient attachée, lui avaient enlevé son foulard et l’avaient enlevée avec les enfants. Des semaines plus tard, les soldats ont relâché Al-Zhaza sans révéler où se trouvait sa femme ni l’état de santé de l’un ou l’autre de leurs enfants. L’armée israélienne lui a dit que ses enfants seraient analysés pour s’assurer qu’ils n’étaient pas des Israéliens détenus dans la bande de Gaza. Euro-Med Monitor a souligné que commettre un tel crime est interdit par le droit international dans tous les cas et toutes les circonstances, quels que soient les motifs ou les raisons.
Dans un autre témoignage documenté par Euro-Med Monitor, une femme palestinienne a déclaré qu’il y a quelques semaines, alors qu’elle était évacuée de la ville de Gaza vers le sud de la réserve naturelle de Wadi Gaza en passant par le point de contrôle de Netzarim, des soldats israéliens ont arrêté une jeune fille de 12 ans aux cheveux blonds. La femme a vu les parents de la jeune fille tenter d’intervenir ; les soldats les ont alors informés que l’enfant serait emmenée car ils la soupçonnaient d’être une détenue israélienne - malgré le fait qu’elle parlait arabe et qu’elle était accompagnée de ses parents. La femme a dû continuer à marcher et a déclaré qu’elle ne savait pas ce qu’il était advenu de l’enfant ou de ses parents.
De nombreuses familles déplacées du nord de Gaza ou des zones d’incursion de Khan Yunis ont déclaré avoir perdu leurs enfants lors d’évacuations ou de bombardements de maisons. Euro-Med Monitor a suivi ces annonces et rapports en permanence, en particulier sur les médias sociaux et dans les groupes WhatsApp de journalistes et d’activistes.
Euro-Med Monitor a indiqué qu’il n’existe pas de décompte précis des détenus palestiniens, notamment en raison de la politique israélienne de disparition forcée, de la difficulté de recevoir des rapports dans la bande de Gaza en raison du grand nombre de personnes déplacées, et de l’interruption presque totale des communications et d’Internet. Cependant, des estimations préliminaires suggèrent que plus de 3 000 personnes ont été détenues par les forces israéliennes, dont 200 femmes et jeunes filles. Ces Palestiniens sont détenus en violation flagrante du droit international, sans qu’aucune information officielle ne soit disponible sur les charges qui pèsent contre eux ou sur leurs conditions de détention.
Euro-Med Monitor a demandé que la communauté internationale oblige Israël à rendre le bébé palestinien disparu que l’officier israélien a reconnu avoir enlevé. Les individus et les organisations en dehors de la bande de Gaza doivent faire pression sur Israël pour qu’il révèle tous les cas d’enlèvement d’enfants palestiniens et qu’il les ramène immédiatement dans la bande de Gaza.
Selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, à laquelle Israël est partie, "le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre" - comme le font fréquemment les soldats israéliens - est considéré comme une des formes du crime de génocide, a confirmé Euro-Med Monitor. La déportation et le transfert arbitraires et illégaux d’enfants constituent également un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et une grave violation des Conventions de Genève.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’Homme a appelé à une action immédiate pour mettre fin à la détention arbitraire et à la disparition forcée de centaines de détenus palestiniens de la bande de Gaza. Le groupe de défense des droits a noté que les États sont tenus de considérer la disparition forcée comme un crime punissable par la loi avec des sanctions appropriées, compte tenu de son extrême gravité, en vertu de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées de 2006, qui est entrée en vigueur en 2010.
Cette convention stipule que la disparition forcée est illégale et constitue un crime contre l’humanité si elle est pratiquée de manière extensive ou méthodique, comme le font actuellement les forces de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a détenu plus de 3 000 personnes dont on ne sait toujours pas où elles se trouvent, a rappelé Euro-Med Monitor, alors qu’aucune information n’a été publiée à leur sujet.
Parallèlement, Euro-Med Monitor a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle oblige Israël à autoriser les équipes de défense civile à récupérer les corps dans les rues de Gaza et sous les décombres, et pour qu’elle accélère la fourniture des outils et équipements nécessaires à cette opération. Cela permettra également de déterminer le nombre de personnes décédées, disparues et/ou considérées comme détenues par les forces israéliennes.
Traduction : AFPS