Elisa Epstein
Coordinatrice des actions de sensibilisation
Le rapport du Département d’Etat des Etats-Unis sur les droits de l’homme récemment publié, destiné à fournir des « informations factuelles » sur les violations des droits de l’homme dans près de 200 pays et à éclairer la politique étrangère des Etats-Unis, comporte de nombreux problèmes et omissions – y compris en ce qui concerne les chapitres relatifs à Israël et à la Palestine.
Les problèmes commencent avec les titres des chapitres. Les années précédentes, le Département d’Etat présentait des chapitres mixtes mais séparés sur « Israël » et « Les Territoires Occupés ». Cette année le Département d’Etat a renommé les chapitres « Israël et les Hauteurs du Golan » et « Cisjordanie et Gaza. » En outre, le rapport fait presque entièrement disparaître toute référence à l’occupation. Les puissances occupantes ont, en application du droit humanitaire international, des responsabilités particulières et l’occultation de la nature du contrôle exercé par Israël sape tous les efforts pour qu’Israël se conforme à ces normes.
Egalement, le rapport va encore plus loin que les années précédentes dans les concessions au discours du gouvernement israéliens sur les questions essentielles. Par exemple, le rapport de l’année dernière met l’accent sur « la discrimination en matière d’institutions et de société à l’encontre des citoyens arabes d’Israël » comme faisant partie « des problèmes les plus importants en matière de droits de l’homme » en Israël. Ceci a disparu dans le rapport de cette année, une tendance au long de beaucoup de chapitres à enlever la discrimination dans la société des synthèses des grandes lignes.
En fait, le chapitre « Israël et les Hauteurs du Golan » omet de façon explicite de mentionner le système discriminatoire à deux niveaux d’Israël à Jérusalem, où la politique israélienne se donne de façon explicite comme but « de maintenir une fort majorité juive dans la ville. » Au lieu de cela, le rapport parle d’« habitants israéliens de Jérusalem » – ce qui probablement comprend les colons juifs illégaux à Jérusalem-Est – en laissant de façon explicite presque toute mention des habitants palestiniens de Jérusalem au chapitre « Cisjordanie et Gaza ».
Le rapport de cette année s’écarte aussi de celui des années précédentes en remarquant que ses rédacteurs « ont recherché et obtenu les contributions du gouvernement d’Israël (et, le cas échéant, de l’Autorité Palestinienne) en ce qui concerne les allégations de violations des droits de l’homme. » Remarquablement, ce genre de mise en garde ou de citation des sources n’apparaît pas dans les chapitres sur des alliés proches des Etats-Unis comme le Japon, le Royaume-Uni, la France, ou l’Allemagne.
Les Etats-Unis ont pendant des décennies manqué d’user suffisamment de leur influence pour faire pression sur le gouvernement d’Israël pour mettre fin à des décennies de répression, de discrimination institutionnalisée, et de violation systématique des droits de Palestiniens. Le rapport de cette année, cependant, parle du glissement sous l’administration Trump vers un blanchiment supplémentaire de ces violations, tout en reconnaissant, par moments, que les violences à l’encontre des Palestiniens ont été mentionnées de façon indépendante par des associations telles que l’Observatoire des Droits de l’Homme.
Loin de renforcer la réputation des Etats-Unis, fermer les yeux devant la réalité ne fait qu’isoler les Etats-Unis du consensus international à propos des violences d’Israël et rend leur voix moins crédible et moins pertinente.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers