pendant environ 160 kilomètres, serpentant sur les collines de Cisjordanie avant de passer au coeur de Jérusalem pour atteindre les rues étroites de Bethléem.
C’est l’itinéraire direct de Nazareth à Bethléem, celui qui se rapproche le plus du voyage décrit dans la Bible quand Joseph et Marie sont allés vers le sud se faire enregistrer par le collecteur d’impôt au temps d’Auguste.
Mais suivre cet itinéraire aujourd’hui c’est traverser le labyrinthe géographique et politique du conflit du Moyen-Orient, en passant par des terres occupées, des routes réservées, des points de contrôle militaires, des colonies israéliennes massivement gardées, des places- fortes de la résistance palestinienne et la barrière en Cisjordanie.
Aujourd’hui l’Archevêque de Canterbury, Rowan Williams, l’Archevêque de Westminster, le Cardinal Cormac Murphy-O’Connor, et d’autres dirigeants de l’église en Grande Bretagne, vont se rendre à Bethléem.
Nazareth se tient au-dessus d’une vaste plaine parsemée de villages arabes et de longues serres en plastique vertes. A quelques minutes en voiture, au sud, la route traverse la limite de 1967 qui sépare Israël de la Cisjordanie occupée. La Ligne verte, comme on l’appelle, n’est pas visible au sol, et n’existe pas dans les manuels scolaires israéliens. La route la traverse au point de contrôle de Jalama, un ensemble de grandes portes métalliques jaunes, surveillées par des tours de garde en béton hautes de deux étages. Quelqu’un a bombé une image d’un renne sur un mur en béton de l’armée, à côté.
A cet endroit, le Mur de Cisjordanie suit la Ligne verte, bien que sur la plus longue partie de son tracé, dont la moitié est construite, il pénètre à l’intérieur de la Cisjordanie. Quand il sera terminé, 10.17% de la Cisjordanie et de Jérusalem- est se retrouvera entre le mur et la Ligne verte, selon l’OCHA ( Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires /UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs).
Mark Regev, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israéliennes, affirme que le système des checkpoints et bouclages en Cisjordanie est basé sur des préoccupations sécuritaires : "C’est une nécessité regrettable. Nous espérons que cela ne durera pas tout le temps.Mais c’est la réalité de la situation," dit-il.
"En 2006 nous avons eu moins d’attaques -suicide qu’en une seule semaine de 2002 et c’est dû en grande partie aux mesures prises par Israël pour empêcher les attentats, dont les check-points font partie." Il a affirmé que le Mur en Cisjordanie a eu un impact significatif sur la réduction des attaques à l’intérieur d’Israël. "Alors que la barrière est une question de qualité de vie pour les Palestiniens, pour les Israéliens, de ce côté de la barrière, c’est une question de vie et de mort."
Les voitures avec des plaques jaunes israéliennes ne peuvent pas pénétrer en Cisjordanie par Jalama. La route mène à Jénine, une place -forte de certains des groupes les plus radicaux de la résistance, dont certains mènent des attaques -suicide. Les Israéliens imposent souvent des restrictions selon l’âge à certains checkpoints, ce qui rend la sortie de Jénine très difficile pour les jeunes Palestiniens0
Au centre de la ville, Sami Jowabri, 44 ans, a sa propre compagnie de taxis. Ses chauffeurs sont devenus des experts en surveillance du système des checkpoints, fermetures et barrages de routes qui parsèment les routes de Cisjordanie. Le nombre des obstacles érigés par l’armée israélienne a augmenté de 40% cette année. I y a maintenant 528 obstacles physiques, selon une déclaration faite en septembre par les Nations unies. L’ONU affirme que les bouclages sont un cause essentielle de la crise humanitaire en Palestine.
"Ca nous pose des tas de problèmes pour le travail," dit Mr Jowabri. "Certains de nos chauffeurs doivent attendre si longtemps aux checkpoints qu’ils doivent dormir dans leurs voitures. Ils [les Israéliens] nous disent que c’est pour la sécurité, mais je ne crois pas que c’est pour la sécurité, si des gens veulent vraiment faire sauter des bombes, ils trouveront le moyen de contourner les checkpoints."
De Jénine la route descend en serpentant au travers des collines et tout à coup elle est bloquée par toute une série de barrières en plastique. Rien ne permet d’expliquer ce bouclage, sauf le passage d’une jeep israélienne et la présence des murs en béton de la colonie de Shave Shomeron, juste au nord de Naplouse.
outes les autres voitures palestiniennes ont quitté la route quelques minutes plus tôt, pour éviter le barrage et le checkpoint d’ Anabta. Les chauffeurs ont pris une route de terre alternative qui traverse des champs et passe des fossés pentus. Elle débouche sur la Route 60, à l’itinéraire modifié, où on trouve cette fois des voitures avec des plaques israéliennes, conduites par les habitants de plusieurs colonies proches -colonies illégales au regard du droit international..
Un peu plus loin, un checkpoint. Toutes les voitures palestiniennes, avec leurs plaques vertes, font la queue, pour le contrôle. Les colons, dans leurs voitures à plaques israéliennes, passent sans s’arrêter.
Bientôt, voici Naplouse, encerclée par les checkpoints où l’armés israélienne, ici encore, impose parfois des restrictions selon l’âge et où les files d’attente sont souvent longues et nerveuses. "C’est de l’humiliation, c’est comme si on vivait toujours au 2ème siècle, pas au 21ème," dit Ali Hassan Ali, 57 ans.
Juste avant d’entre dans Jérusalem, toutes les voitures palestiniennes quittent la route. Pour les Palestiniens de Cisjordanie qui n’ont pas la carte d’identité nécessaire pour entrer dans Jérusalem, il faut emprunter une longue route détournée qui suit une ancienne route d’approvisionnement de l’armée britannique qui s’approche de Jéricho et longe la limite orientale de Jérusalem. Cela prend plus d’une heure quant il n’y a pas de blocage au checkpoints.
Ahmad Shahab, 51 ans, un professeur en études islamiques, va de Ramallah à Eizariya, à mi-chemin de Bethléem. "Ces restrictions, ils les font parce qu’ils ont peur des attaques ? Mais une personne comme moi, qui ai plus de 50 ans, en quoi c’est une menace pour eux ?"
A Bethléem, Victor Batarseh, le maire, regarde depuis son bureau la porte de l’2glise de la nativité. Il accuse les checkpoints et les bouclages d’être responsables de la crise économique qui secoue sa ville. Le chômage atteint 65%, de vastes portions des terres agricoles de la ville ont été confisquées pour le Mur de Cisjordanie et à cause du boycott financier de l’Autorité palestinienne, cela fait 4 mois que les salaires des employés de la municipalité ne sont pas payés.
"Je crois que cette année est le Noël le plus difficile que nous ayons jamais vécu," dit-il. "Le Mur transforme cette ville en une grande prison pour ses habitants. La terre est confisquée, les principales entrées de la ville sont fermées. Tout ça a des effets psychologiques et physiques. On peut seulement espérer que cela va changer."