Le nombre d’habitants juifs dans les colonies de peuplement en Cisjordanie occupée a augmenté de 5,1 % en 2007, selon des chiffres communiqués hier par le ministère de l’Intérieur israélien.
La population juive en Cisjordanie s’élevait début janvier 2008 à 282 362 âmes contre 268 163 en janvier 2007, et 253 371 en janvier 2006.
Le rythme d’augmentation de la population des colonies est trois fois supérieur au rythme d’augmentation global de la population israélienne (1,7 %). Cette différence s’explique à la fois par l’installation de nouveaux colons dans les implantations existantes et par le haut taux de natalité dans les implantations religieuses.
Ces chiffres ne comprennent pas les quelque 180 000 Israéliens vivant dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est annexée après sa conquête en juin 1967. La population des colonies (hors Jérusalem-Est) représente 4,4 % de la population globale israélienne, qui s’élève à 7 millions de personnes.
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Maalé Hazeitim, bastion juif en construction dans Jérusalem-Est
Ecrit par Stéphane Amar, Libération
22.01.08
ImageImpossible de rater le chantier. Au cœur de Ras al-Amoud (Cisjordanie), au pied du cimetière du mont des Oliviers, pelleteuses et bulldozers sont à l’œuvre dans un immense nuage de poussière. « Ici on construit 60 logements », annonce une pancarte en hébreu. Le futur bâtiment sera identique à celui qui se dresse déjà sur le terrain mitoyen : une résidence de bon standing où vivent une soixantaine de familles juives.
Devant la grille d’entrée, un homme armé monte la garde. Hormis le poste de police israélien tout proche, le voisinage est exclusivement arabe.
Maalé Hazeitim compte parmi la quarantaine d’implantations juives disséminées à travers Jérusalem-Est. « C’est ici la vraie Jérusalem, celle dont parle la Bible », affirme Arié King, un des principaux artisans de la colonisation urbaine à l’est, qui expose sans complexe sa stratégie. « Nous avons installé 200 familles juives dans les quartiers arabes. C’est encore trop peu, mais ce n’est qu’un début. Rappelez-vous qu’il y a cent ans, il n’y avait aucun Juif à Rehavia [quartier huppé de Jérusalem-Ouest, ndlr]. »
Corridor. Arié King poursuit un double objectif : renforcer la présence juive à Jérusalem-Est et empêcher coûte que coûte les Palestiniens d’y établir la capitale de leur futur Etat. Le choix de Ras al-Amoud ne doit rien au hasard. Le quartier constitue le dernier corridor entre la Cisjordanie et la Jérusalem arabe. Y construire des implantations juives, c’est empêcher toute continuité territoriale entre Jérusalem et un éventuel Etat palestinien.
« Maintenant qu’ils sont là, les Juifs ne partiront plus », estime Moussa Hammad, qui tient un café tout près du chantier. Il affirme : « Au quotidien, nos relations sont correctes. Au début, les gens ont manifesté, mais très vite ils ont réalisé qu’on ne pouvait rien y changer. »
L’implantation juive à Ras al-Amoud a démarré en 1997. A l’époque, Arié King et trois autres militants religieux nationalistes s’installent dans une petite caravane blanche que l’on aperçoit encore derrière les immeubles. Il y eut bien quelques jets de pierres et des manifestations, mais une fois les caméras de télévision parties, les grands travaux ont débuté comme si de rien n’était. « Cela fait trois ans que je vis ici et je n’ai jamais eu aucun souci avec mes voisins arabes », assure David Lévy, père de cinq enfants et propriétaire d’un grand appartement à Maalé Hazeitim. « Au contraire, les Arabes sont contents de nous voir ici, cela a fait monter les prix dans le quartier », rigole-t-il.
La deuxième phase d’implantation à Maalé Hazeitim - intervenant à peine une semaine après la visite de George Bush - a pourtant fait hurler les Palestiniens et la gauche israélienne. D’évidence, le projet immobilier apparaît peu compatible avec la relance des négociations de paix. Mais à la différence des colonies « sauvages » qui fleurissent sur les collines de Cisjordanie, les implantations urbaines n’ont rien d’illégal au regard de la loi israélienne. Juridiquement, le gouvernement ne peut empêcher des Juifs de construire à l’est. « Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem après la guerre des Six Jours, explique Efrat Cohen-Bar, de l’association israélienne Bimkom. Officiellement la loi est la même dans toute la ville. Et en pratique, les Juifs obtiennent plus facilement les permis de construire que les Arabes, même à Jérusalem-Est. »
Hommes de paille. A Ras al-Amoud, les associations juives ont déniché un titre de propriété de pionniers sionistes datant de la fin du XIXe siècle. Mais souvent ils acquièrent à prix d’or les biens immobiliers des Arabes. L’Autorité palestinienne punissant de mort quiconque vendrait à un Juif, les associations utilisent des hommes de paille arabes et financent l’installation du vendeur et de sa famille aux Etats-Unis ou en Amérique latine. En avril 2006, un Palestinien du mont des Oliviers qui avait vendu sa maison à des Juifs a eu le tort de rester vivre à Jérusalem. Son corps, criblé de sept rafales de mitraillette, a été retrouvé au bord de la route qui mène à Jéricho.
Malgré ce genre d’intimidations, les transactions se poursuivent, dans la plus grande discrétion. Et les Juifs particulièrement motivés idéologiquement se bousculent pour peupler ces colonies urbaines. « Ce qui compte pour nous, c’est de mettre les Palestiniens devant le fait accompli, reconnaît David Lévy. Bien sûr, au fond d’eux-mêmes, ils n’accepteront jamais notre présence. Mais ils savent que, pour l’instant, ils n’ont pas le choix : le rapport de force est en notre faveur. Nous non plus avant 1967 [et la guerre des Six Jours], nous ne supportions pas que cette partie de Jérusalem soit aux mains des Arabes. Mais nous avons attendu, jusqu’à ce qu’on devienne les plus forts. »
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