L’influence croissante d’Israël en Afrique - notamment l’obtention du statut d’observateur auprès de l’Union africaine, la plus grande organisation politique du continent - a rendu furieux de nombreux militants pro-palestiniens, rapporte l’agence de presse Anadolu.
Le mois dernier, des militants de toute l’Afrique se sont réunis à Dakar, la capitale du Sénégal, pour mobiliser le soutien à la lutte de libération palestinienne sous le thème "De l’Afrique à la Palestine, unis contre l’apartheid".
Les militants présents à la conférence ont réaffirmé la position historique de l’Afrique sur la Palestine et le lien indéfectible entre Africains et Palestiniens qui partagent une lutte commune contre l’occupation, le colonialisme et l’apartheid.
Les liens diplomatiques croissants d’Israël sur le continent ont été considérés par certains experts comme un facteur susceptible d’affecter le soutien dont bénéficie la Palestine sur le continent depuis des décennies.
"Le régime israélien d’apartheid a tenté d’infiltrer le continent africain, mais il a échoué. Au lieu de cela, il y a une augmentation des efforts de solidarité avec la Palestine à travers la totalité du continent,’’ a déclaré Muhammad Desai, directeur d’Africa 4 Palestine - organisation de défense des droits de l’Homme basée en Afrique du Sud - à l’Agence Anadolu dans une interview téléphonique lundi.
Iqbal Jassat, responsable du groupe de réflexion Media Review Network, basé à Johannesburg, a déclaré que "la Palestine en Afrique a toujours bénéficié du statut de leader de mouvement de libération".
Jassat a déclaré que le rôle de lutte qui a valu à la Palestine beaucoup d’empathie et de soutien était incarné par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
"La présence symbolique de Yasser Arafat lors d’événements clés dans les capitales africaines, en particulier pendant la lutte anticoloniale du continent, l’a fait connaître aux populations, ainsi que le mouvement qu’il représentait", a-t-il déclaré dans une interview.
Jassat a déclaré que la stature d’Arafat en tant que géant menant la lutte pour la liberté de la Palestine était égale à celle de l’icône sud-africaine, Nelson Mandela.
"Malheureusement, cette époque est révolue depuis que l’OLP s’est empêtrée dans la manipulation de l’Amérique pour la forcer à reconnaître Israël", a-t-il déclaré, en faisant référence à l’Organisation de libération de la Palestine, fondée par Arafat, ajoutant que "non seulement cela a atténué et supprimé la quête de libération de la Palestine de l’agenda politique de l’Afrique, mais cela a permis à Israël de se frayer un chemin sur le continent".
Nkosi Zwelivelile Mandela, membre du Parlement sud-africain, chef du conseil traditionnel de Mvezo et petit-fils de Nelson Mandela, figurait parmi les personnes qui se sont adressées aux délégués lors de la conférence de Dakar en mars.
N. Z. Mandela s’est dit honoré d’avoir été parmi les nombreux jeunes Africains courageux qui ont réaffirmé la position historique de l’Afrique sur la Palestine et le lien indéfectible entre Africains et Palestiniens.
"J’imagine que ce sentiment de camaraderie est similaire à celui que mon grand-père, Nelson Mandela, aurait éprouvé il y a 60 ans lorsqu’il s’est rendu à Dakar pour mobiliser le soutien africain à la lutte de libération de l’Afrique du Sud", a-t-il déclaré.
N. Z. Mandela a déclaré qu’il était regrettable qu’Israël déploie ses tentacules en Afrique en offrant des logiciels d’espionnage, des armes et des technologies agricoles pour gagner en influence auprès de certains régimes africains douteux.
"Autrefois bastion de la lutte anticoloniale, les lions d’Afrique ont permis qu’on leur jette de la poudre aux yeux", a déclaré N. Z. Mandela dans son discours.
Il a ajouté que qui aurait cru, il y a dix ans, le régime d’apartheid israélien se verrait accorder le statut d’observateur au sein de l’Union africaine ?
"Nous devons réfléchir profondément à ce qui s’est passé sur notre continent et à la manière dont le régime d’apartheid israélien et sa machine de lobbying sioniste se sont insinués insidieusement dans la psyché africaine et se sont immiscés dans nos structures, ouvertement et secrètement", a-t-il déclaré.
Dans un article publié ce mois-ci, le petit-fils de Mandela a déclaré qu’Israël exportait des armes testées sur des Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés, entre autres, vers certains des régimes les plus meurtriers d’Afrique, alors qu’il cherche à renouer des liens avec la majeure partie du continent africain qui l’avait boycotté après la guerre du Kippour de 1973.
Il a affirmé qu’Israël a armé le régime d’apartheid sud-africain dans les années 1970 et 1980.
"Dans les années 1990, le gouvernement israélien a violé l’embargo international sur les armes à destination du Rwanda et a fourni des armes aux forces gouvernementales Hutu, ainsi qu’à l’armée rebelle de l’actuel président Paul Kagame, alors que le génocide était en cours", a-t-il ajouté.
Le commentateur politique Mustafa Mheta a déclaré lundi à l’agence Anadolu qu’Israël ne cherchait pas à s’allier uniquement à des fins économiques, mais aussi pour renforcer son soutien lors des votes à l’ONU, où depuis des années les pays africains votent contre l’État du Moyen-Orient.
M. Mheta a déclaré que pendant de nombreuses années, les États africains se sont prononcés contre Israël en raison de son occupation continue du territoire palestinien et de son agression, mais les intérêts économiques et sécuritaires offerts à certains d’entre eux semblent avoir compromis leur position.
Les pays d’Afrique australe et ceux du nord ont continué à dénoncer les atrocités commises par Israël dans les territoires palestiniens occupés.
Les efforts déployés pour obtenir un commentaire du gouvernement israélien sont restés vains.
Traduction : AFPS