Lors de l’audience devant le tribunal hier et en réponse à l’appel qui avait été déposé par les détenus, le président de la haute cour de Justice, le juge israélien Asher Gronis a souligné « le droit des prisonniers à recevoir une éducation académique n’est pas garanti par la loi, en particulier dans le système judiciaire constitutionnel, par conséquent priver les prisonniers palestiniens de ce droit ne constitue pas une discrimination illégale ».
Le plus grave est que cette décision est initialement une décision politique prise au plus haut niveau de la pyramide politique israélienne afin de se venger contre les prisonniers, en réponse à la détention du soldat "Shalit" par les factions dans la bande de Gaza.
Ce n’est pas la première fois que le système judiciaire israélien adopte les décisions politiques et légitime de nombreuses violations contre les prisonniers, ce qui reflète le mépris du régime israélien avec ses différentes composantes, des règles du droit des prisonniers et leur participation dans le déni.
Le 18 mars 2009, en réponse à l’échec des négociations concernant l’échange de prisonniers, le gouvernement israélien dirigé par "Ehud Olmert" a procédé à la formation d’un comité ministériel présidé par le ministre de la Justice de l’époque, "Daniel Friedman" et épaulé par le conseiller juridique du gouvernement.
Leur mission était d’étudier les conditions de détention des prisonniers palestiniens, de faire une évaluation à condition égale aux conditions de détention du soldat "Shalit" et de reconsidérer les "privilèges" qui leur ont été accordés, d’après eux.
Cette commission a émis un ensemble de recommandations et de résolutions qui visaient à sévir par tous les moyens contre les prisonniers palestiniens, parmi ces recommandations, la privation de ces derniers de leur droit aux études universitaires.
En effet, l’administration pénitentiaire a commencé à appliquer ces mesures contre les nouveaux détenus dans un premier temps puis mis des obstacles face aux étudiants inscrits précédemment. Elle a interdit l’entrée de la majorité des journaux, des magazines, et a confisqué la plupart des livres ainsi que les chaînes de télévision satellite.
Au mois de Juin de l’année dernière et deux jours avant le cinquième anniversaire de la détention du soldat " Shalit" , le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mené une attaque brutale contre les prisonniers palestiniens, affirmant qu’ils vivent une fête lors d’une de ces déclarations célèbres quand il a dit : « La fête est terminée, nous allons durcir les conditions de détention des tueurs dans les prisons, à compter d’aujourd’hui il ne sera plus permis aux prisonniers de recevoir un master de tuer ou un Doctorat de terrorisme" . Le but déclaré était d’arrêter toutes formes d’éducation pour les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.
Ces déclarations étaient perçues comme une vengeance et une punition collective visant à faire pression sur les factions qui détiennent le soldat "Shalit" et en même temps considérées comme un ordre soumis à exécution immédiate et un feu vert à toutes les sanctions et les exactions à l’encontre des prisonniers. Tous les examens scolaires prévus ont été annulés sur le champ et tous les livres et les accessoires ont été saisis et empêchés d’entrer.
Bien que la question du soldat "Shalit" soit terminée et qu’il est retourné à son domicile et à sa famille, et que toutes les mesures punitives prises après sa capture, y compris la loi "Shalit", étaient censées cesser, les actions punitives se sont multipliées, et les violations se sont poursuivies et intensifiées. La décision de la haute Cour de Justice de priver les prisonniers de leur droit à l’éducation s’inscrit dans le contexte des violations nombreuses et continues de leurs droits, qui ne cessent d’augmenter et de manière significative depuis.
A rappeler que le droit à l’éducation est l’un des droits de l’homme, parfois qualifié de « deuxième génération ». Ce droit a été consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (article 26), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 (articles 2, 13 et 141).
Dans les prisons israéliennes, ce droit a été arraché après bien des souffrances et de sang versé par le mouvement des prisonniers palestiniens suite à la grève de la faim générale de 1992 suivie dans toutes les prisons israéliennes et qui a duré 19 jours.