À la suite de l’onde de choc générée par les enquêtes mondiales du projet Pegasus révélant le nombre important de journalistes, de défenseurs des droits de l’Homme, de dissidents politiques et même de chefs d’État ciblés par les logiciels espions de NSO, le Ministre de la défense, Benny Gantz, a pris un avion de nuit pour Paris. Espérant arrondir les angles avec le Président français, Emmanuel Macron, dont le téléphone figurait sur une liste de cibles potentielles pour une éventuelle surveillance pour le Maroc dans l’affaire Pegasus, Gantz a assuré à son homologue, Florence Parly, qu’Israël examinait les allégations.
Les retombées de NSO ont constitué un test majeur pour Gantz, qui s’est engagé à plusieurs reprises dans le passé à ne pas vendre d’armes à des États "racistes et meurtriers."
Les révélations selon lesquelles les outils de surveillance de NSO ne sont pas utilisés uniquement pour lutter contre le crime et le terrorisme ont provoqué une crise diplomatique pour le nouveau gouvernement israélien. Outre la France appelant une enquête sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus, les législateurs américains ont réclamé des mesures punitives contre NSO et des manifestants se sont réunis en Inde, en Hongrie et au Mexique.
L’establishment de la sécurité israélienne fait au moins semblant de s’inquiéter. Des représentants du Ministère de la défense ont effectué une sorte de "visite surprise" au siège de la société afin "d’examiner les rapports et les allégations concernant la compagnie", comme l’a confirmé un porte-parole du ministère. Le cabinet a nommé un groupe interministériel chargé d’examiner les conclusions des rapports Pegasus, comprenant non seulement des représentants des ministères de la défense, de la justice et des affaires étrangères, mais aussi de l’armée et des agences de sécurité et de renseignement.
La sous-commission du renseignement de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset doit, quant à elle, discuter de la politique israélienne en matière de cyber-exportations.
En fin de compte, il faut se rappeler qu’Israël joue ici un double jeu. Il fait mine d’enquêter et de réprimander NSO maintenant, mais pendant des années, l’État a servi d’intermédiaire entre NSO et un certain nombre de dictatures.
Le projet Pegasus est une enquête collaborative impliquant 17 organisations médiatiques dans 10 pays, coordonnée par Forbidden Stories avec le soutien de la sécurité d’Amnesty International.
Traduction : AFPS