Photo : une rue du camp de réfugié.e.s de Jénine dont la chaussée et les voitures qui y étaient stationnées, ont été détruites par un bulldozer israélien le 3 juillet 2023 - Source : Times of Gaza
Depuis plus de vingt-quatre heures, l’armée israélienne mène des opérations à l’intérieur du camp de réfugiés de Jénine, un lieu densément peuplé, comme s’il s’agissait d’un champ de bataille et non d’un lieu où des êtres humains vivent, travaillent, étudient et rêvent.
À ce jour, les témoignages font état de frappes aériennes et d’une invasion terrestre par des chars, des véhicules blindés de transport de troupes, des bulldozers et des centaines de soldats. Dix personnes auraient été tuées jusqu’à présent, et des centaines blessées, dont certaines grièvement. L’évacuation des blessés est un défi car les militaires ont détruit les routes à l’intérieur du camp ainsi que les voies d’accès. Les hôpitaux sont débordés et ont des difficultés à fournir aux blessés qui ont été évacués les soins dont ils ont besoin. L’eau, l’électricité et les services Internet auraient été coupés. Par ailleurs, les centres médicaux ont également subi des dégradations. Les maisons et autres biens privés ont aussi subi des dégâts considérables. Des milliers de civils - enfants, femmes, hommes et personnes âgées - ont été contraints de fuir leurs maisons, certains sans savoir où ils pourraient aller.
Pour le gouvernement israélien, ces actions sont une nécessité et font partie de sa « lutte contre le terrorisme ». Cette idée sous-jacente a été acceptée sans discussion par l’ensemble du spectre politique israélien, les membres de presque tous les partis se ralliant au gouvernement, de même que de nombreux membres de la communauté internationale. Mais les combats dans le camp de réfugiés ne sont pas étrangers aux objectifs du régime d’apartheid, qui s’emploie depuis des années à faire progresser la suprématie juive dans toute la zone allant de la mer Méditerranée au Jourdain et à exercer un contrôle militaire sur les Palestiniens dans les territoires occupés. Le fait de commettre des violations massives des droits humains tout en niant l’humanité des Palestiniens reflète la vision du monde de ce régime.
Contrairement à ce qu’affirment les responsables politiques de l’armée et du gouvernement, une telle atteinte intentionnelle et généralisée aux civils est illégale et va à l’encontre des normes morales fondamentales de l’humanité. Certaines actions sont hors limites, même s’il s’agit d’une « guerre contre le terrorisme », et encore plus lorsque le but est de faire avancer des objectifs politiques racistes et violents.
Les responsables politiques refusent de faire la distinction entre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, ce qui est légitime et ce qui est criminel, ce qui est humain et ce qui est cruel. Pour le public israélien, dont une grande partie lutte depuis des mois contre les plans gouvernementaux qui menacent de violer ses droits, c’est l’occasion de s’opposer aux violations des droits humains commises par ce même gouvernement et qui ont lieu en ce moment même. La communauté internationale a l’obligation de fixer des limites à Israël et d’agir de manière ferme pour mettre fin à son attaque contre le camp de réfugiés de Jénine.
Traduit par : AFPS