Les rues du camp de réfugiés de Jénine sont bordées d’affiches rendant hommage aux Palestiniens tués par les forces israéliennes. Les images, de jeunes et de plus âgés, rappellent constamment le prix que cette ville palestinienne paie pour sa résistance.
Depuis plus de vingt ans, le camp, qui se trouve dans la ville éponyme de Jénine, en Cisjordanie, est devenu un centre d’intérêt international et un fief de la détermination des Palestiniens à défier l’occupation israélienne.
Au cours des deux dernières années, Israël a multiplié les raids meurtriers sur Jénine, tuant plus de 100 Palestiniens depuis 2022.
Le dernier assaut israélien sur le camp de réfugiés, qui a débuté lundi, a choqué les habitants par l’ampleur des destructions qu’il a laissées dans son sillage.
Au cours de cette dernière opération israélienne, plus de 4 000 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs maisons. Au moins 11 personnes ont été tuées, plus de 100 autres blessées et d’innombrables maisons ont été détruites.
Le 11 mai 2022, Shireen Abu Akleh, une journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera arabe, a été abattue par les forces israéliennes alors qu’elle couvrait une opération militaire israélienne à Jénine.
L’héritage du déplacement
Ces dernières années, le camp de réfugiés de Jénine a été transformé en forteresse. La plupart des personnes qui tentent d’y entrer ou d’en sortir se heurtent à des barrières d’acier installées par Israël, à des postes de contrôle en béton et à des caméras de sécurité.
Le camp de Jénine a été créé en 1953 par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) afin d’accueillir les Palestiniens déplacés pendant la guerre de 1948 qui a donné naissance à l’État d’Israël. Sa population faisait partie des plus de 700 000 Palestiniens chassés de chez eux par les milices sionistes.
Le camp couvre une superficie d’environ 0,42 km² à la périphérie de Jénine.
Conçu à l’origine comme une installation temporaire, ses habitants ont enduré des générations d’épreuves et pour beaucoup d’entre eux, il est devenu leur foyer permanent.
Tout au long de son histoire, le camp de réfugiés de Jénine a été confronté à de nombreux défis, allant du manque d’infrastructures et de la surpopulation à un accès restreint aux services élémentaires, en grande partie à cause de l’occupation israélienne en cours.
Avec l’augmentation de la population du camp au fil des ans, les mauvaises conditions de vie et le manque de ressources ont rendu la vie quotidienne difficile pour ses habitants.
Le manque de logements adéquats, d’installations sanitaires appropriées et de sources d’électricité fiables représente également un défi quotidien pour les résidents palestiniens.
L’UNRWA indique que le camp abrite actuellement plus de 23 000 réfugiés palestiniens enregistrés, dont quelque 7 000 sont des enfants de moins de 18 ans.
Se battre contre les difficultés
Malgré ces difficultés persistantes, les Palestiniens du camp ont cherché à s’organiser pour offrir à leur population une éducation et un épanouissement personnel.
Le Théâtre de la Liberté, créé en 2006, est un exemple remarquable de la capacité d’émancipation des habitants du camp.
Ce théâtre est devenu un symbole de résistance artistique, offrant un espace d’expression culturelle, de production théâtrale et d’éducation, bien que son fondateur Juliano Mer-Khamis ait été assassiné en 2011.
Il a également permis à la jeune génération de consacrer son énergie et sa créativité à des activités utiles, favorisant ainsi un sentiment d’espoir et de résilience.
Le camp de réfugiés est également devenu un haut lieu de la résistance palestinienne à l’occupation israélienne.
Pour les Palestiniens, le camp a acquis la réputation d’être la « capitale des martyrs » en raison du nombre de personnes tuées par les forces israéliennes.
Les résidents du camp ont participé à la première Intifada dans les années 1980 et au début des années 1990, puis à la deuxième Intifada au début des années 2000.
Attirer l’attention de la communauté internationale
Au cours de la seconde Intifada, le camp de réfugiés de Jénine a attiré l’attention de la communauté internationale lorsqu’il est devenu le théâtre d’un conflit intense entre les forces israéliennes et les militants palestiniens.
Pour Israël, le camp de réfugiés est une épine dans le pied de l’occupation depuis des décennies.
En 2002, Israël a lancé un assaut généralisé contre le camp de réfugiés, affirmant qu’il servait de rampe de lancement pour les activités de résistance.
L’armée israélienne avait déployé d’importantes forces contre des résistants palestiniens bien retranchés. Les combats ont duré près de 11 jours, au cours desquels au moins 23 soldats israéliens et 52 Palestiniens avaient été tués, selon l’ONU.
Selon Human Rights Watch, Israël avait tué alors au moins 22 civils et 27 combattants palestiniens. Des centaines de maisons palestiniennes avaient été détruites lors de l’assaut.
Israël avait déclaré que son objectif était de capturer ou de tuer des militants palestiniens.
Traduit par : AFPS