Le sommet des non-alignés des 30 et 31 août à Téhéran, en Iran, a ravivé les divisions palestiniennes latentes. Après que le president palestinien Mahmoud Abbas a menacé de boycotter le sommet si le Hamas y était représenté, le porte-parole du sommet, Mohammad Reza Forqami, cité par les médias iraniens, a déclaré dimanche 26 août que seul M. Abbas avait été invité en tant que représentant officiel de l’entité palestinienne qui est l’un des 120 membres du Mouvement des Non-Alignés.
Lors de ce sommet, l’Iran souhaite obtenir des pays non alignés un soutien face aux Occidentaux sur son dossier nucléaire, mais également sur la crise syrienne ou la question palestinienne. Sur ce dossier, Téhéran fait ainsi une concession à la diplomatie en invitant au sommet le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui reconnaît Israël, et en excluant le mouvement islamiste Hamas, son principal allié palestinien qui prône une lutte sans concession contre l’Etat hébreu.
Vendredi, le bureau du premier ministre de Gaza, Ismaïl Haniyeh avait annoncé que le chef du gouvernement du Hamas à Gaza avait été invité au sommet par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et confirmé samedi qu’il se rendrait à Téhéran "en tant que premier ministre élu par le peuple palestinien" après les législatives de janvier 2006, même en cas de boycott par M. Abbas.
"Ne pas perpétuer la division"
Finalement, Ismaïl Haniyeh a renoncé à participer au sommet des non-alignés. "Le premier ministre a reçu une généreuse invitation du président iranien à participer au sommet des non-alignés (...) mais il a décidé aujourd’hui de la décliner et de présenter ses excuses", a indiqué son porte-parole Taher Al-Nounou dans un communiqué. "Parce qu’il ne veut pas que sa participation soit prétexte à accentuer les divisions palestiniennes, arabes et islamiques, et qu’il place les intérêts suprêmes de la cause palestinienne au-dessus de tout", a ajouté le communiqué.
Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Malki, a précisé dimanche que le ministère des affaires étrangères iranien avait confirmé à des diplomates palestiniens que M. Haniyeh n’avait "pas été convié" à Téhéran. M. Malki se rendra lundi en Iran pour participer à des réunions des ministres des affaires étrangères du mouvement des non-alignés et "demander des clarifications supplémentaires" aux hôtes iraniens.
Le président Abbas, dont ce sera la première visite en Iran, doit en principe partir en milieu de semaine prochaine pour le sommet de Téhéran. Dans une allusion à la polémique, le président Abbas a affirmé dimanche que "les Palestiniens ne laisseront personne les diviser", sans citer l’Iran, dans un discours à Ramallah, en Cisjordanie. "Nous devons nous débarrasser des stigmates de la division et persévérer jusqu’à ce que nous réalisions notre unité", a-t-il insisté au siège de l’Autorité palestinienne, qu’il préside.
Le mouvement Fatah, présidé par M. Abbas, et le Hamas sont à couteaux tirés depuis que le mouvement islamiste a pris le contrôle par la force de la bande de Gaza en 2007. Et les dirigeants de l’Autorité palestinienne accusent régulièrement l’Iran d’entraver les efforts de réconciliation. Un accord de réconciliation nationale a été signé en avril 2011 entre le Fatah et le Hamas, mais il n’a pas encore été appliqué.