Dans une interview à la station de télévision ’’El-Houra’’, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a laissé entendre que le Fatah pourrait entrer dans un cabinet d’union nationale dirigé par le Hamas si les deux mouvements parvenaient à s’accorder sur un programme de gouvernement et respecter quelques conditions.
C’est la première fois depuis les élections du janvier que Abbas déclare publiquement que son parti pourrait rejoindre le nouveau gouvernement.
"Le Fatah n’a encore décidé s’il va rester en dehors du gouvernement ", a déclaré président Abbas.
" Le groupe du Fatah au Parlement va tenir des discussions sur tous les sujets avec celui qui sera chargé de la formation du gouvernement. S’il y a une base mutuelle, le Fatah rejoindra le gouvernement dans l’intérêt de tout le peuple palestinien ", a-t-il précisé.
Ce matin le Fatah et le Hamas ont conclu de commencer à mener des consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les présidents des groupes parlementaires, Mahmoud a-Zahar (Hamas) et Azzam al-Ahmed (Fatah) s’entretiendront en ce sens dans les prochains jours.
Le mouvement islamique a entamé des pourparlers avec d’autres forces politiques en Palestine dans le but de les associer à la gestion de l’Autorité nationale palestinienne (ANP).
Mahmoud Zahar, le responsable du mouvement Hamas chargé de diriger les consultations, a annoncé son espoir d’arriver à constituer un gouvernement d’ici deux semaines.
Le FPLP, Front populaire de libération de la Palestine et le FDLP, Front Démocratique de Libération de la Palestine, ont donné leur " accord de principe ", mais pas le Djihad islamique.
Lundi après-midi, une délégation du Hamas a rencontré les dirigeants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). L’un de ses dirigeants, Rabah Mouhana, a qualifié cette rencontre de " positive " et laissé entendre que son mouvement accepterait de participer au gouvernement d’union la plus large possible que le Hamas cherche à former, après avoir « trouvé un accord sur le programme politique ».
Kayed al Ghoul, un autre dirigeant du FPLP, a déclaré que les dirigeants du Hamas avaient "promis qu’une fois au pouvoir ils n’arrêteraient pas de combattants et libéreraient tous ceux qui sont dans les prisons palestiniennes" [1].
Mahmoud Al-Zahhar, un dirigeant du Hamas et responsable du groupe Hamas au Parlement,menait les négociations pour le Hamas, et Salah Al-Bardawil, porte-parole du Hamas au CLP (Parlement palestinien) a indiqué que la réunion avait été « aimable, pratique et positive » et que plusieurs points d’accord s’en étaient dégagés.
Plus tôt dans la journée, le Hamas s’était entretenu avec d’autres groupes radicaux, dont le Djihad islamique, qui a refusé de le rejoindre au gouvernement.
Le Jihad islamique a boycotté les élections du 25 janvier qui ont amené le Hamas au pouvoir, mais le chef de ce mouvement islamiste dans la Bande de Gaza, Nafez Azzam, a promis de coopérer avec le Hamas "dans le domaine de la résistance visant à protéger les intérêts de notre peuple". Il a affirmé à des journalistes que des réunions qui se tenaient entre les deux mouvements « dans et à l’extérieur de la patrie » ont insisté sur l’importance de la résistance, et affirmé que le Jihad islamique « restait dans le même tranchée que le Hamas face aux pressions sionistes et internationales ».
Avant la réunion de lundi, le Djihad islamique avait dit craindre qu’un gouvernement dirigé par le Hamas ne soit lié par les accords israélo-palestiniens passés, que les deux organisations rejettent.
Pour sa part, Salah Al-Bardawil, a indiqué que la porte restait ouverte pour les loyalistes qui voulaient participer au gouvernement, et que le dialogue avec le Jihad continuerait pour trouver le mécanisme qui permettrait leur participation politique.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a aussi déclaré dans cet interview que les contacts avec l’administration américaine et les pays donateurs pour faire face à la crise palestino-israélienne avancent. Il a exprimé l’espoir qu’après la formation du nouveau gouvernement, la trêve continuera et que l’état de droit sera imposé, afin de permettre à l’ANP d’attirer les investisseurs et « d’améliorer la situation du peuple palestinien qui a trop souffert et continue à trop souffrir. »
Le président de l’ANP appelle le Hamas à plus d’ouverture vers le monde et à étendre ses perspectives alors qu’il entame une nouvelle étape.