Dans une résolution adoptée par 29 voix contre 11, le nouveau Conseil a appelé Israël à mettre fin à son intervention armée et demandé la libération immédiate des ministres et députés palestiniens arrêtés la semaine dernière par l’armée israélienne.
Cinq pays se sont abstenus lors du vote qui survient alors qu’Israël est engagé dans sa plus grosse opération militaire depuis son retrait de la bande de Gaza l’an dernier.
Aux termes de la résolution déposée par les pays musulmans, le Conseil a en outre décidé l’envoi d’une mission urgente d’établissement des faits dirigée par le rapporteur spécial de l’Onu pour la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, John Dugard.
Israël a par le passé refusé de collaborer avec M. Dugard et ses prédécesseurs.
Dans son intervention devant le Conseil, le rapporteur spécial a estimé que l’offensive à Gaza était "moralement répréhensible".
"Israël est manifestement en violation des normes les plus fondamentales du droit humanitaire et des droits de l’homme", a dénoncé M. Dugard, évoquant l’interdiction des châtiments collectifs.
Les arrestations de responsables du Hamas semble s’apparenter à des prises d’otages, a-t-il ajouté.
A propos du soldat israélien enlevé par un groupe armé palestinien, à l’origine de l’offensive à Gaza, le rapporteur spécial a émis l’espoir qu’il soit "bien traité en tant que prisonnier de guerre et libéré en bonne santé".
Le texte adopté jeudi fait part de la "profonde préoccupation" du Conseil à l’égard "des violations des droits de l’homme du peuple palestinien provoquées par l’occupation israélienne, notamment par les opérations militaires israéliennes en cours".
La résolution a été adoptée durant la première session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme entamée mercredi sur demande des pays arabes, soutenus par la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du sud.
Un tiers des 47 membres du Conseil peuvent demander une telle réunion en cas de situation de crise en matière de droits de l’homme.
Les pays occidentaux ont estimé que cette résolution était entachée de partialité car elle s’abstient d’examiner l’enlèvement du soldat Gilad Shalit ainsi que les tirs de roquettes contre Israël.
Le différend a empêché l’adoption de ce document par consensus et les pays membres sont passés au vote.
Le texte appelle "toutes les parties en présence à respecter les règles du droit humanitaire international et à s’abstenir de commettre des actes de violence envers les civils" mais cette disposition n’a pas suffi à rééquilibrer suffisamment la résolution aux yeux des Occidentaux.
En conséquence, les Etats-Unis, qui ne font pas partie du Conseil mais y assistent en tant qu’observateurs, se sont dits "déçus" par la résolution.
"Une chance historique de traiter la question des droits de l’homme de façon juste, équitable, et équilibrée a débouché sur une mise en accusation du seul Israël", a déploré l’ambassadeur des Etats-Unis à Genève, Warren Tichenor.
Mission du Conseil des droits de l’homme de l’Onu à Gaza
LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU DÉPÊCHE UNE MISSION À GAZA
Le nouveau Conseil des droits de l’homme de l’Onu a décidé de dépêcher d’urgence à Gaza une mission d’information pour s’enquérir des violations présumées des droits de l’homme commises par Israël.
Le Conseil, qui a succédé à la Commission des droits de l’homme, discréditée, a adopté à la majorité une résolution en ce sens à l’instigation de l’Organisation de la conférence islamique.
Le texte réclame l’arrêt de l’offensive lancée par Israël dans la bande de Gaza à la suite de l’enlèvement d’un de ses soldats par des activistes palestiniens il y a près d’une douzaine de jours.
La mission a été approuvée après deux jours de pourparlers, par la majorité des 47 membres du Conseil (11 voix contre, cinq abstentions et deux absents).
Les représentants de l’Union européenne au sein du Conseil, dont la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, ont voté contre. La Finlande, présidente en exercice de l’UE, a souligné que la question devrait être abordée d’une manière "plus équilibrée".
La mission sera menée par John Dugard, rapporteur spécial de l’Onu sur les droits de l’homme dans les territoires occupés. Celui-ci a accusé mercredi Israël de violer les "normes les plus fondamentales" des droits de l’homme en faisant le siège de la bande de Gaza.