Photo : Le Conseil de sécurité échoue à adopter une résolution sur Gaza, 22 mars 2024 © UN Photo/Eskinder Debebe
Le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas réussi à adopter un projet de résolution des États-Unis appelant, sans l’exiger, à un cessez-le-feu dans la guerre qu’Israël continue de mener contre Gaza, deux membres permanents ayant décidé d’y mettre leur veto.
Le projet soumis au Conseil vendredi a recueilli 11 voix pour, trois contre - celles de la Russie, de la Chine et de l’Algérie - et une abstention de la part du Guyana.
La Russie et la Chine ont toutes deux exercé leur droit de veto contre la résolution, qui aurait parlé de "l’impératif d’un cessez-le-feu immédiat et durable" et condamné l’attaque du 7 octobre par le Hamas.
Moscou a accusé Washington de donner un "spectacle hypocrite" qui ne fait pas pression sur Israël.
L’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia, a déclaré que le projet était extrêmement politisé et qu’il contenait un "feu vert effectif" pour qu’Israël organise une opération militaire dans la ville de Rafah, à l’extrême sud de Gaza, où plus de 1,5 million de Palestiniens sont réfugiés.
M. Nebenzia a déclaré que le texte de la résolution ne contenait aucun appel au cessez-le-feu et a accusé les dirigeants américains de "tromper délibérément la communauté internationale".
Le représentant de la Chine, Zhang Jun, a déclaré que le projet "esquivait la question la plus centrale, celle d’un cessez-le-feu" par son langage "ambigu".
"Il n’apporte pas non plus de réponse à la question de l’instauration d’un cessez-le-feu à court terme", a-t-il ajouté.
Pas de "demande" de cessez-le-feu
Bien que les États-Unis aient présenté la mesure comme un appel au cessez-le-feu, les critiques ont souligné que le projet n’exigeait pas la fin de la guerre.
La proposition soutient "l’impératif" d’un "cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de toutes les parties", contrairement aux précédents projets de résolution auxquels Washington avait opposé son veto et qui exigeaient un cessez-le-feu inconditionnel.
Le projet de résolution américain lie également le cessez-le-feu aux pourparlers en cours visant à obtenir un accord de trêve qui verrait la libération des prisonniers israéliens à Gaza.
"Il dit qu’il est important qu’il y ait un cessez-le-feu, mais il ne semble pas l’exiger", a déclaré en début de semaine James Bays, correspondant diplomatique d’Al Jazeera, qui a obtenu une copie du projet de résolution.
"Il lie également ce cessez-le-feu directement à la libération des derniers prisonniers détenus par le Hamas et d’autres groupes dans la bande de Gaza.
Après le vote de vendredi, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que la Russie avait privilégié la politique au détriment du progrès en utilisant son veto, ajoutant que la Russie et la Chine ne faisaient rien de significatif pour faire avancer la paix.
Projets de résolution alternatifs
Les États-Unis, le plus proche allié d’Israël, ont opposé leur veto à trois résolutions exigeant un cessez-le-feu, la dernière en date étant une mesure soutenue par les pays arabes et appuyée par 13 membres du Conseil et une abstention le 20 février.
Un jour plus tôt, les États-Unis avaient fait circuler une résolution rivale, qui a subi d’importantes modifications au cours des négociations avant le vote de ce vendredi.
Elle aurait initialement soutenu un cessez-le-feu temporaire lié à la libération de tous les otages, tandis que le projet précédent aurait soutenu les efforts internationaux en faveur d’un cessez-le-feu dans le cadre d’un accord sur les otages.
Vendredi, l’ambassadeur algérien aux Nations unies, Amar Bendjama, a déclaré que si le Conseil avait adopté la résolution de février, des milliers de vies innocentes auraient pu être sauvées. Plus de 32 000 Palestiniens - principalement des femmes et des enfants - ont été tués depuis le début de la guerre en octobre dernier.
Ces chiffres représentent des vies et des "espoirs qui ont été détruits", a déclaré M. Bendjama, ajoutant que le texte américain ne mentionnait pas la responsabilité d’Israël dans leur mort.
Pendant ce temps, les dix membres élus du Conseil de sécurité ont rédigé leur propre résolution, qui exige qu’un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour le mois sacré du ramadan, qui a commencé le 10 mars, soit "respecté par toutes les parties et conduise à un cessez-le-feu permanent et durable".
Elle exige également "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" et souligne la nécessité urgente de protéger les civils et d’acheminer l’aide humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza.
La France travaillera également sur une nouvelle résolution de l’ONU pour un cessez-le-feu à Gaza, a déclaré le président français Emmanuel Macron vendredi.
"Après le veto de la Russie et de la Chine il y a quelques minutes, nous allons reprendre le travail sur la base du projet de résolution français au Conseil de sécurité et travailler avec nos partenaires américains, européens et arabes pour parvenir à un accord", a déclaré M. Macron à l’issue d’un sommet des dirigeants de l’Union européenne à Bruxelles.
Traduction : AFPS