Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé, jeudi 6 février, la suspension de la fourniture de tentes et d’abris aux Palestiniens déplacés par les démolitions israéliennes dans la vallée du Jourdain, à la suite de confiscations de matériel par Israël. « Nous continuerons à distribuer de l’aide après les démolitions de maisons, y compris des nécessaires d’hygiène, de cuisine, et des matelas », a précisé un porte-parole du CICR, Jon Martin Larsen.
Selon des sources humanitaires locales, une telle décision de la part du CICR est extrêmement rare. Un collectif de vingt-cinq organisations humanitaires, dont Action contre la faim, Oxfam et Handicap International, a aussi dénoncé « la démolition en 2013 de 122 structures d’habitation et de vie fournies pas les donateurs internationaux », ainsi que la confiscation de « 65 équipements de secours, dont des tentes ». « La destruction et l’entrave à l’acheminement de l’aide est tellement extensive » qu’elle a conduit le CICR à cette décision, ont-elles ajouté.
Aggravation de démolitions
En 2013, les démolitions, dont plus de la moitié dans la vallée du Jourdain, ont atteint leur plus haut niveau en cinq ans, avec une nette aggravation depuis la reprise des négociations de paix fin juillet, caractérisée par « une augmentation de 43 % des démolitions et de 74 % des déplacés », selon les ONG.
D’après les données du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) citées par les ONG, 286 structures palestiniennes ont été démolies entre le 28 juillet et le 31 décembre 2013, déplaçant 452 personnes, contre 200 démolitions et 260 déplacés à la même période en 2012. Pour le seul mois de janvier, Israël a détruit 27 habitations palestiniennes dans la vallée du Jourdain, faisant 147 sans-abri, selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem.
La vallée du Jourdain se trouve à 90 % en zone sous contrôle total de l’armée israélienne, qui n’y délivre de permis de construire que de manière très restrictive, obligeant les habitants palestiniens à y bâtir sans autorisation, selon les Palestiniens et les organisations de défense des droits de l’homme.