Depuis des années, les colons nous parlent de la nécessité de "régulariser" les "jeunes colonies", un nom orwellien donné par l’establishment des colons aux avant-postes de colonies illégales en Cisjordanie. Mais ce joli nom dissimule délibérément la réalité sur le terrain. Selon les chiffres de Peace Now et Yesh Din-Volontaires pour les droits de l’homme, présentés lors d’un débat à la Knesset sur la violence des colons (organisé par les députés Mossi Raz, Ibtisam Mara’ana et Osama Saadi), 63 % des actes de violence des colons à l’encontre des Palestiniens ont lieu à proximité des avant-postes.
Toutes les colonies, y compris les avant-postes, violent le droit international, selon la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies. Et dans un avis consultatif de 2004 sur la barrière de séparation en Cisjordanie, la Cour internationale de justice a estimé que les colonies violaient le droit international. Israël a reconnu la légalité des colonies, mais même selon le gouvernement israélien, les avant-postes des colonies sont illégaux.
Ce qui explique l’utilisation du mot hébreu "l’hakhshir" (préparer ou rendre casher) à leur égard : Les colonies sont impures par définition, mais le gouvernement va tordre la loi et les rendre kasher. Depuis la promesse du gouvernement du Premier ministre Ariel Sharon à l’administration du président américain George W. Bush de supprimer 105 avant-postes, les gouvernements israéliens n’ont fait qu’en ajouter.
La violence des colons a augmenté ces dernières années. Les chiffres des Forces de défense israéliennes, qui n’identifient pas toujours tous les incidents, indiquent qu’en 2020, il y a eu 507 incidents violents de la part des colons, et au premier semestre 2021, il y en avait déjà 416 - soit une moyenne de 2,5 incidents par jour. Sur les 1 256 incidents de violence des colons documentés par Yesh Din depuis 2012, 685 étaient des agressions physiques contre les Palestiniens eux-mêmes et 500 étaient des cas de dommages à leurs biens.
Les dommages aux biens ont un objectif stratégique. De nombreux Palestiniens se voient refuser l’accès à leurs terres pendant la majeure partie de l’année, les FDI affirmant qu’elles ne peuvent pas les protéger des colons. Souvent, lorsqu’ils parviennent enfin à accéder à leurs terres, ils découvrent qu’elles ont été incendiées ou que leurs arbres ont été déracinés. Le but : amener les Palestiniens à désespérer de leurs terres, à comprendre qu’ils risquent la violence et qu’ils n’auront pas de récoltes, et à abandonner leurs terres.
Les conseillers juridiques du commandement central des FDI déclareront ces parcelles comme terres abandonnées et les transféreront aux colons. Yesh Din considère les avant-postes comme "les postes militaires du terrorisme juif dans les territoires occupés". En dernière analyse, les jeunes des collines sont le bras d’un gouvernement dont l’objectif est de prendre le contrôle de la zone C (que les accords d’Oslo ont placé sous contrôle militaire et civil israélien).
Peace Now estime que seuls 5 % des colons, soit environ 22 000 personnes, vivent dans les avant-postes. On peut supposer que les FDI auraient pu les démanteler, mais elles ont échoué à plusieurs reprises dans leurs tentatives de le faire. La violence des colons est également dirigée contre les soldats et les policiers, s’ils n’agissent pas selon les souhaits des jeunes de l’avant-poste. L’extrême droite fantasme sur les incidents de violence des militants de gauche contre les soldats ; il n’y en a pas. La violence des colons contre les forces de sécurité se produit chaque semaine.
Mais les jeunes des collines ne sont pas les seuls à blâmer. Certains médias ont également pris la décision éditoriale de ne pas en parler. Autrefois, ils avaient des correspondants pour les territoires, maintenant ils ont des correspondants pour les "colonies". Chaque shabbat, il y a un pogrom, et la plupart des Israéliens n’en entendent pas parler.
Cette situation doit changer. Si Israël ne veut pas ressembler à un État d’apartheid, il doit au moins déraciner les mauvaises herbes des avant-postes.
Traduction : AFPS