La veuve de James Miller, le cameraman britannique abattu par les soldats israéliens à Gaza en 2003 a accusé les autorités israéliennes et britanniques de retarder l’enquête sur la mort de son mari.
Témoignant lors d’une audition à Londres, Sophy Miller a affirmé qu’elle pensait que ce retard avait pour motivation de les forcer finalement à renoncer à poursuivre l’assassin de James Miller.
James Miller, le mari de Sophy, âgé de 34 ans, a été touché au cou par une balle israélienne dans la région frontalière de Rafah, près de l’Egypte, en mai 2003 alors qu’il filmait un documentaire sur l’impact de la violence quotidienne sur les enfants de la région.
Sophy Miller a déclaré à la commission d’enquête que l’armée israélienne avait fourni à plusieurs reprises des informations erronées concernant la mort de son mari.
"Presque tout de suite ils ont fait des déclarations sur un échange de tirs, disant que James s’était retrouvé au milieu de la bataille" a-t- elle dit. "Nous savons de source militaire qu’il n’y a pas eu d’échange de tirs."
Le gouvernement israélien et les autorités britanniques avaient promis de mener une enquête approfondie, mais c’est la famille qui a dû "enquêter, trouver et donner les preuves afin d’arriver à une forme de justice et à ce jour rien n’a été fait" a -t-elle dit au tribunal des Coroners de St Pancras à Londres.
On a affirmé que lors de ses 3 voyages en Israël après la mort de son mari, Sophy a subi des pressions du personnel du Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth à Jérusalem pour lui faire accepter les conclusions de l’autopsie menée par les Israéliens hors de la présence d’ observateurs étrangers.
Elle a déclaré que l’armée israélienne (IDF) l’avait trompée et affirmé que le lieutenant qui a tué son mari avait fait 6 témoignages, tous contradictoires.
Daniel Edge, un producteur de télévision, l’un des 4 journalistes qui faisaient partie de l’équipe de Miller et qui a été témoin de sa mort, a indiqué comment il avait tenté d’aider son collègue après qu’un soldat israélien lui avait tiré dessus à Gaza.
Edge a déclaré aux dix membres de la commission d’enquête qu’il avait supplié les soldats israéliens qui avaient tiré sur Miller de l’aider. Il n’était qu’à quelques mètres de Miller quand il a été abattu.
"Nous avons compris que notre seul espoir, le seul espoir de James, c’était d’essayer de faire venir près de lui pour l’aider les soldats qui lui avaient tiré dessus," a -t-il dit pendant l’audition.
Edge a déclaré qu’après des appels au secours répétés, un blindé de transport de troupes israélien s’est approché, venant de l’endroit d’où les tirs avaient eu lieu, et qu’une civière avait été jetée au groupe de journalistes qui se débattaient dans la boue. "Il y avait de la boue partout, on ne pouvait pas porter la civière. James est tombé, c’était terrible."
La commission d’enquête a vu des images tournées par un autre cameraman qui se trouvait présent quand Miller a été tué et qui a pu filmer la scène.
L’année dernière un officier israélien qui commandait l’unité au moment de l’assassinat a été blanchi de l’accusation d’avoir utilisé son arme de manière illégale.
Le verdict a été rendu malgré une recommandation du tribunal militaire qu’une action disciplinaire ferme soit prise contre cet officier.
Les avocats militaires de l’acusation n’ont pas pu prouver que le lieutenant avait tué Miller mais ils ont déclaré qu’il avait tiré en violation des règles d’engagement en vigueur, ce pour quoi il devait être puni.
La veuve de James Miller et le gouvernement britannique ont protesté contre cet acquittement.