Selon le Hamas, le député et homme fort du Fateh à Gaza, Mohammad Dahlane, a commandité une « tentative d’assassinat » de M. Haniyeh, dont le convoi a été la cible de tirs qui ont fait un mort jeudi soir, lors de son passage mouvementé au terminal de Rafah, venant d’Égypte.
M. Dahlane a démenti cette accusation, qui a été dénoncée par des responsables de l’Autorité palestinienne, le négociateur en chef Saëb Erakat accusant le Hamas « d’inciter au meurtre » de l’ancien ministre palestinien. De son côté, M. Abbas a « regretté » les tirs contre le convoi de M. Haniyeh, affirmant qu’il « suit la situation de près ».
Dans ce contexte déjà tendu, des dizaines de milliers de sympathisants du Hamas ont participé à un rassemblement monstre, organisé dans un stade de Gaza, à l’occasion du 19e anniversaire de la création du mouvement islamiste. Face à une mer de drapeaux verts du Hamas, une sono hurlante et des rafales d’armes automatiques, M. Haniyeh a reçu un accueil triomphal à son arrivée, entouré d’une cohorte de gardes du corps armés. Haranguant la foule, le chef du groupe parlementaire du Hamas, Khalil al-Hayya, s’en est violemment pris à M. Dahlane, le qualifiant de « collaborateur, de traître et d’apostat ».
M. Hayya, dont le discours a été ponctué par des tirs nourris en l’air de combattants du Hamas, a en outre répété que son mouvement « ne reconnaîtra pas Israël et ne fera pas partie d’un gouvernement reconnaissant Israël ». En prévision du discours de M. Abbas attendu aujourd’hui, il a averti que le Hamas s’opposerait à la tenue d’un référendum ou d’élections anticipées dans les territoires palestiniens. Le discours de M. Abbas doit porter sur les mesures qu’il envisage de prendre pour mettre fin à la crise politique, après l’échec de 6 mois de discussions avec le Hamas sur la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Devant la foule, revenant sur l’incident qui a failli lui coûter la vie, M. Haniyeh a affirmé que son garde du corps était « tombé en martyr » en tentant de le protéger. Sur un ton de défi, il a assuré ne pas avoir peur d’être assassiné. « Nous avons rejoint ce mouvement (le Hamas) pour devenir des martyrs et non pas des ministres », a-t-il lancé.
Hier soir, le Hamas a appelé à partir de Damas à l’ouverture d’une enquête sur les tirs qui ont visé le convoi de M. Haniyeh, tout en évoquant un « complot » pour provoquer des confrontations interpalestiniennes. « Nous condamnons fortement cet attentat, il s’agit clairement d’une tentative d’assassinat visant le Premier ministre palestinien », a déclaré à l’AFP Abou Marzouq, vice-président du bureau politique du Hamas, basé dans la capitale syrienne. Maher al-Taher, membre du bureau politique du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), a également condamné l’attentat et appelé à « la mise en place d’une commission d’enquête pour savoir qui se tient derrière cet acte dangereux qui vise à provoquer des dissensions et des luttes internes ».
En outre, les tensions entre les forces loyales à M. Abbas et les partisans du Hamas ont débordé sur la Cisjordanie. Des heurts ont ainsi éclaté à Ramallah entre les 2 camps, faisant 34 blessés parmi les manifestants, les forces de l’ordre palestiniennes tentant d’empêcher manu militari un rassemblement du mouvement islamiste.
En soirée, la Russie a appelé le Hamas et le Fateh à faire preuve « de sang-froid et de retenue ». De même, le secrétaire général sortant de l’ONU, Kofi Annan, s’est déclaré « profondément préoccupé » par les violences interpalestiniennes.
Enfin, des Palestiniens ont tiré 2 roquettes vers le sud d’Israël en violation du cessez-le-feu en vigueur depuis la fin novembre. « Une des roquettes s’est abattue près d’une usine dans la ville de Sdérot, sans faire de blessés », a précisé une porte-parole militaire israélienne sans être en mesure d’indiquer où la deuxième roquette avait explosé.