..., en conséquence, l’histoire israélienne est connue aux Etats-Unis tandis
que celle des Palestiniens est déshumanisée.
Le fait que des milliers de Palestiniens et des centaines d’Israéliens
utilisent ensemble des stratégies non-violentes identiques à celles du
Mouvement des Droits Civiques aux Etats-Unis et à celles du Mouvement
Contre l’Apartheid Sud-Africain pourrait être une information
surprenante et bien accueillie par la plupart des Américains.
Les Américains sont en grande partie ignorants de la lutte du mouvement
populaire non-violent en Palestine, parce que l’industrie des médias
américains préfère l’histoire simple et imparfaite des attaques
terroristes des Palestiniens et des représailles israéliennes.
Dans les médias américains, les Palestiniens ne sont généralement pas
autorisés à parler pour eux-mêmes ou à exposer leur récit historique.
Pourtant, les Israéliens sont autorisés à parler, à expliquer
l’expérience des Israliens et même à expliquer celle des Palestiniens.
En conséquence, l’histoire israélienne est connue aux Etats-Unis tandis
que celle des Palestiniens est déshumanisée.
Les reportages du New York Times, souvent cités comme étant la
référence pour les médias américains, sont l’exemple même du problème.
Le Times publie quotidiennement des articles sur Israel/Palestine, y
compris d’innombrables articles sur la résistance palestinienne armée.
Cependant, le New York Times et les médias américains plus généralement
ne parlent presque jamais de ce que 99,5% des Palestiniens ont fait
chaque jour de leurs vies pendant ces 38 dernières années, résister de
façon non-violente à l’occupation israélienne.
Au cours des trois dernières années, le New York Times a publié
seulement trois articles sur la résistance non-violente palestinienne.
Ceci, malgré le fait que les Palestiniens aient organisé des centaines
de manifestations non-violentes au cours des trois dernières années
dans l’ensemble de la Cisjordanie contre la construction du Mur par
Israël sur les terres palestiniennes, et malgré le fait que l’armée
israélienne ait tué neuf manifestants palestiniens, blessé plusieurs
milliers de protestataires, harcelé et puni collectivement les villages
qui ont protesté, et arrêté des centaines de protestataires, y compris
les responsables de la contestation non-violente.
Le plus récent de ces trois articles du Times, publié samedi dernier :
"A la barrière israélienne, plus de bruit que de colère" par le chef du
bureau du Times à Jérusalem, Steven Erlanger, est une bonne étude sur la
façon dont Israël/Palestine est typiquement déformé par les médias
américains, et sur la façon dont la non-violence palestinienne est
marginalisée.
Seuls six mots sur les 1.138 mots de l’article sont des citations de
Palestiniens, bien que l’article soit concentré sur une manifestation
organisée par des Palestiniens contre la construction par Israël d’un
Mur qui coupe à travers le village cisjordanien de Bil’in.
Erlanger semble laisser parler les protestataires israéliens à la place
des Palestiniens.
Néanmoins, il cite encore deux fois plus les soldats israéliens à
Bil’in que les protestataires israéliens.
En conséquence, comme c’est trop souvent le cas dans les médias
américains, les explications des militaires israéliens dominent. Un
général israélien apparemment de bonne composition et souvent cité est
le seul individu dont les lecteurs peuvent obtenir un sentiment.
Les Palestiniens de Bil’in servent seulement de décor et ne sont jamais
entendus.
Peut-être parce qu’ils n’autorisent généralement pas les Palestiniens à
parler, le Times et les médias américains omettent régulièrement le
contexte plus large.
Erlanger oublie 80 manifestations à Bil’in, trois ans de résistance
non-violente au mur en Cisjordanie, la riche histoire palestinienne de
résistance non-violente et la répression brutale des militaires
israéliens contre la résistance non-violente.
Au lieu de cela, Erlanger mentionne seulement qu’il y a des
manifestations hebdomadaires à Bil’in, et que "il y a eu quelques
blessés et de nombreuses arrestations, et qu’un soldat a perdu un oeil
par un jet de pierre."
"Des soldats utilisant des matraques et des officiers de police qui
utilisent des grenades assourdissantes, des balles en caoutchouc et du
gaz lacrymogène donne l’impression qu’Israel réprime la dissidence."
S’ils avaient été autorisés à parler, les Palestiniens auraient cité
les preuves montrant qu’Israel réprime de façon claire et violente la
rébellion pacifique à Bil’in et dans de nombreux autres villages. Des
dizaines de manifestants de Bil’in ont été arrêtés, y compris
l’organisateur des protestations Abdullah Abu Rahme.
Abu Rahme a été arrêté trois fois pour un total de 35 jours, et a été
maintenant interdit par un tribunal israélien d’assister aux
manifestations.
361 protestataires ont été blessés en plus de sept mois à Bil’in. Un
jeune homme palestinien est presque mort après avoir reçu une balle en
acier recouvert de caoutchouc dans la tête.
Trois Palestiniens et un Israélien ont été gravement blessés après
avoir été touchés par des boîtes métalliques de gaz lacrymogène tirées
à bout portant. Cependant, les seuls blessures spécifiques qui sont
notées dans l’article sont celles d’un soldat israélien qui a perdu son
oeil, la seule blessure sérieuse d’un soldat en trois ans de
manifestations contre le mur.
L’article du Times mentionne que la construction par Israel du Mur et
des colonies à l’intérieur de la Cisjordanie dans des lieux comme
Bil’in violent le droit international selon la Cour internationale de
Justice et les Nations Unies.
Cependant, il est donné autant d’espace et d’importance aux réponses du
gouvernement israélien à ces positions.
Avec la tendance des médias américains à réduire au silence les
Palestiniens, on en doit pas s’étonner que de nombreux Américains
voient les Palestiniens comme les agresseurs dans ce conflit, bien
qu’ils vivent sous occupation militaire israélienne.
Les médias alternatifs et non-américains sont actuellement les seules
sources pour les Américains de s’informer sur les récits des
Palestiniens et la résistance populaire non-violente en Palestine. Mais
compter seulement sur les médias alternatifs n’est pas assez.
Le public doit maintenir la pression sur les médias et les journaux
comme le New York Times par des lettres et des articles critiques,
jusqu’à ce qu’ils dépeignent exactement les deux versions de l’histoire
dans le conflit Israel/Palestine.