D’après le gouvernement américain la population palestinienne se monte à plus de 5,3 millions, tandis que la population juive atteint 5,2 millions.
Les chiffres sont tirés du rapport annuel du Département d’Etat américain sur la pratique des Droits de l’Homme dans les pays. Le rapport fournissait les chiffres de population pour chacune de ces unités territoriales séparément, mais omettait de les connecter pour arriver à la nouvelle et explosive réalité : une minorité juive israélienne gouverne aujourd’hui un nombre plus important de Palestiniens vivant entre la Méditerranée et le Jourdain.
La section sur Israël et les Territoires occupés indique que la population d’Israël atteint 6,8 millions de personnes, dont 5,2 millions de juifs, 1,3 millions d’arabes et 290 000 d’autres minorités. Les Arabes qui sont citoyens israéliens sont les survivants et les descendants des Palestiniens qui n’ont pas été chassés du pays ou n’ont pas fui lors de la création d’Israël.
Lors d’une conversation téléphonique le 28 février, un officiel du Département d’Etat a confirmé que le chiffre de 6,8 millions d’Israéliens incluait tous les colons des territoires occupés.
Le rapport note ensuite que la population palestinienne de la bande de Gaza est approximativement d’1,4 millions, et celle de Cisjordanie de 2,4 millions. Il y a 237 185 Palestiniens à Jérusalem Est occupée.
Les démographes israéliens ont depuis longtemps prédit que dans les prochaines années, les Palestiniens seraient de nouveau en majorité dans toute la Palestine historique, avec le risque qu’on commence à voir Israël comme un état d’apartheid, où une minorité au pouvoir règne sur une majorité privée de ses droits. Selon le gouvernement américain, ce jour est déjà arrivé.
En plus de violations durables et préoccupantes des droits de l’homme par Israël et aussi par les Palestiniens, le rapport du Département d’Etat détaille en Israël un nombre de lois et de politiques qui ressemblent à l’apartheid - un système de lois et de politiques différentes pour les gens de différentes races, religions ou ethnie dans un pays.
Par exemple, le rapport indique que « l’ensemble des lois qui gouvernent les Palestiniens dans les Territoires occupés dérive de la loi ottomane, britannique, jordanienne et égyptienne, et des ordonnances militaires israéliennes. Les lois et les règles promulguées par l’Autorité palestinienne sont aussi en vigueur. Les colons israéliens sont (seulement) soumis à la loi israélienne. »
Et en Israël même, le rapport met en relief le fait que « approximativement 93 % de la terre dans le pays est du domaine public, y compris celle qui est propriété de l’Etat, et 12,5 % propriété du Fond National Juif. Le domaine public, de par la loi, peut seulement être loué, et non vendu. Les statuts du FNJ interdisent la vente ou la location de terre à des non juifs. En octobre, des groupes pour les droits civiques ont déposé une requête auprès de la Haute Cour de Justice, sur le fait qu’une annonce d’enchères faite par l’Administration territoriale israélienne, impliquant le FNJ, était discriminatoire en ce qu’elle interdisait aux Arabes d’enchérir. L’administration territoriale a cessé de commercialiser les terres du Fond National Juif dans le Nord et en Galilée. En décembre, Adalah [1] a déposé une requête auprès de la Haute Cour, demandant l’annulation définitive de la politique de l’administration territoriale. A la fin de l’année, la Cour n’avait pris aucune décision. »
En janvier 2004, le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman écrivait :« démographiquement parlant, si Israël ne renonce pas à la Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens seront bientôt plus nombreux que les Juifs, et Israël deviendra, soit un état d’apartheid soit un état non juif. » En dehors des efforts internationaux pour réactiver un processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, Israël continue à développer des colonies exclusivement juives à Jérusalem et en d’autres endroits de Cisjordanie.
Que les chiffres du Département d’Etat soient vraiment exacts, en connaissant l’intérêt politique d’Israël à dissimuler la véritable situation démographique, ils démontrent que même le plus proche allié d’Israël ne peut pas cacher la réalité : chaque année qui passe, la prétention d’Israël à être une démocratie est de plus en plus usée. Une minorité juive israélienne ne peut pas dominer un nombre plus important de Palestiniens entre la Méditerranée et le Jourdain, et garder malgré tout son statut proclamé de démocratie.