La jeune femme n’était pas spécialement inquiète, puisque ses papiers étaient en règle et qu’elle disposait d’un document officiel l’autorisant à traverser l’Etat hébreu pour se rendre dans les deux parties de la Palestine. Mais pour les gardes-frontière, tout cela était suspect. Les documents étaient forcément faux. Arrêtée, maintenue au secret, Berlanty Azzam n’a jamais eu l’occasion d’expliquer son cas. Au bout de deux jours, elle a été déportée sans autre forme de procès vers la bande de Gaza. Cela, alors qu’il ne lui restait que deux mois de cours avant de décrocher son diplôme en business management à l’université de Bethléem.
Une nouvelle bavure ? En tout cas, pour la première fois depuis longtemps, le cas de l’étudiante semble intéresser l’opinion israélienne. Parce que les services de sécurité de l’Etat hébreu ont reconnu que la jeune femme « ne représente aucun danger » et parce que le département juridique de l’état-major de l’armée avoue avoir commis une erreur en la déportant aussi rapidement. Une fois n’est pas coutume, plusieurs médias israéliens se sont d’ailleurs penchés sur « l’affaire Berlanty », et Kol Israël (la radio publique) lui a consacré un long débat.
« Peu après mon arrestation, les soldats m’ont dit que tout se passerait bien et que j’aurais le droit de me défendre dans le cadre d’une procédure légale, a raconté l’étudiante, interviewée par téléphone. Mais rien ne s’est pas passé comme annoncé. Lorsqu’ils se sont rendu compte de leur erreur, ils se sont débarrassés de moi comme d’un colis encombrant. »
Soutenue par une série d’organisations, dont Gisha - une ONG israélienne défendant le droit à la libre circulation des Palestiniens -, Berlanty Azzam a déposé un recours devant la Cour suprême de l’Etat hébreu. Pour l’heure, celle-ci n’a pas encore statué sur le fond, mais dans un arrêt rendu jeudi, elle a ordonné à l’armée de procéder à une audition de la plaignante assistée d’un avocat. Encore faut-il pour cela que la jeune femme soit autorisée à quitter la bande de Gaza, ce qui n’était toujours pas le cas vendredi après-midi.