...pour la Radio-Télévision belge de la Communauté française autour de la « nouvelle » situation créée par le résultat des élections israéliennes et l’accession du Hamas palestinien au pouvoir.
Même si les discussions entre nous ici sont ininterrompues depuis les élections palestiniennes avec l’arrivée du Hamas puis la campagne électorale israélienne, il aura fallu l’intérêt de cette rencontre ou peut-être surtout la provocation d’une question pour nous inciter à réagir au-delà de cette émission et vous donner des « nouvelles de Ramallah ».
Le débat est ouvert et intéressant mais la question « les Palestiniens vont-ils accepter la main tendue par Ehud Olmert ? » suscite en nous colère et consternation. Ainsi donc, effet d’annonce réussi, ce sont les Israéliens qui nous tendent la main ! Depuis Camp David en 2000, les dirigeants israéliens - Barak, Sharon, Olmert entre autres - n’ont cessé de convaincre leur peuple et le monde « qu’il n’y a pas de partenaire pour la paix » et c’est sur la base de ce mensonge qu’une majorité des nouveaux députés ont été élus et accèdent à la nouvelle Knesset. Le nouveau parti Kadima, avec à sa tête Sharon (omni-présent), Olmert ou Mofaz, issus de la droite nationaliste, prétend vouloir définir - unilatéralement - les frontières d’Israël et, majoritaire au nouveau Parlement israélien « tend la main aux Palestiniens » ! Mais les frontières ne découlaient-t-elles pas des Accords d’Oslo de 1993 par lesquels les Palestiniens ont accepté de créer un Etat dans 22 % de la Palestine mandataire, à savoir la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-est ? Les Israéliens n’avaient-ils donc pas, de ce fait, renoncé au « grand Israël » ce qu’on nous donne aujourd’hui comme une « victoire vers la paix » du résultat de cette campagne électorale ? Il aura fallu 13 années supplémentaires de négation, de mensonges, de non-respect des résolutions internationales, de violence et de destructions avec la poursuite de la colonisation et l’élimination des dirigeants palestiniens - et même du seul partenaire israélien, Itzaak Rabin - pour qu’on impose aux Palestiniens une nouvelle frontière inacceptable, bien loin de celle acceptée dans le cadre d’accords internationaux. « Un arrangement raciste qui ignore les Palestiniens, un retrait fondé uniquement sur les besoins d’Israël avec un rempart de séparation au milieu et cette terrible indifférence qui plane par-dessus tout » écrivait Gidon Levy à la veille des élections dont le résultat - connu d’avance - ne le faisait pas bondir de joie, pas plus que les Palestiniens.
Non, ne tombons pas dans ce nouveau piège de « main tendue » qui fera encore une fois reposer sur les Palestiniens la responsabilité des échecs à venir !
Comme le disait encore Gidon Levy analysant cette campagne électorale « la seule aspiration de tout le monde est de se débarrasser des Palestiniens d’une manière ou d’une autre, transfert ou mur, désengagement ou repli sur soi, l’essentiel est qu’ils disparaissent de notre vue . L’accord unilatéral, c’est l’ignorance totale de l’existence de l’autre peuple. » Cela les Palestiniens le savent bien et, peuple et gouvernement confondus, le rejettent. Ils n’en restent pas moins prêts à reprendre les négociations qu’ils n’ont jamais souhaité interrompre, sur la base de la « feuille de route » dernière proposition en date de règlement du conflit israélo-palestinien tombée aux oubliettes, malgré « l’engagement » de la Communauté Internationale, Nations-Unies, Etats-Unis, Europe et Russie...
Le résultat des élections israéliennes ne nous donne pas l’espoir de voir s’arrêter le renforcement des blocs de colonies, l’annexion de Jérusalem, les incursions et arrestations quotidiennes, le mur de séparation qui nous cantonne dans nos bantoustans dont les contours se dessinent chaque jour avec plus de précision et à partir desquels il nous faut franchir des « frontières » de plus en plus sophistiquées établies unilatéralement par Israël à l’intérieur de notre propre territoire ! La situation est grave et les mesures prises par Israël et certains pays pour nous punir d’avoir amené le Hamas au pouvoir par des élections démocratiques vont aggraver les difficultés de vie du peuple palestinien. Mais les Palestiniens gardent confiance en leur peuple et en leurs dirigeants, Président et gouvernement. Ils espèrent que l’Europe ne va pas emboîter le pas aux Américains et Canadiens qui viennent de décider de suspendre les relations avec l’Autorité Palestinienne et qu’elle va reprendre la place qu’elle doit avoir dans le règlement de ce conflit.
Ajoutons enfin ce qui déjà nous apparaît regrettable dans les premières tractations pour la constitution de la nouvelle coalition : le peu de cas fait du parti de gauche Meretz qui est à peine évoqué (4 sièges) sans parler des partis arabes (10 sièges) qui sont complètement ignorés en ce jour du trentième anniversaire de la « journée de la terre » ... Avant de connaître la composition du nouveau parlement on peut dire que, dans le meilleur des cas, seule une place prépondérante dans la coalition d’un Parti Travailliste renouvelé pourrait laisser espérer l’émergence d’un nouveau dirigeant israélien, capable de réaliser une paix fondée sur le droit et la justice, unique garantie de la fin du conflit. Mais, à moins d’un miracle toujours possible, ce n’est pas pour demain !