En 1996, lors de son premier passage au gouvernement après des élections remportées sur le fil, Benyamin Nétanyahou avait à ses côtés Avigdor Lieberman. Une âme damnée dépeinte alors par la presse comme un Raspoutine à la petite semaine à qui il fut imputé une bonne partie des déboires du jeune "prince" du Likoud devenu "roi d’Israël".
Trois ans plus tard, l’équipe volait en éclat et Avigdor Lieberman quittait le Likoud pour se mettre à son compte en créant le parti "Israel beitenou" ("Israël notre maison"), ultra-nationaliste, laïc et radical. M. Lieberman a régulièrement prôné le bombardement préventif ou punitif qu’il s’agisse d’Autorité palestinienne, d’Egypte et d’Iran.
Jeudi 25 octobre, les deux hommes ont annoncé à la surprise générale qu’ils feront liste commune en janvier. Si les résultats des élections à la Knesset confirment les intentions de vote mesurées pour l’instant par les instituts de sondage, ce tandem, avec un tiers des sièges, sera le mieux placé pour former une coalition élargie aux alliés traditionnels du camp nationaliste : les partis religieux et l’extrême droite nationale religieuse.
M. Nétanyahou, qui est le mieux placé pour se succéder à lui-même, avait-il besoin de s’allier à M. Lieberman ? La presse israélienne estimait après cette annonce qu’il s’agissait pour lui de désamorcer toute alliance alternative possible au centre droite. Pour M. Lieberman, qui a dû remiser une bonne partie de ses ambitions avec la résurrection du Likoud après le traumatisme de 2005 (la sécession d’Ariel Sharon), cette alliance risque de tourner au jeu de dupe.
M. Nétanyahou part en campagne avec une image droitisée du fait de son accord avec un responsable dont les positions sont volontiers provocatrices, en politique étrangère comme vis-à-vis de la minorité arabe israélienne. Ouvre-t-il un boulevard au centre ? Il fait sans doute l’analyse que les élections se gagneront plutôt de ce côté-là. Les Palestiniens, qui entretiennent les pires relations avec M. Lieberman, ont encore moins à en attendre.