La campagne électorale s’accélère en Palestine
BBC News, 29 12 2004
Le candidat du Fatah, Mahmoud Abbas a appelé Israël à démanteler le Mur, pendant un meeting à Tulkarem, tandis que le FPLP (Front Populaire pour la Libération de la Palestine) apporte son soutien au militant des droits humains, Mustafa Barghouti. D’après les sondages, Mahmoud Abbas est assez largement en tête devant Mustafa Barghouti.
Le président de l’OLP, Mahmoud Abbas (Abu Mazen) a d éclaré à une foule de sympathisants dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie, qu’aucune barrière n’apporterait la moindre sécurité ou la paix à Israël. « Si les Israéliens veulent une paix juste et réelle, ils abattront le Mur » a-t-il dit à la foule, à tout juste quelques mètres des plaques de béton de 8 mètres de haut. Le Mur, construit à l’est et au nord de Tulkarem, doit s’étendre sur environ 700 km en Cisjordanie [1].
Israël dit que le Mur doit empêcher les attentats suicide mais les Palestiniens affirment que son tracé -qui s’insinue profondément dans leur territoire- en fait un vol illégal de terre [2].
La Cour Internationale de Justice a déclaré en juillet 2004 que la barrière viole le droit international et a vivement engagé les Nations Unies à prendre des mesures pour en arrêter la construction.
M. Abbas a aussi réitéré son appel à l’établissement d’un état palestinien indépendant en Cisjordanie et à Gaza, par des négociations et une solution juste au problème des réfugiés déplacés après la création de l’état d’Israël en 1948 [3].
Obstacles à la campagne
Le FPLP, qui avait boycotté les dernières élections présidentielles en Palestine en 1996, a appelé ses sympathisants à voter pour le candidat pour les droits humains, Mustafa Barghouti, ce qui augmente ses chances de finir second.
M. Barghouti a été arrêté lundi 28 décembre alors qu’il tentait de faire campagne à Jérusalem-est [4].
Deux candidats , Sayed baraka et Abdelkarim Shubeir, attendent toujours l’autorisation de quitter Gaza pour faire campagne en Cisjordanie, malgré les assurances israéliennes qu’il permettrait aux candidats de se déplacer librement.
Obstruction à la campagne à Jérusalem-est
The Guardian, 28 12 2004
Les employés qui travaillent pour les élections palestiniennes à Jérusalem Est disent que les forces de sécurité israéliennes leur font de l’obstruction et qu’elles les harcèlent.
Ceux qui font campagne pour les 7 candidats qui pourraient succéder comme président de l’Autorité Palestinienne au défunt Yasser Arafat, ont été convoqués pour être interrogés par l’agence de sécurité israélienne, le Shin Bet, et avertis de ne pas mettre d’affiches ni prospectus à Jérusalem.
Jérusalem Est a été annexée en 1967 par Israël [5] qui a déclaré que les habitants de Jérusalem Est seront autorisés à voter lors des élections du 9 janvier. Mais tout ce qu’il considère comme une manifestation de souveraineté palestinienne l’inquiète.
Dimanche, le cabinet israélien a approuvé des mesures destinées à assurer une élection sans problèmes, y compris un retrait graduel des soldats de l’armée israélienne des villes de Cisjordanie, garantissant ainsi la liberté de mouvement des Palestiniens et permettant aux candidats de faire campagne à Jérusalem Est.
Mais ceux qui font campagne disent que les forces de sécurité israéliennes font de l’obstruction.
Nasser Dajani, directeur d’Ad Image, une entreprise de publicité qui montait des panneaux pour la candidature de Mustafa Barghouti, a reçu l’ordre de les retirer et a été convoqué pour interrogatoire par le Shin Bet. « On m’a dit que je serai tenu responsable pour toute affiche qui aurait été collée. Ils m’ont laissé partir au bout d’une heure » raconte-t-il.
Mustafa Barghouti a lui-même été arrêté hier par la police israélienne alors qu’il faisait campagne dans la Vieille Ville de Jérusalem. On lui a dit que sa présence était illégale.
C’est la deuxième fois qu’il est arrêté et d’autres candidats ont été retenus alors qu’ils essayaient de se déplacer en Cisjordanie.
Gil Kleiman, un porte parole de la police israélienne, rapporte que décider du type de propagande électorale autorisée était une question délicate.
« Il n’est normalement pas permis de faire une campagne électorale sans en avoir reçu au préalable la permission ni de faire quoique ce soit qui montre un fait de souveraineté. » Il dit que la police avait fermé les centres d’inscription en novembre parce que leur présence était une provocation à la souveraineté israélienne.
A Jérusalem Est il y a quelques affiches de Mahmoud Abbas, le candidat favori du Fatah pour succéder à M. Arafat, mais peu d’affiches pour les six autres candidats. Les slogans disent : « Suivre le chemin de Yasser Arafat vers la liberté, l’indépendance, le droit et la prospérité ».
Zakania Halaf, qui vend des disques à la Porte de Damas de la Vieille Ville, n’a pas vu d’activité électorale depuis que la campagne a commencé samedi. « Il devrait y avoir plus d’action. Comment pouvons nous avoir des élections convenables si personne ne sait qui sont les candidats ? »
Nasser Qous, le responsable de la campagne du Fatah, raconte que la police israélienne leur a dit qu’ils n’avaient pas le droit de poser des affiches. « Ces élections leur font peur. Elles sont l’expression de l’identité palestinienne ». Adel Abu Zneid, une personne qui fait campagne pour le Fatah, dit : « Le problème principal pour faire campagne c’est les check-points. Il était plus facile de les traverser il y a une semaine, avant que la campagne ne commence. Je suis retenu chaque jour jusqu’à 1 heure ».
« Cette élection est un défi à l’autorité israélienne et les Israéliens se battront de toutes les manières possibles contre elle. La réalité sur le terrain est très différente des déclarations qu’ils font aux médias. Ils disent au monde qu’ils faciliteront les élections pour les Palestiniens mais en réalité, ils les rendent difficiles."