
La nouvelle interdiction de voyage de la part d’Israël qui empêche l’entrée de tout ressortissant qui appelle ouvertement au boycott soit d’Israël, soit des colonies a suscité un mélange de regret personnel et de satisfaction personnelle pour Rebecca Vilkomerson, directeur exécutif de Jewish Voice for Peace (La Voix Juive pour la Paix).
D’un côté, la militante installée à Brooklyn – qui a écrit une célèbre tribune libre du Washington Post ayant pour titre “Je suis juive, et je veux que les gens boycottent Israël” – dit qu’elle se sent “vraiment triste. J’ai là-bas des parents vieillissants et des gens que j’aime, aussi bien Israéliens palestiniens qu’Israéliens juifs. L’idée de ne pas pouvoir retourner, même pour rendre visite à de la famille – j’y vais au moins une fois par an – est véritablement pénible sur le plan personnel.”
En même temps, la nouvelle de l’interdiction a “semblé être un véritable moment de concrétisation du fait qu’Israël est vraiment effrayé par ce mouvement et comprend qu’il se développe,” déclare-t-elle. “Aussi triste que je me sois sentie, il m’a semblé aussi que c’est une justification de la manière dont le (mouvement de) BDS progresse en force et en puissance.”
L’association à laquelle Vilkomerson a consacré les huit dernières années de sa vie ne se contente pas d’approuver le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre Israël : elle approuve de façon enthousiaste la tactique, en oeuvrant activement à encourager sa propagation à travers les Etats Unis dans tout un éventail d’institutions. Les sections locales de JVP préconisent un boycott pur et dur de tous les organismes israéliens (commerciaux, culturels ou universitaires) qui, directement ou indirectement, contribuent à la continuation de l’occupation et de l’oppression des Palestiniens.
L’association exige aussi la cessation de l’aide militaire des USA à Israël jusqu’à la fin de l’occupation.
Ceci la place du côté de l’extrême-gauche de la communauté juive américaine structurée. Pour beaucoup de mouvements traditionnels, modérés, sinon de droite – et certainement pour le gouvernement israélien – JVP dépasse les bornes, en aidant et en encourageant ceux qui voudraient nuire à Israël, ou même le supprimer, si c’était possible.
Vilkomerson rejette vigoureusement cette opinion et la diabolisation de son association. « Nous considérons le BDS comme un outil non-violent d’une importance capitale pour amener le changement,” a-t-elle déclaré à Haaretz, à la veille de l’assemblée semestrielle de JVP commençant le 31 mars.
Elle considère le BDS comme un moyen et non une fin : “Dans notre analyse, les Etats-Unis jouent un rôle déterminant en permettant à Israël de continuer ses politiques d’oppression envers les Palestiniens, et les U.S.A. utilisent toute leur influence diplomatique, économique et militaire pour autoriser Israël à faire cela. Il est de notre tâche en tant que Juifs américains de changer les termes de cette équation,” affirme-t-elle.
A son avis, le BDS est jusqu’à présent la méthode la plus efficace de provoquer le changement. Et donc, en coopération avec d’autres mouvements de gauche pro-Palestiniens, tout un éventail de sociétés, de gouvernements et d’universités sont l’objet de pressions pour qu’ils coupent les liens avec Israël, ou avec les entités en lien avec l’oppression des Palestiniens, allant des fabricants d’équipements aux sociétés d’assurances.
“BDS a été extraordinaire pour nous,” déclare Vilkomerson. Pour un mouvement comme le sien, « un des grands charmes » de la tactique de boycott et de désinvestissement est la manière dont ils réveillent les sentiments de participation populaires et donnent aux gens le sentiment qu’ils peuvent faire quelque chose de concret au niveau local.
Les sections locales “peuvent trouver les meilleures cibles, et mener ces campagnes pour changer les choses localement,” dit-elle. “Puis elles sont reliées à un réseau national et mondial de gens qui font tous la même chose, et ces campagnes se renforcent l’une l’autre.” Sa définition des “meilleures cibles” pour le BDS sont ces sociétés ou entités aux “histoires qui montrent vraiment ce qu’est l’occupation,” donc il appartient à chaque section de “choisir une cible qui semble passionnante et qui les remue.”
Cela comprend d’empêcher des universitaires associés à des universités israéliennes de participer à des conférences, (de défendre) à des musiciens ou à des troupes de danse d’Israël dont les tournées sont soutenues par l’état de présenter les aspects positifs d’Israël, quelles que puissent être les opinions politiques de ces personnes. “Je comprends que des gens fassent l’expérience de cela en tant que personnes et que ce soit très douloureux – mais c’est institutionnel,” déclare-t-elle.
Braver toutes les idées reçues
Parlant couramment l’hébreu et mariée à un Israélien, ayant de la famille proche dans l’état juif, Vilkomerson va à l’encontre de toutes les idées reçues sur les Juifs-Américains de gauche comme étant assimilés, étrangers au Judaïsme et ne sachant rien de la société israélienne traditionnelle.
Elle a grandi dans une communauté de judaïsme conservateur à Princeton, dans le New Jersey. Si quelque chose ressortait au sujet de sa famille, c’était leurs liens exceptionnellement étroits avec Israël. Sa tante à immigré en Israël dans les années 50 et les grands-parents de Vilkomerson ont suivi dans les années 60. Par conséquent Vilkomerson a grandi en se rendant en Israël et, à ce jour, elle reste proche de sa tante, de son oncle et de ses cousins, dont certains, remarque-t-elle, habitent en Cisjordanie.
Elle a commencé à travailler comme travailleuse sociale dans les années 1990 et a obtenu une maîtrise en sciences politiques à l’Université Johns Hopkins. Dans ses premières années d’activité professionnelle, cependant, elle s’est concentrée sur la politique intérieure, en travaillant parfois sur les problèmes d’Amérique du Sud. Elle avoue que, au début, elle a vivement “évité” d’associer son attitude de gauche favorable à une politique de défense des droits de l’homme à ses relations avec Israël : “cela ne semblait pas juste – c’était trop difficile.”
Tout cela a changé avec la deuxième intifada en 2001. “Je pense qu’il y a des moments historiques où les jeunes juifs commence à réfléchir à ces choses. J’ai entendu de tels récits de jeunes juifs américains âgés de 22 ans en ce qui concerne la guerre de Gaza en 2014,” dit-elle.
C’est alors qu’elle s’est tournée vers le militantisme relatif au conflit israélo-palestinien. “J’avais déjà un cadre politique global dans lequel je croyais. Une fois que j’étais été capable de l’affronter, j’ai été capable de mettre Israël dans ce cadre.” Elle a adhéré à JVP en tant que membre en 2001. A l’époque, c’était une petite association qui "se réunissait dans les salles de séjour des gens" dans la région de la Baie de San Francisco, où elle habitait et où elle a rencontré l’étudiant israélien de Berkeley qui allait devenir son mari.
En 2006, ils ont emmené leurs jeunes enfants et ont déménagé et sont restés pendant trois ans en Israël, où elle a amélioré son hébreu, a travaillé pour diverses associations de défense des droits de l’homme, et s’est jointe aux manifestations et au militantisme de groupes comme Taayush [1] et les Anarchistes Contre le Mur [2]. En 2009, ils sont retournés aux Etats-Unis, se sont installés à Brooklyn et elle a pris la barre de JVP.
En son absence, l’association s’était développée en une association nationale, en incorporant d’autres petites associations dans le pays. Elle est devenue la quatrième salariée à plein temps de l’association, qui à l’époque avait un budget de 400.000 $, dit-elle. Il a depuis atteint 3,2 millions de $, avec plus de 70 sections régionales et de multiples sous-groupes pour les étudiants et pour diverses professions.
Au moment où elle tient son Congrès à Chicago, elle attend 1.000 participants (“Et il ya une liste d’attente,” précise-t-elle). Par contre, le dernier congrès, en 2015, en avait attiré 600.
Cet évènement annuel a fait la une en raison de l’intégration de Rasmea Odeh en tant qu’oratrice en tête d’affiche. Odeh, 69 ans, Palestinienne de Chicago et militante féministe, a été reconnue coupable en 1969 de deux attentats à la bombe en Israël, mais déclare qu’elle a été torturée pour la faire avouer. Israël a libéré Odeh en 1979 dans un échange de prisonniers. La veille de l’interview de Vilkomerson à Haaretz, la nouvelle est tombée que Odeh avait accepté de plaider coupable pour des accusations qu’elle avait omises de divulguer sur son temps dans une prison israélienne quand elle est devenue citoyenne des USA, et qu’elle quitterait volontairement le pays. Ode a déclaré qu’elle n’avait pas dévoilé son passé en raison d’un état de stress post-traumatique.
Défendre les victimes de la torture
Vilkomerson a déclaré que, malgré les critiques, elle n’a aucun regret d’avoir invité Odeh, qui, autant qu’elle sache, devrait toujours s’adresser au congrès.
“De notre point de vue, nous accueillons une femme qui a échappé à la torture et à l’agression sexuelle par les Israéliens et qui a fait de faux aveux devant un tribunal militaire israélien, et je pense qu’il doit être noté que les tribunaux militaires (israéliens) ont un taux de condamnation de 99,7%. La qualifier de condamnée pour terrorisme permet à la communauté juive d’esquiver certaines vérités vraiment pénibles au sujet de la façon dont Israël traite les gens sous son contrôle,” déclare Vilkomerson. “Rasmea – je le pense particulièrement maintenant – constitue un avertissement et un rappel sur la tactique utilisée par les U.S.A. et Israël. (Le Président Donald) Trump a parlé de sa volonté de rétablir la torture… et la torture que la police a utilisée à Chicago contre des suspects noirs est très largement établie. Nous défendons les victimes de la torture et agissons contre les tortionnaires.”
Elle rejette les accusations selon laquelle son association ferait en quelque sorte preuve d’insensibilité envers les victimes de l’attentat auquel Odeh est reconnue coupable d’avoir participé, du fait de l’avoir invitée – ou du fait d’avoir rejeté la demande du groupe de pression israélien "Soyez avec nous" d’organiser lors du congrès un évènement commémoratif en souvenir des victimes israéliennes du terrorisme. “Dans notre charte nous affirmons que nous déplorons la perte de toute vie et nous condamnons la violence contre les civils. Cela comprend les pertes humaines en raison de l’occupation, et les civils tués dans des attentats à la bombe à Jérusalem. Nous attachons du prix à toute vie et nous refusons l’usage de la violence contre les civils,” déclare-t-elle.
En tant qu’autre intervenante il y a Linda Sarsour, une des dirigeantes de la Marche des Femmes [3] en janvier. Vilkomerson décrit Sarsour comme étant “passionnée et irrésistible, très intelligente, engagée et personne impressionnante,” et déclare que son récent interview dans "The Nation", qui a suscité un dialogue sur la compatibilité entre le Sionisme et le féminisme, était “parfaitement clair et parfaitement génial.”
Ce débat, dit-elle, met en évidence “la coupure possible entre le fait d’être féministe et celui de comprendre que les femmes palestiniennes sont horriblement affectées par les politique d’Israël. Pour moi, c’est une partie d’une discussion plus large qui se produit à l’époque de Trump. Dans la communauté juive, il y a eu un bel épanouissement de résistance aux politiques de Trump. Le bannissement des musulmans a fait descendre les gens dans les rues.
“Mais il y a un bannissement des musulmans en Israël depuis des décennies. Et un bannissement des chrétiens – les chrétiens palestiniens ne peuvent pas revenir, non plus – et des politiques contre les réfugiés palestiniens,” continue-t-elle. “Donc je voudrais mettre les gens au défi est d’être cohérent avec leurs valeurs. Israel n’a pas obtenu un « hors jeu. » Si vous défendez certaines valeurs aux U.S.A., vous devez les défendre quand il s’agit d’Israël.”
Se plaindre qu’Israël soit injustement désigné parmi les progressistes heurte Vilkomerson comme un argument d’ “homme de paille”. “De la même façon vous auriez pu voir l’Afrique du Sud être critiquée dans les années 1980 et non d’autres pays d’Afrique,” dit-elle, “Je pense que différents mouvements ont lieu à différents moments. … Les batailles sont souvent de savoir où est l’énergie, et pas tellement de avoir ce qui est plus important ou moins important pour l’autre.”
JVP a une relation tendue avec les associations sionistes libérales qui se considèrent comme “pour Israël” et “pour la paix” mais qui prennent des positions fermes contre le mouvement de BDS – bien qu’elle pense que beaucoup de leur membres sont plus sympathiques que leurs dirigeants. Vilkomerson a été invitée à J Street [4] en 2011, pour parler du BDS. Elle n’a pas été invitée à nouveau, quand bien même “la salle ait été bondée,” remarque-t-elle.
Pas de position sur un ou deux états
Soutenir le BDS n’est pas le seul problème qu’ont les associations juives traditionnellement de gauche avec JVP. Son défaut d’approbation d’une solution à deux états laisse son parapluie assez large pour englober ceux qui voudraient éliminer tout à fait l’état juif, argumentent les critiques. JVP a aussi été critiquée pour son empressement à s’associer avec et à accepter le soutien de groupes et de personnes qui sont considérés comme activement hostiles à Israël et qui soutiennent les action violentes contre l’état.
Vilkomerson défend l’association à propos des deux accusations : “Nous ne prenons pas position sur la solution à un état contre celle à deux états. C’est en grande partie parce que notre tâche est de changer la politique des U.S.A. – et non de dicter dans combien d’états les Juifs et les Palestiniens doivent vivre. Evidement, plus les colonies se développent, plus la solution à deux états paraît improbable.
“Plus que cela, je pense personnellement que l’idée que le nombre d’états soit la ligne de séparation n’est pas la question. Alors que, oui, il est toujours théoriquement d’avoir deux états possible où les gens puissent avoir tous les droits, il y a des modèles à un état qui sont du véritable apartheid et d’autres modèles à un état qui sont nationalistes laïcs. Pour moi, il ne s’agit pas du nombre d’états ; il s’agit de ce qui se passe dans ces états.”
Dans sa déclaration officielle d’intention, l’association “demande, qu’il soit mis fin à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza, et de Jérusalem-Est, la sécurité et l’auto-détermination pour les Israéliens et les Palestiniens, une solution juste pour les réfugiés palestiniens fondée sur les principes définis par le droit international,” mais elle ne spécifie pas précisément comment cela doit être réalisé.
Quant aux partenaires dans le BDS et dans d’autres collectifs, elle déclare que JVP s’oppose “à toutes les formes de sectarisme, de racisme, d’anti-sémitisme.” Sans citer de noms, elle remarque qu’il y a des personnes et des groupes avec lesquels son association a refusé de s’allier à cause de leur anti-sémitisme ou de leur racisme. Bien que JVP ne soit “pas sur la même longueur d’onde avec tous ceux avec lesquels nous travaillons, nous avons un ensemble très large de valeurs et nous travaillons avec les gens qui partagent ces valeurs.”
Elle dit qu’il a été stupéfiant de voir ceux de droite qui ont condamné JVP pour avoir fait cause commune avec des anti-sémites détourner le regard vers des éléments de l’administration Trump simplement parce qu’ils expriment leur soutien à Israël, quand “il y a plein d’anti-sémites qui soutiennent Israël pour leurs propres raisons de tenant de la suprématie blanche. … Soutenir Israël ne signifie pas que vous appréciez ou que vous aimiez les juifs, et le soutien apporté à Israël n’est pas un substitut pour dire que vous n’êtes pas anti-sémite.”
Quant aux partenaires de JVP dans la coalition du BDS, elle déclare que toutes les associations officiellement affiliées sont “très, très claires sur le fait d’avoir tiré un trait sur l’anti-sémitisme et l’ont confirmé par des actions concrètes.” En plus, “ils sont clairs selon leurs principes sur le moment où un boycott devrait prendre fin. Ce n’est pas un appel perpétuel contre un état juif parce qu’il est juif. Il s’agit de conditions spécifiques d’oppression auxquelles ils tentent de mettre fin.”
Alors qu’il se peut que J Street ait un problème avec JVP, Vilkomerson déclare que l’inverse n’est pas vrai. Dans l’époque de Trump, dit-elle, ils partagent une vision commune sur de nombreuses questions, mais sont en désaccord essentiellement sur la philosophie et la tactique.
Elle déclare que son plus grand problème personnel avec J Street est que celle-ci a “passé beaucoup de temps à tenter d’être l’association de gauche qui s’exprime contre le BDS, et qui utilise ses lettres de créance de gauche pour le combattre. Ce que j’aimerais voir de la part de J Street et d’autres institutions juives de gauche c’est une neutralité au sujet du BDS.
“Je comprends totalement pourquoi pour certaines personnes ce n’est pas la bonne tactique, mais c’est une tactique non-violente et c’est une tactique pour faire pression, et cela marche mieux que toute autre chose n’a marché au cours des quelques dernières décennies,” ajoute-t-elle. “Laissez-nous agir en utilisant notre approche et vous, les gars, utilisez la votre. Personne ne sait ce qui va être la chose qui marche.”
Il y a une chose qu’elle sait bien : jusqu’à ce que les sionistes libéraux change leur démarche consistant à minimiser le côté négatif d’Israël – elle cite une récente tribune de Peter Beinart [5], dans lequel il explique pourquoi il enseigne à ses gosses d’aimer d’abord Israël et de leur dire plus tard la vérité sur l’occupation – JVP continuera à se développer et à attirer de jeunes membres issus des rangs de la communauté juive libérale américaine, cherchant une différente sorte de foyer juif politique et spirituel.
“Nous voyons dans le cas de nombreuses personnes adhérant à JVP que ce qu’ils ressentent est un incroyable sentiment de trahison du fait qu’ils aient été nourris de mensonges et qu’ont leur aient présenté une version « Disneyland » d’Israël qui n’existe pas. Ils doivent repenser tout le cadre de référence qui leur a été enseigné par des personnes qu’ils aiment et à qui ils font confiance. Ils sont en quête de quelque chose qui soit neuf et vrai et qui corresponde à leurs valeurs.”
Plus ils deviennent nombreux et forts, affirme-t-elle, moins cela les tracasse que la grande majorité des associations juives américaines au mieux les tiennent à distance, et au pire les vilipendent durement.
Vilkomerson pense que la position de son association a évolué au fil du temps. Les premiers temps, “nous avions une attitude du genre « laissez-nous entrer », et nous avions l’impression que nous devions abattre les murs à l’intérieur de la communauté juive afin de réaliser ceci.” Aujourd’hui, déclare-t-elle , “nous avons grandi et nous sommes devenus plus puissants et plus énergiques. Notre attitude s’est déplacée vers le nous n’avons pas besoin des institutions du monde juif : nous construisons nous-mêmes une institution juive.”
Allison Kaplan Sommer
Correspondante de Haaretz
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers