La brume se dissipe lentement sur le Stade international d’Al Bireh. La commune voisine de Ramallah accueille le dernier entraînement de l’équipe palestinienne avant le départ des joueurs pour l’Australie, où elle disputera pour la première fois la Coupe d’Asie de football. Les infrastructures sont flambant neuves. Le stade a été inauguré en 2011.
Milieu de terrain, Husam Abn Saleh, va participer à sa première compétition internationale avec l’équipe nationale de Palestine. Le joueur, originaire d’un village arabe israélien, sait que leur résultat ira bien au delà de l’aspect sportif : « C’est un rêve, une chance pour chacun d’entre nous de participer à cette compétition en Australie. Nous allons affronter des équipes de niveau international. Nous sommes très fiers. C’est très important de montrer cet aspect-là de la Palestine. La Palestine ce n’est pas que des manifestations et des violences, c’est aussi du football. »
Mais jouer au football en Palestine n’est pas toujours simple. Problème pour obtenir des visas, liberté de mouvement réduites par l’armée israélienne, arrestations de joueurs, Ahmad Al Hasan, le sélectionneur, doit jongler avec tout un tas d’obstacles. « Malgré toutes nos difficultés, c’est important que les gens voient que nous sommes présents, déclare-t-il. Le monde entier doit connaître notre quotidien : nous vivons sous occupation. Les Israéliens tentent de nous empêcher de progresser. Ils ont perquisitionné notre quartier général en Cisjordanie. Ils ont bombardé nos stades à Gaza cet été. Ils ont aussi tué des joueurs et des entraîneurs. Mais nous n’arrêterons pas. Nous poursuivrons nos efforts car nous avons le droit de vivre et le droit de faire du sport comme tout le monde sur Terre. »
« Entraîner le soutien populaire »
Cependant, dans les rues palestiniennes, on voit plus de maillot du Real Madrid ou de Barcelone que de l’équipe nationale. Membre de l’équipe minime d’Al Bireh, qui joue pourtant sur le même terrain que les professionnels, Ibrahim, 14 ans, n’hésite pas une seconde quand on lui demande le nom de son joueur préféré : « Cristiano Ronaldo et le Real Madrid. J’aimerais devenir professionnel et lui ressembler. J’ai envie de devenir célèbre. Après, si c’est possible, j’aimerais jouer aussi pour l’équipe de Palestine. Cela serait l’occasion de montrer le nom de mon pays. Je serai très fier de ça. »
Un jour, on ne verra plus que des maillots de la Palestine, promet Abed Majid Hiji, l’optimiste secrétaire général de la Fédération palestinienne de football. « Cette qualification est une magnifique opportunité pour nous, pour les joueurs mais aussi pour le public, commente-t-il. Nous progressons d’année en année. Grâce aux entraînements, grâce aux résultats, c’est un effet boule de neige. L’équipe s’améliore sans cesse. Donc cela amènera les Palestiniens à la soutenir. C’est notre stratégie en tant que fédération. Nous faisons tout notre possible pour avoir des résultats et entraîner le soutien populaire. »
115e au classement mondial de la Fifa, la Palestine devra écarter le Japon, la Jordanie et l’Irak pour atteindre les quarts de finale de la Coupe d’Asie. Des équipes toutes mieux classés et plus expérimentées qu’elle dans cette compétition.