La Plate-Forme des ONG françaises pour la Palestine, avec le soutien d’organisations syndicales (FSU, CGT, UNEF) y commémorait le soixantième anniversaire de la Nakba sous le slogan : « Paix comme Palestine : Soixante ans après, la paix par le droit ».
Les permanents de la Plate-Forme et d’organisations affiliées avaient pris les choses en main avec un enthousiasme et une efficacité de bon augure. De nombreux militants se sont adonnés aux joies du tractage et de l’affichage. D’autres se sont attelés au montage du plateau artistique, de la composition des plateaux de débats et des tribunes.
Tous ces efforts ont conduit à l’énorme succès de la soirée, non seulement par le nombre de participants mais aussi par la qualité des interventions et des passages musicaux, tout cela, baignant dans une atmosphère de joie, parfois de véritable liesse.
Quelle joie en effet de nous découvrir si nombreux à refuser de prendre notre parti de la disparition de la Palestine ! Quelle joie de constater que la puissante machine médiatique vouée à chanter les louanges d’Israël n’ait pas réussi à nous anesthésier !
Oh, bien sûr, cette manifestation ne pouvait prétendre rivaliser avec les centaines de cérémonies fastueuses de célébration des soixante ans d’Israël. Il n’en reste pas moins qu’elle était sans doute plus importante que toutes ces cérémonies réunies. Elle constitue en effet un acte de foi dans le droit et la justice quand les autres en célèbrent le déni !
Les autres ne s’y trompent pas. Malgré les feux d’artifice et les flots de champagne, ils ont le regard rivé sur tout ce qui peut ressembler à une célébration de la Palestine, à une mise au jour de ce fantôme si encombrant qu’est le réfugié précipité sur les routes de l’exode.
D’Avi Schlaim à Elias Sanbar, les historiens ont rappelé la nécessité de rétablir la vérité historique sur les conditions de la naissance de l’Etat d’Israël. Tous ont réaffirmé le primat du droit international et le caractère non négociable de ses dispositions. Seules sont négociables les conditions pratiques de ces dispositions.
Etienne Pinte, député UMP, établit un parallèle entre la situation de Berlin soumise au blocus soviétique et Gaza soumise à un embargo impitoyable par l’armée israélienne. Au nom du principe « aux mêmes maux, les mêmes remèdes », il s’est engagé à proposer à l’Europe de briser cet embargo en apportant une assistance directe à la population de l’enclave.
Beaucoup d’autres interventions ont marqué cet après-midi et cette soirée. De Gidéon Levy confessant sa honte devant le sort fait à Gaza à Véronique de Keyser fustigeant l’inconsistance de l’Europe en passant par les vibrants appels de Hind Khoury, Stéphane Hessel, Ziad Abu Amr ou Leïla Shahid à l’application du droit, cette initiative a marqué les esprits et revivifié la flamme de la mobilisation.
En contrepoint, les polyphonies de « Canta u populu corsu », les accents du rap d’« Alibi Montana » et de « la Caution », la fantaisie des « Wriggles », la fanfare entraînante de « Tarace Boulba », les accents envoûtants du « Diwane de Béchar », les échanges virtuoses du « Trio Joubran », les mélodies de « Cheikh Sidi Bémol », ont donné à l’événement son supplément d’âme.
Oui, la justice et le droit ont encore de beaux jours devant eux !