Ramallah, 8 mai 2012
Les requêtes de Thaer Halahleh et Bilal Diab à la Haute Cour israélienne, concernant leurs ordres de détention administrative, ont été rejetées hier , quatre jours à la suite de l’audience de la Haute Cour, le 3 mai. Thaer et Bilal en sont à leur 71e jour en grève de la faim et sont en danger immédiat de mort. Dans une totale indifférence quant à leur état de santé critique, les juges de la Haute Cour ont affirmé dans leur arrêt que les grèves de la faim ne fournissent pas une raison de relâcher Thaer et Bilal de leur détention administrative ou pour réduire la durée de leur détention.
Dans l’arrêt, le Juge Eliakim Rubenstein essaie de détourner l’attention de la complicité du tribunal, qui contribue à la crainte imminente quant à leur vie, en avançant que le tribunal comprend pleinement la difficulté d’être maintenu en détention administrative. Le Juge Rubenstein reconnaît les défaillances dans les enquêtes sur les deux cas de Thaer et Bilal ; la reconnaissance de ces erreurs constitue une preuve supplémentaire pour mettre en doute les renseignements et les sources sur lesquelles les services de sécurité israéliens se fondent dans les cas de détention administrative en général, et dans ces deux cas en particulier. Néanmoins, les juges de la Haute Cour ne prennent pas ce problème en considération, quand ils refusent la requête, de façon à ne pas interférer avec la décision du commandant militaire signant leurs ordres de détention administrative. Le Juge Rubenstein cherche davantage à enrober l’arrêt de la Haute Cour en suggérant qu’une requête soit faite devant un comité spécial pour que Thaer et Bilal soient relâchés , pour les motifs qu’ils pourraient être près de la mort, sachant très bien que légalement cette procédure ne s’applique qu’à des prisonniers condamnés et non à des détenus administratifs. En réalité l’arrêt ne sert que de justification supplémentaire et de couverture juridique pour les politiques arbitraires de l’occupation israélienne et pour ses crimes.
Le même jour, un appel urgent présenté par les Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-Israel), exigeant que Bilal reçoive immédiatement une visite de sa famille, pendant qu’il est encore capable de communication, a été rejeté, avec les indications troublantes selon lesquelles il pourrait être ramené de l’hôpital Assaf Harofeh à la clinique médicale de la Prison de Ramleh. Thaer doit encore être transféré vers un hôpital public, en contradiction absolue avec les recommandations du médecin indépendant des PHR-Israël.
Hassan Safadi, maintenant à son 65e jour de grève de la faim, également pour protester contre sa détention administrative, a été autorisé à avoir la visite pour la première fois d’un médecin indépendant des PHR-Israël hier soir. Pendant sa visite, le médecin a confirmé que des fluides contenant du sel, du glucose et d’autres minéraux lui ont été injectés de force la semaine dernière. Elle a noté qu’il est dans un état de santé critique et a recommandé son transfert immédiat vers un hôpital public. Bien qu’aucun d’eux n’ait encore été autorisé à recevoir des visites de médecins indépendants, le juge du Tribunal de District a décidé hier que Omar Abu Shalal, présentement à son 63e jour de grève de la faim, Mohammad Taj, présentement à son 52e jour de grève de la faim et Jaafar Azzedine, présentement à son 48e jour de grève de la faim, seraient autorisés à recevoir la visite des PHR-Israel d’ici trois jours.
L’avocat d’Addameer, Mahmoud Hassan, a rendu visite aussi à Mahmoud Sarsak, présentement à son 51e jour de grève de la faim et à Jaafar Azzedine, hier, à la clinique médicale de la Prison de Ramleh. Mahmoud Sarsak qui est en grève de la faim pour protester contre le fait d’être détenu sans inculpation, ni jugement, sous le coup de la loi israélienne sur les combattants illégaux, est très faible et est affecté de taches dans la vision. Il a été récemment transféré à l’hôpital Assaf Harofeh pour des examens du pancréas, étant donné qu’il a eu des vomissements pendant les cinq derniers jours, spécialement après avoir bu de l’eau. Jaafar a rapporté qu’il éprouve des vertiges et qu’il a des maux de tête qui proviennent de sa blessure à la suite d’une chute sur le sol, en plus de ses maux à la poitrine. Il a aussi une forte fièvre et une vive douleur à la hanche et aux reins.
Après avoir rendu visite hier à la prison d’Ofer, l’avocat d’Addameer, Farès Ziad, a rapporté que les mesures punitives, contre tous les prisonniers faisant la grève de la faim, maintenant à leur 22e jour de grève de la faim de masse, continuent, comprenant des attaques quotidiennes par les forces spéciales du Service des Prisons Israélien. Bien qu’ayant combiné et confirmé une visite à Mohammed Suleiman, souffrant de Thalassémie, les autorités de la prison ont dit à Farès que Mohammed avait été transféré ailleurs pour des examens médicaux et ont refusé d’en révéler l’emplacement précis.
Addameer réaffirme sa grave inquiétude quant aux vies de tous les prisonniers menant une grève de la faim en grèves de la faim de longue durée , spécialement quant à celles de Bilal Diab, Thaer Halahleh et de ceux qui doivent encore recevoir la visite de médecins indépendants. Addameer tient les Forces d’Occupation Israéliennes pour responsables des conditions mettant en danger les vies des grévistes de la faim et tient aussi la communauté internationale pour responsable pour n’avoir pas agi davantage pour sauver leurs vies. Les évènements de cette semaine donnent une preuve supplémentaire de ce que les institutions israéliennes, du Services des Prisons Israélien à la Haute Cour, agissent en fonction de positions décidées à l’avance et uniformes, dans l’absolu irrespect des normes fondamentales des Droits de l’Homme. Addameer presse les Nations Unies et tous les Etats à tenir Israël pour responsable, de par leur devoir de garantir la protection des Droits de l’Homme internationaux et la loi humanitaire.
Traduit de l’anglais par Y. Jardin - Groupe de travail "prisonniers"