Le chef du gouvernement a pris la classe politique israélienne de court jeudi en annonçant la fusion des deux formations en une seule, à l’approche des élections législatives anticipées du 22 janvier [1].
Ce mariage a pour objectif d’assurer à la droite et ses alliés une confortable majorité dans la prochaine Knesset, mais une étude publiée par la deuxième chaîne de télévision israélienne montre que le bénéfice d’une telle opération n’est pas garanti.
Selon ce sondage, le futur parti, qui pourrait s’appeler « Likoud Beitenou » ("Le Likoud notre maison"), obtiendrait 33 des 120 sièges à la Knesset lors du prochain scrutin.
La première formation
Cela en ferait la première formation du pays, mais un sondage publié lundi, avant la fusion, donnait un total cumulé de 39 sièges pour les deux partis actuels.
Elu en 2009, le chef du gouvernement se trouve à la tête d’une coalition de cinq formations qui disposent de 66 sièges.
L’étude publiée vendredi montre également que l’opposition, cantonnée dans un rôle secondaire ces dernières années sous le double effet d’une économie stable et de l’impasse dans le dialogue israélo-palestinien, pourrait retrouver quelque vitalité grâce à la droitisation de Benjamin Netanyahu.
« La fusion de plusieurs listes entraîne généralement leur amoindrissement », fait remarquer Nahum Barnea, journaliste au quotidien Yedioth Ahronoth.
« Un électeur qui a voté Netanyahu mais ne supporte pas Lieberman y réfléchira à deux fois, et le raisonnement vaut à l’inverse pour ceux qui ne tolèrent pas Netanyahu et qui ont voté pour Lieberman », souligne-t-il également.
Retour en grâce de l’opposition ?
L’enquête de la deuxième chaîne crédite le Parti travailliste et la nouvelle formation centriste et laïque Yesh Atid respectivement de 27 et 18 sièges, contre 19 et 15 lundi.
Les politologues attribuent ce retour en grâce de l’opposition à la crainte, dans une partie de l’électorat, de voir Avigdor Lieberman jouer un rôle de plus en plus important au sein du gouvernement.
Le chef de la diplomatie israélienne choque parfois par des propos fort peu diplomatiques. Il est en outre sous la menace d’une inculpation pour corruption, une accusation qu’il réfute.
Sa formation est en lutte ouverte avec la communauté arabe israélienne et prône une série de réformes législatives dénoncées comme antidémocratiques par certains opposants, comme la taxation à 45% des dons faits par des étrangers à des associations de défense des droits de l’homme.
Channel Two prévoit une Knesset avec égalité parfaite entre droite et centre gauche (60-60), mais la plupart des commentateurs soulignent les divisions de l’opposition, qui ne lui permettraient pas d’exploiter un repli de la droite.
« Il n’y a pas (dans l’opposition) de leader accepté par tous, pas de consensus, et une union semble presque impossible », écrit Shalom Yerushalmi, du quotidien Maariv.
Fusion critiquée
Les partis d’opposition ont critiqué la fusion entre les deux formations de droite.
Pour Zehava Gal-On, du parti de gauche Meretz, une telle initiative risque d’isoler Israël au plan international.
« Le premier ministre a choisi la droite extrémiste, favorable à la colonisation, il a choisi de faire du surplace, de ne pas avancer dans le processus diplomatique (avec les Palestiniens) », a-t-elle dit à la radio de l’armée.
La négociatrice palestinienne Hanane Achraoui n’a pas caché son inquiétude.
« Ce spectaculaire virage à droite va nous coûter très cher, à nous et aux Israéliens, et détruire les chances de paix. La justice, les droits des Palestiniens, ces questions feront encore moins partie de la vie politique israélienne », a-t-elle dit à Reuters.