La fièvre qui s’est emparée des médias et de l’opinion publique à la suite de l’arrestation d’une bande de présumés néonazis à Petah Tikva [près de Tel-Aviv], a ouvert une polémique sur la loi du retour. Dimanche 9 septembre, plusieurs membres de la Knesset, tous bords politiques confondus, s’interrogeaient sur l’opportunité d’amender la loi afin d’empêcher l’entrée de néo-nazis en territoire israélien.
Actuellement, la loi permet à toute personne considérée comme juive par la halakha, la loi religieuse, d’immigrer en Israël avec sa famille, y compris les petits-enfants [la législation israélienne stipule que tout individu pouvant se prévaloir de racines juives au niveau des deux générations précédentes peut demander la citoyenneté israélienne]. Une des propositions formulées permettrait d’interdire l’entrée de candidats à l’immigration n’ayant pas de lien personnel avec le judaïsme.
Zevulun Orlev, député membre du Parti religieux national (NRP), prône depuis longtemps le vote d’une loi permettant de révoquer la citoyenneté israélienne de militants néonazis et de les expulser. Il voudrait également supprimer la clause de la loi sur le retour, qui autorise les petits-enfants de juifs à immigrer en Israël et à obtenir la citoyenneté alors même que la halakha ne les considère pas comme juifs. "Avec les petits-enfants, nous avons affaire à la deuxième génération de non-juifs, souligne-t-il. Ces personnes ne sont pas proches du judaïsme. Cela affaiblit la caractéristique juive de notre Etat."
Colette Avital, députée travailliste, est favorable à la révocation de la citoyenneté en cas d’activité néonazie, mais elle ne soutient pas la modification des critères de naturalisation. Son collègue à la Knesset Yossi Beilin, issu du parti de gauche Meretz-Yahad, est farouchement opposé à un changement de la loi. "Israël doit ouvrir ses portes bien au-delà de la définition de la halakha", a-t-il déclaré. "Il n’y aucune raison d’empêcher les enfants, les petits-enfants et même les arrière-petits-enfants [de juifs] d’immigrer en Israël. Récemment, nous avons eu des demandes de la part d’arrière-petits-enfants."
Les propositions d’amendement soulèvent également une vague de contestation de l’autre côté du spectre politique. "Si nous excluons les petits-enfants, cela nuira à des milliers de personnes qui ont grandi dans des familles juives, entretiennent un lien fort avec le judaïsme et ont été victimes de l’antisémitisme", martèle Zeev Elkin, député issu du parti centriste Kadima. Selon lui, il suffirait de modifier les politiques d’incitation à l’immigration de l’Agence juive pour tenir à l’écart les migrants "indésirables", non-juifs ou peu attachés au judaïsme. Elkin, ancien consultant auprès de la direction de l’Agence juive, indique que celle-ci concentre ses efforts sur les provinces reculées de l’ex-URSS, où vivent des populations démunies. Les juifs habitant dans les grandes villes avec de meilleures conditions économiques sont plus difficiles à persuader, souligne-t-il.