Les 19700 nouveaux venus de 2007 représentent en effet une baisse de 6 pc dans l’immigration générale par rapport à 2006. Et plus spécifiquement une baisse de 15 pc dans l’immigration venant d’ex-URSS, qui était une composante majeure de l’immigration en Israël. Depuis la chute du régime communiste, Israël a notamment accueilli plus d’un million de juifs ex-soviétiques. Mais cet afflux a cessé à partir de 2002. Pour l’Agence juive qui se charge de l’immigration au nom de l’Etat d’Israël, c’est dû à "l’amélioration de la situation économique en Russie, où les communautés juives sont désormais florissantes".
Autre immigration en recul : celle des juifs de France qui, à la suite des tensions communautaires, avaient multiplié ces dernières années les acquisitions immobilières en Israël et commençaient à quitter l’Hexagone en nombre croissant. Explication de l’Agence juive : la popularité du président Sarkozy au sein de la communauté juive, "qui se sent davantage en sécurité depuis son élection".Une autre immigration, encore, tire à sa fin : celle qu’Israël a organisée depuis les années 80 pour les juifs d’Ethiopie. Avec l’arrivée prochaine des derniers Falach Moura (les Ethiopiens dont les ancêtres juifs furent convertis de force au christianisme), Israël estime sa tâche achevée. Il comptera en son sein 110000 originaires d’Ethiopie : les Falachas qui formaient la communauté juive reconnue d’Ethiopie et quelques milliers de Falach Moura.
L’immigration d’Ethiopie continue toutefois à subir l’intégration la plus difficile en Israël. Un rapport de la Banque d’Israël a constaté cette année que plus de la moitié des familles d’origine éthiopienne vivent sous le seuil de pauvreté. Cette communauté connaît encore davantage de précarité que la minorité arabe d’Israël, qui vit elle-même moins bien que ses concitoyens juifs. Seuls 57 pc des immigrants éthiopiens en âge de travailler ont des emplois. Des emplois généralement mal payés, de surcroît, car 40 pc des immigrants n’ont pas fait plus que l’école primaire.
Racisme contre les Ethiopiens
Les immigrés éthiopiens sont également en butte à des rejets racistes. L’on a récemment relevé des cas de ségrégation dans des écoles religieuses juives, avec classes et récréation séparées pour les petits noirs. Et les quartiers habités par des familles éthiopiennes ont chuté en valeur immobilière.
Une même montée du racisme est constatée vis-à-vis de la minorité arabe. Selon un récent sondage de l’Association israélienne des droits civiques, 75 pc des juifs du pays refusent d’habiter sous le même toit qu’un Arabe, et 50 pc estiment que leurs concitoyens arabes ne méritent pas les mêmes droits qu’eux. Deux tiers des jeunes juifs israéliens sont persuadés que les Arabes sont moins intelligents, pas instruits, sales et violents. Sur les 7 millions d’Israéliens, 20 pc sont arabes.
voir aussi le Temps :
Israël tente de convaincre les émigrés israéliens de rentrer au pays
Face à la baisse de l’immigration, le gouvernement est prêt à établir un système de conversion au judaïsme moins pesant.
« On n’est jamais aussi bien qu’à la maison. » Depuis le début du mois, ces encarts payés par le Ministère de l’intégration s’affichent dans tous les médias de l’Etat hébreu diffusés à l’étranger. Ils visent à convaincre les 600000 Israéliens partis tenter leur chance en Europe et en Amérique du Nord de revenir au pays. Primes spéciales, exemptions d’impôts : tout est bon afin de séduire les éventuels candidats au retour.
Désireux de redonner du souffle à la alya (la « montée » des juifs vers Israël), le gouvernement d’Ehoud Olmert multiplie en effet les mesures destinées à appâter les immigrants potentiels. Dans ce cadre, l’Agence juive (financée par Israël et par l’Organisation sioniste mondiale) a perdu son monopole sur l’organisation de l’immigration au profit de structures moins bureaucratiques telles que « Nefesh be nefesh » (« d’esprit à esprit ») pour les Anglo-Saxons et la Fondation Leavi pour les francophones.
Russes non juifs
Mais le gouvernement israélien tente également de retenir les olim (immigrants) désireux de retourner dans leur pays d’origine. En effet, entre 1990 et 2005, 230000 Israéliens se sont installés à l’étranger et 25% de ces yordim (ceux qui descendent) étaient originaires de l’ex-URSS. Pour la plupart des non-juifs ou des personnes se considérant juives mais non reconnues comme telles par les autorités religieuses.
Selon l’entourage du premier ministre, Ehoud Olmert tentera de tarir ce flux en établissant un système de conversion au judaïsme beaucoup moins pesant que celui actuellement dirigé par le rabbinat orthodoxe. Trois cent mille personnes pourraient ainsi se convertir en quelques mois et rester en Israël sans risquer l’expulsion.
Faute de grandes vagues d’immigration semblables à celles des années 1990, Israël recherche ses nouveaux citoyens jusque dans les zones les plus reculées. Venus des confins de l’Inde, les Bneï Menashé (des juifs asiatiques se présentant comme les descendants d’une tribu biblique perdue) ont ainsi commencé à émigrer par centaines. Certains se sont d’ailleurs établis dans les colonies de Cisjordanie. Mais des études sont également en cours sur la « judéité » de tribus d’Afrique du Sud et du Zimbabwe pratiquant des rites juifs depuis longtemps. En outre, des rabbins se penchent sur le cas des dizaines de milliers de descendants de juifs forcés de se convertir au christianisme durant l’Inquisition en Espagne et au Portugal. Ceux-là aussi pourraient constituer un bon vivier.
Le jour de Noël, l’Etat hébreu a en tout cas accueilli en fanfare 40juifs iraniens qui venaient d’émigrer clandestinement en passant par un pays tiers. L’Agence juive maintenait, semble-t-il, un lien avec eux grâce à un site internet sécurisé. Avant la chute du shah (1979), 100000 juifs vivaient en Iran, mais ils ne sont plus que 23000 aujourd’hui. Tenteront-ils l’aventure de la alya ? Soixante-trois l’ont fait en 2006 et plus de 200 en 2007. Pour les y aider, des organisations évangéliques et néo-conservatrice américaines, qui ont financé l’opération de l’Agence juive, offrent en tout cas 100000 dollars à tous ceux qui débarquent à Tel-Aviv dans l’espoir d’un avenir meilleur. [1]