C’est à Gaza que s’est déroulé l’épisode de Samson et Dalila avec cette célèbre phrase « Que je meure avec les Philistins ». Cette zone frontalière est aussi l’aboutissement de cette route d’Horus considérée comme stratégique pour l’Egypte des pharaons. Sans oublier évidemment cette histoire moderne depuis l’usurpation de la Palestine par les sionistes où ce secteur a servi à multiples enjeux : Gaza et la Cisjordanie devenant dans le meilleur des cas les bantoustans concédés aux Palestiniens par Israël et ses soutiens occidentaux. D’où ces difficultés surgissant à chaque fois. Actuellement et à l’heure où l’on parle de l’affaire des tunnels, un autre épisode significatif a surgi. Plus de 2 000 pèlerins palestiniens de retour de La Mecque avaient été bloqués sur des bateaux au large du port égyptien de Noweiba (Sinaï) après leur refus de retourner dans la bande de Gaza via Israël. Début décembre, ces Palestiniens avaient été autorisés par Le Caire à quitter Gaza par le terminal de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, fermée depuis la prise du contrôle de la bande de Gaza par le mouvement islamiste Hamas en juin denier.
Israël avait alors protesté, arguant de ses sempiternels prétextes. Pour Tel-Aviv, des membres de groupes armés en lutte contre Israël pouvaient se glisser parmi les pèlerins pour aller s’entraîner à l’étranger, recevoir des consignes ou récupérer des armes. Argument dont la mauvaise foi est bien évidente. Le porte-parole à Gaza du Hamas, Sami Abou-Zouhri, avait appelé l’Egypte à autoriser le retour des pèlerins sans avoir à passer par Israël. « Nous appelons l’Egypte à rejeter les pressions américaines et sionistes », a déclaré le porte-parole, lors d’une conférence de presse. « Les pèlerins ne veulent pas être harcelés par les services israéliens, vu toutes les épreuves que tant de nos gens ont déjà connues en passant par ces contrôles », a-t-il ajouté. Les pèlerins ont refusé de « promettre par écrit » de revenir à Gaza via un point de passage israélien, comme leur avaient demandé les autorités égyptiennes, a indiqué une source policière égyptienne. Un responsable du ministère jordanien des Affaires étrangères, cité par l’agence jordanienne Petra, avait cependant déclaré que les pèlerins avaient quitté Aqaba après avoir reçu l’assurance des Egyptiens de pouvoir rentrer chez eux via Rafah. Selon Petra, les Palestiniens refusent de rentrer par le point de passage de Karm Abou-Salem (sud-est de la bande de Gaza), contrôlé par les Israéliens, « car nombre d’entre eux ont dans leur famille des martyrs, et d’autres sont recherchés par Israël ».
Un blocus israélien
Il est clair que Le Caire ne veut guère donner des prétextes à Israël. Cette zone possède 11 km de frontière environ avec l’Egypte, 51 km de frontière avec Israël et 40 km de côtes le long de la Méditerranée. Les frontières maritimes et aériennes de ce territoire sont toujours contrôlées par Israël. La liaison avec la Cisjordanie n’est pas garantie. Après le retrait, Israël a reconnu pour la frontière avec la bande de Gaza le statut de frontière internationale. Mais suite à la mainmise du Hamas, Israël a proclamé Gaza comme « entité hostile », ce qui lui permet de renforcer ses pressions sur ce territoire. Ceci d’autant plus que l’économie gazaouie, traditionnellement agricole, dépend surtout d’Israël.
Les rapports sur cette économie indiquent que, depuis 1967, elle s’est totalement intégrée au marché israélien dont elle est devenue totalement dépendante. Gaza exportait essentiellement des produits agricoles vers Israël, mais aussi des produits finis fabriqués sous licence israélienne dans la zone industrielle frontalière d’Erez. La principale source de revenus restait cependant sa main-d’œuvre non qualifiée qui était utilisée dans l’industrie du bâtiment et l’agriculture israélienne.
Emigration clandestine
Depuis le début de la seconde Intifada, les frontières entre la bande de Gaza et Israël ont fait l’objet de fermetures répétées au passage des biens et des personnes pour des motifs sécuritaires. Les postes-frontières ainsi que la zone industrielle d’Erez ont été particulièrement la cible de nombreuses attaques armées des groupes palestiniens. En conséquence, l’ensemble de l’économie gazaouie s’est écroulé. L’Autorité palestinienne a assuré la survie artificielle de l’économie en hypertrophiant le secteur public, principalement les services de sécurité, grâce aux aides internationales. Près d’un Gazaoui sur trois serait rémunéré par l’Autorité palestinienne.
Suite à la prise du pouvoir par le Hamas, les bailleurs de fonds internationaux ont cessé les transferts financiers directs aux autorités publiques de la bande de Gaza qui ne furent plus en mesure de payer leurs employés. Le taux de chômage atteindrait alors la barre des 60 % en 2007. La bande de Gaza reste totalement dépendante d’Israël pour la fourniture de son électricité et de son carburant et aussi de l’eau. Le terminal de Rafah, seule fenêtre de la bande de Gaza vers le monde extérieur, a été fermé au plus fort des combats entre le Fatah du président Mahmoud Abbass et le Hamas qui se sont soldés le 15 juin par la prise du pouvoir par le groupe islamiste dans la bande de Gaza.
Autre problème, celui de l’immigration clandestine. Plus de 4 000 immigrants clandestins, presque tous originaires d’Afrique, se sont infiltrés en Israël par la frontière égyptienne en 2007, a indiqué dimanche le ministère israélien de l’Intérieur. De source israélienne, « le nombre d’immigrants clandestins a quasiment triplé en 2007 par rapport à la moyenne des années précédentes, pour dépasser les 4 000 ».
L’histoire des pèlerins n’est donc qu’un épisode parmi tant d’autres dans ce secteur où s’incarnent la tragédie palestinienne et un complexe dossier politique.